Un an après la signature du protocole de sortie de crise à l’hôpital de Carhaix, la situation est loin d’être résolue. En octobre 2023, sous l’égide du préfet, un accord avait été signé pour rétablir l’accès complet aux urgences 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Pourtant, les habitants de Carhaix et des environs attendent toujours la réouverture complète de ce service vital. Les Urgences sont aujourd’hui quasiment tout le temps fermées et inaccessibles, ce qui met en danger la population locale, particulièrement dans cette région éloignée des grands centres hospitaliers.
Des actions collectives pour faire respecter le protocole
Face à cette situation, les élus locaux et les comités de défense envisagent désormais de porter l’affaire en justice. Un recours collectif pourrait être lancé pour contraindre l’État à respecter le protocole de « sortie de crise et de développement » signé en octobre 2023. Lors d’une réunion organisée ce 2 octobre à la mairie de Carhaix, le maire Christian Troadec devrait annoncer la volonté collective de mettre l’État français face à ses responsabilités et obligations. Cette action pourrait prendre la forme d’une class action à la française, impliquant la population du Centre-Bretagne dans une démarche inédite de contestation juridique.
Pour Christian Troadec, maire de Carhaix, l’objectif est clair : faire respecter le protocole signé il y a un an, mais resté lettre morte. Il rappelle que l’État français a une obligation légale d’assurer des soins équitables à tous les citoyens, quelle que soit leur localisation. La fermeture partielle des urgences de Carhaix contrevient à ce principe fondamental, et les habitants ne veulent plus subir les conséquences de ce manquement.
Le rassemblement du 12 octobre s’inscrit dans une stratégie plus large visant à mettre en lumière les carences de l’État en matière de santé publique. Cette action s’ajoute à celle des maires des Côtes-d’Armor, qui avaient déjà pris des arrêtés pour obliger l’État à garantir l’égalité des soins dans leurs communes. Même si certains de ces arrêtés ont été suspendus par la justice, l’ampleur de la mobilisation montre bien que la question de l’accès aux soins en zone rurale est devenue un enjeu central.
Cette mobilisation pourrait atteindre son apogée lors du grand rassemblement prévu le 12 octobre à Carhaix. De nombreux élus, citoyens et organisations locales ont déjà annoncé leur participation à cette journée de lutte pour la réouverture des urgences. La mobilisation en faveur de l’hôpital de Carhaix, où se tiendront à la fois un forum sur le droit à la santé et un rassemblement populaire, s’annonce d’une ampleur exceptionnelle.
Les supermarchés Leclerc et Intermarché de Carhaix, ainsi que de nombreux commerces locaux, fermeront symboliquement leurs portes à 11 h 30 pour permettre à leurs clients de rejoindre le cortège. Cette opération ville morte est soutenue par l’association de commerçants Carhaix Boutik, un signe fort de la solidarité du tissu économique local envers l’hôpital, pilier de la vie communautaire.
Des élus et des syndicats mobilisés
Le comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix, par la voix de son porte-parole Matthieu Guillemot, a confirmé la présence de nombreux élus locaux et nationaux lors de cette mobilisation. Parmi eux, les députées Mélanie Thomin (Finistère) et Mathilde Hignet (Ille-et-Vilaine), ainsi que des sénateurs tels que Michel Canévet et Jean-Luc Fichet, ont tous répondu à l’appel. Des représentants syndicaux de la CGT, CFDT et Sud participeront également au rassemblement, aux côtés des comités de soutien d’autres hôpitaux bretons en difficulté, comme ceux de Guingamp, Redon et Nantes.
A noter, sur ce dossier, le silence total des élus de droite, ou du Rassemblement national, alors même que le sujet de l’hôpital dépasse tous les clivages politiques. Cette absence lors des manifestations de soutien, lors des réunions, lors des tractations, se voit et interpelle du fait de l’omniprésence, en contraste, de la gauche. Le soutien des élus et syndicats montre l’importance de cette lutte qui dépasse largement les frontières de Carhaix. C’est une bataille pour l’égalité des soins en Bretagne, une région trop souvent oubliée par les pouvoirs publics dans la répartition des services hospitaliers.
La situation de l’hôpital de Carhaix illustre une problématique nationale : celle du déclin progressif des services publics dans les territoires ruraux. Pour les habitants du Centre-Bretagne, ce combat dépasse la simple question de la santé ; il s’agit de défendre leur droit à un service public de qualité, un droit acquis grâce aux impôts, aux taxes, aux charges sous lesquels ils sont écrasés en permanence, sans voir le juste retour de manivelle.
Le rassemblement du 12 octobre sera l’occasion de montrer à quel point cette mobilisation est soutenue par la population locale et les élus. Il s’agira aussi d’un moment décisif pour faire pression sur le gouvernement, à quelques jours d’une réunion cruciale du comité de suivi du protocole d’accord prévue le 16 octobre en préfecture de Quimper. Si les autorités n’écoutent pas, la catapulte est toujours là…
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “Crise à l’hôpital de Carhaix : les élus et citoyens prêts à se mobiliser pour la réouverture des urgences”
3 milliards donnés la quinzaine dernière à l’ukraine, zéro aux urgences ! pas d’autre commentaire nécessaire