Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 2 octobre c’est la Saint Meler (Méloir)
Sa vie est racontée dans la Vita S. Melori, écrite probablement par Omnès, évêque du Léon dans la seconde moitié du xie siècle, découverte par Dom Plaine et provenant de l’abbaye Notre-Dame de Chaage, à Meaux.
En 531, alors que Meloir est âgé de sept ans, son père est tué par son oncle Rivod. Une tentative d’empoisonnement par certains de ses gouverneurs, alliés à Rivod, fut un échec ; en effet Méloir, très pieux, fit le signe de la Croix sur les mets servis, ce qui aurait neutralisé le poison. Sur ce fait, les conspirateurs avouèrent, à genoux, et furent pardonnés par le prince.
Plus tard, Rivod fit envoyer une troupe pour tuer Méloir. Voyant la reine Awrilia prête à tout pour la survie de son fils, l’envoyé de Rivod amputa de la main droite et du pied gauche jeune prince, pour le rendre inapte à tenir l’épée et à monter à cheval et, de ce fait, à régner, cette mutilation faisant de Rivod le roi légitime du royaume. Par cet acte, Rivod fut décrit comme étant un ignoble tyran, mais il réussit à se faire reconnaître en faisant exécuter les soldats impliqués.
Rivod demanda la garde de son neveu, mais l’action fut rejetée par « l’assemblée nationale de Cornouaille » ; Méloir fut alors confié à l’évêque Corisopitum et emmené dans un monastère fondé par saint Corentin. Le Gouverneur Kerialtant (dit Kyoltant-Kioltanus), devint son précepteur. Après sa cicatrisation, un miracle lui donna une main d’argent et un pied d’airain, lesquels se seraient mus comme s’ils étaient des membres à part entière, ce qui lui valut une certaine habileté.
Rivod, sachant cela, fit un pacte avec Kérialtant : la mort du jeune prince contre des terres. Rarisis, la femme de Kerialtant, approuvant le fait, fut prise de remords et emmena l’enfant en Domnomée, chez son oncle le prince Conomor. Mécontent de cette trahison, Kerialtant partit en Domnomée, suivi de son fils Justan, et se justifia d’avoir agi sous la contrainte de Rivod. Mélar, heureux de les revoir accepta de se promener avec eux. À Lanmeur (Lan Meur-Melaer), ils prirent un repas dans une hôtellerie. Méloir y fut assassiné et décapité par Justan (544), selon la tradition au lieu-dit Douvezou Sant Mélar en Locquénolé.
La tradition rapporte qu’un jour, saint Méloir, qui cheminait sur la route allant de Carhaix à Lanmeur (ancienne voie romaine) près de la ferme de Guerlavrec entre Botsorhel et Plouigneau, non loin de la chapelle Saint-Éloy, aperçut deux cavaliers ennemis qui le poursuivaient. Le saint se recommanda aux soins de la Providence et se coucha par terre, au bord du chemin : miracle, la terre s’enfonça sous lui, formant une fosse proportionnelle à sa taille, les herbes et les fleurs se rejoignirent par-dessus de sorte que les assassins passèrent sans le voir. Cet endroit, appelé Guélé Sant-Mélar (« Le lit de saint Mélar »), est situé dans l’enceinte de la chapelle
Curia Monialum (« la cour des moniales »), endroit où s’arrêta Rivod, l’assassin de saint Mélar, d’après la « Vie de saint Mélar », récit hagiographique, et où une source jaillit à l’endroit où Rivod, fatigué, planta son bâton, est probablement à Lannéanou la source du ruisseau de Tromorgant, dénommé dans un texte de 1485 Dour Melar (« eau de saint Mélar »)
Lors de leur fuite Justan fit une chute mortelle. Kerialtant apporta la tête de Méloir à Rivod, qui tint sa parole ; c’est alors que Kieraltant se rendit sur le mont Scoci pour y voir son royaume, il ferma les yeux et, lorsqu’il les rouvrit, ne vit rien : il devint subitement aveugle puis mourut. Rivod épouvanté par les remords décéda peu de temps après.
Après le trépas du jeune saint, son meurtrier porta la tête de la victime en Cornouaille où l’évêque de Quimper la fit mettre comme relique dans sa cathédrale. « Mais les habitants de la Domnonée ne cessant de la réclamer, on finit par convenir que Cornouaillais et Domnonéens, nu pieds, se rendraient sur la montagne d’Arez (Monts d’Arrée), à la limite des deux provinces, les uns avec le corps, les autres avec la tête, afin de mettre en face ces deux parties vénérables (….). À la vue de tous, la tête se mit en mouvement d’elle-même et alla rejoindre le corps ».
Son oncle, le prince Conomor, fit alors embaumer le corps de saint Méloir et le conduisit près de ses ancêtres à Léxobie (non loin de Lannion). Malgré toutes les tentatives pour les faire aller au bon endroit les chevaux tirant le char funéraire se dirigèrent vers Lanmeur. Sur la grande place le chariot se brisa, dans l’impossibilité de déplacer le défunt, on dit que Dieu aurait décidé qu’il serait inhumé en ces lieux. Saint Samson, évêque de Dol, le fit donc inhumer à l’endroit même de l’incident .
Les moines de Saint Samson édifièrent un monument dédié à Méloir : la crypte de l’église Saint-Mélar de Lanmeur; c’est sur cette crypte que fut édifiée une église dédiée à saint Méloir et saint Samson. Par la suite il sera consacré Saint martyr. La crypte subsiste toujours ; jusqu’en 1902, les restes de l’ancienne église y étaient présents, puis en 1905 fut terminée la nouvelle église Saint-Méloir. Ses reliques ont été conservées à l’Abbaye de Redon.
À Lomener (Locmelar au xiie siècle), une fontaine lui est dédiée à l’Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé (détruite à la Révolution), celle-ci a été rénovée et est toujours sur place.
Des reliques de saint Méloir auraient été apportées dans l’Eglise de Sainte-Marie – Saint-Mélor à Amesbury (Wiltshire, Angleterre).
Crédit photo : DR
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4 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 2 octobre c’est la Saint Meler (Méloir)”
L’hagiographie bretonne est une véritable source d’inspiration pour un cinéma fantastique breton qui hélas n’est absolument pas exploité par le milieu artistique trop préoccupé par les thèmes sociétaux et généralement hyper ennuyeux.
bonne fête et pourquoi il y a tant de lieu reconnu comme important c’est tout simplement le mystère de la transmission orale et je ne vois pas pourquoi je mettrai en doute ces récits le cadeau d’une source n’est pas inutile car l’eau c’est LA VIE je ne vous transmettrai pas les dires de mon ami qui a su me faire voir les multiples puissances de l’eau !!!
de plus pourquoi douter des récits et légendes du passé alors que la soi disant intelligence du XXIe siècle amène les bidouillages par les son/images mensonges de la petite lucarne qui est manupulée donc aussi limitées dans sa vérité avec comme moteur l’argent !!!
AMITIES
Ken brudet hag e dad Miliaw e voe Melar, ha setu perak e vez o paeroniañ breuriezhoù e Gwenvenez-Penfaw (44290), e hini Kallag, gant ur gêriadenn a zoug e anv : Tremelan, hini Milteg e Blaen (44130), hini Botmelar en Avizeg(44), hag iliz Fegerieg (44) a zo dindan paeroniezh Sant Mereal a zo un eil stumm eus anv ar sant oc’h eilpennañ ar c’hensonennoù “L” hag “R”. Hiziv ar barrez nevez o bodañ Fegerieg, Avizeg ha St Nikolaz-Rödon a zo anvet : “Parrez Mereal-Rihowen”. Ar Vrezhoned a zeuas da drevadenniñ Bro-Naoned war-lerc’h trec’h Erispoe en emgann Jenglan e 851, hag o doa dibabet St Melar da sant-paeron a c’helle dont kement eus Kernev hag eus Domnonea, peogwir e oa e vamm Aorelia merc’h ar c’hont Budig eus Domnonea.
D’accord avec ALREN, il y a longtemps que je déplore que l’Histoire, les contes, les légendes, la vie des saints bretons ne soient pas la source d’inspiration de films façon Harry Potter. Luc Besson aurait pu s’y atteler.
Il est vrai que notre élite cinématographique essentiellement parisienne et abreuvée de subventions préfèrent oeuvrer dans la facilité et l’entre soi.
Les anglo-saxons savent le faire.