En politique, il faut toujours se méfier des félicitations. Lorsque l’on veut virer quelqu’un d’important dans un parti, on le couvre de fleurs ; c’est une règle non écrite. Gilles Pennelle (RN) a connu cette situation lorsqu’il a donné sa démission de directeur général du RN ; il « assure avoir été félicité par le président du parti, dont il reste proche, pour le travail accompli lors des législatives ». « Avec Jordan, j’ai d’excellentes relations et tout cela était programmé. Si j’étais resté directeur général, je n’aurais pas pu assurer mon mandat européen », explique-t-il (Le Télégramme, jeudi 12 septembre 2024). En réalité, si on considère le nombre de bras cassés que le Rassemblement national a présenté aux législatives en Bretagne, il n’y avait aucune raison de le féliciter… Son fameux « plan Matignon » était bidon. Vu ses nouvelles activités bruxelloises, Gilles Pennelle a démissionné de son poste de membre de la commission permanente au conseil régional de Bretagne ; il est remplacé par Patrick Le Fur. Mais il continuera à siéger dans l’hémicycle comme conseiller de base et demeurera président du groupe.
Avec son bâton de maréchal de député européen, Gilles Pennelle n’a pas le choix : il va s’aligner sur la ligne « nationale-libérale » que son parti, par touches successives, adopte de plus en plus. La normalisation d’un mouvement populiste en un parti de droite est en bonne voie. Tout devenait clair le 20 juin lorsque Jordan Bardella est venu s’aplatir devant les patrons du Medef. « Bardella reste évasif : “ La politique économique consiste en une poignée de convictions fondamentales et beaucoup de pragmatisme pour garantir la confiance et la stabilité du monde des affaires“ ; ça ne mange pas de pain. Il livre alors quelques propositions plus concrètes : cadeaux fiscaux, exonérations de cotisations sociales sous certaines conditions, baisse des impôts de production avec la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée. » (Eléments, octobre-novembre 2024) Certains patrons parient sur le fait qu’une victoire du RN serait suivie peu après d’un « tournant de la rigueur » sur le même modèle que celui survenu après la victoire du PS en 1981. D’autres, « comme le confie un grand patron à Médiapart, comptent sur l’influence de Vincent Bolloré pour “leur faire entendre la voix de la raison“, et d’ajouter, conscient de la distance entre ce qui est promis aux Français et ce qui pourrait arriver : “Il faudra peut-être faire quelques concessions parce qu’ils doivent aussi donner quelques gages à leurs électorat“. » (Martine Orange, « Le patronat se prépare à collaborer avec le RN », Médiapart, 20 juin 2024).
B.M.
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2 réponses à “Gilles Pennelle (RN) condamné à devenir « national-libéral »”
En fin de séance, j’espère que quelqu’un a pensé à réveiller le glandu qui roupille , vautré à sa place : la HONTE !
Dommage de se croire obligé de citer Médiapart.Merh arnoh!