Le rapport de la Chambre régionale des comptes de Bretagne sur le Syndicat Intercantonale de Répurgation du Centre-Ouest Bretagne (SIRCOB) met en lumière des enjeux majeurs dans la gestion des déchets ménagers sur un territoire de 58 000 habitants couvrant 57 communes dans les départements du Finistère et des Côtes-d’Armor. Entre des irrégularités dans la gestion, un manque de stratégie territoriale claire et des infrastructures vieillissantes, plusieurs défis doivent être relevés pour garantir une gestion efficace et durable des déchets.
Un territoire en rétraction et des installations performantes mais questionnées
Le SIRCOB, créé en 1983, prend en charge près de 50 000 tonnes de déchets par an, dont 15 000 tonnes provenant de territoires externes à sa compétence directe. Si ses infrastructures – notamment l’unité de valorisation énergétique des déchets (UVED) de Carhaix-Plouguer et le centre de tri de Glomel – sont techniquement performantes et permettent d’éviter l’incinération sans valorisation et l’enfouissement, des questions se posent quant à leur dimensionnement. Le rapport souligne la nécessité d’investissements pour moderniser ces installations, tout en s’interrogeant sur le projet de création d’un deuxième site de valorisation énergétique, jugé coûteux et non justifié uniquement par les besoins du territoire syndical.
Problèmes de gouvernance et transferts de compétences inachevés
La Chambre pointe également un transfert de compétences inachevé entre les intercommunalités membres du syndicat, notamment en ce qui concerne la gestion des déchèteries. L’intercommunalité Kreiz Breizh a conservé la gestion de deux déchèteries, contrairement aux autres membres qui ont transféré leurs compétences au SIRCOB. Cette situation crée une incohérence dans la gestion des déchets, compliquant la coordination et générant des coûts supplémentaires.
Le rapport insiste sur la nécessité de régulariser cette situation en transférant l’ensemble des installations de gestion des déchets au SIRCOB. Une adaptation des statuts du syndicat est également recommandée pour permettre une meilleure gouvernance et une mutualisation accrue des opérations de prévention et de collecte des déchets
Des performances financières peu fiables
La Chambre des comptes souligne des irrégularités financières, notamment un défaut de fiabilité des comptes annuels, ce qui fausse la compréhension des coûts réels de traitement des déchets. Ces irrégularités concernent aussi bien la gestion des amortissements des équipements que l’absence d’un véritable suivi financier des activités de valorisation énergétique. Par exemple, les coûts de traitement ont été artificiellement minorés en raison d’un manque de provisions pour l’amortissement des équipements.
Recommandations clés pour améliorer la gestion des déchets
Pour remédier à ces dysfonctionnements, la Chambre régionale des comptes formule plusieurs recommandations, parmi lesquelles :
- Transfert des déchèteries restantes à la gestion du SIRCOB : Une harmonisation nécessaire pour améliorer l’efficacité administrative et réduire les coûts.
- Création d’une stratégie pluriannuelle : Le syndicat doit, en coordination avec les EPCI membres, élaborer une stratégie sur le long terme pour la gestion des déchets, incluant la mise en place d’un plan d’action pour réduire la production de déchets et favoriser le recyclage.
- Fiabilisation des comptes et gestion financière : Un effort substantiel doit être fait pour assurer une comptabilité plus transparente, y compris un amortissement rigoureux des équipements et une meilleure évaluation des coûts.
Le SIRCOB, en tant que petit acteur du traitement des déchets en Bretagne, se trouve à un carrefour. Pour assurer la pérennité de ses actions et répondre aux objectifs environnementaux nationaux et européens, il devra rapidement mettre en œuvre les recommandations du rapport et adopter une stratégie territoriale claire.
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