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Aucun redressement possible sans une sortie de l’euro…

Il y a quelques jours, la chaîne LCI a consacré une émission sur la façon dont de Gaulle, à partir de son arrivée aux affaires en 1958, avait redressé la situation financière de la France.

Avec le langage de vérité qui était le sien, il disait : «  L’État, qui a pour rôle et pour raison d’être de servir l’intérêt général, n’a pas droit au laisser-aller (…). Les sous et les crédits ne sauraient être alloués que si nous les possédons, si l’équilibre entre nos rémunérations et nos prix, nos achats et nos ventes, nos recettes et nos dépenses ne s’en trouve pas bouleversé, si notre pays ne tombe pas dans l’inflation, c’est-à-dire dans un désordre qui arrêterait l’expansion, ruinerait la masse des citoyens et mettrait notre existence à la merci de l’étranger (…). La République, pour être le progrès, ne peut être la facilité (…). Cette politique n’est pas aisée. L’univers abonde en sirènes qui nous chantent les douceurs du renoncement, à moins que, dépitées de nous voir insensibles à leur séduction, elles n’élèvent à notre égard un chœur bruyant d’invectives. Mais, sans outrecuidance, dans l’intérêt de tous comme dans le nôtre, notre navire suit sa ligne. Il n’y a aucune chance pour que, cédant à la facilité, nous laissons s’effacer la France ».

Malheureusement pour nous, des générations entières de responsables politiques n’ont pas suivi ces sages principes. Parmi toutes les mesures de redressement prises par de Gaulle, conseillé par Jacques Rueff et Maurice Allais, la plus spectaculaire et la plus efficace a été probablement été le franc « Pinay », appelé durant des années le « nouveau franc », mis en service en 1960.

Une dévaluation de 17 %

Outre le changement de valeur  (le nouveau franc valait 100 anciens francs) l’opération fut accompagnée d’une dévaluation de 17 %, ce qui, certes, renchérit les importations, mais rendit nos prix de ce que nous fabriquions moins cher de 17 % également.

Il s’en suivit un rééquilibrage de notre balance commerciale et une croissance de notre production, donc de notre PIB. Au bout de quelques années, la France avait récupéré son équilibre financier et il s’en suivit une période de croissance économique qui permit le financement de grands projets industriels et d’équipements publics.

L’entrée dans l’euro

Dans sa théorie des ZMO (Zones Monétaires Optimales), Robert Mundell avait défini un certain nombre de critères qui devaient nécessairement être satisfaits avant de procéder à la mise en service d’une même monnaie dans un ensemble de pays.

La future zone euro ne répondait pas à certains de ces critères. La sagesse eut été d’attendre leur réalisation avant de mettre l’euro en circulation. En fait, sa mise en service fut précipitée par des euro-fédéralistes qui voyaient en lui un moyen de forcer la main des peuples qui désiraient garder leur souveraineté monétaire, comme les Anglais par exemple. Peu au fait des mécanismes financiers, une courte majorité de Français a fait confiance à ce « chant des sirènes »

Le traité de Maastricht ne prévoyait même pas qu’un pays puisse sortir de la zone euro.

Parmi ces critères, un des plus importants imposait que l’économie et la fiscalité des pays soit sensiblement les mêmes et les règles sociales devaient être similaires.

Le problème de la disparité des économies ne pouvait que conduire à une divergence à terme des taux d’intérêts accordés à chaque pays, qui reflètent la santé de leurs économies respectives. Un pays prospère inspire confiance alors qu’un pays économiquement dégradé suscite la méfiance.

Aujourd’hui, l’euro est devenu beaucoup trop cher pour l’économie française et devient un frein à nos exportations. Le phénomène inverse se produit pour l’Allemagne avec un euro qui est dévalué par rapport à ce que devrait être la monnaie allemande, ce qui lui donne une compétitivité accrue par rapport à nous. Ces phénomènes ne peuvent que s’aggraver dans le temps. Mal bâtie, tenant cachée sa raison profonde qui était de faire à tout prix une Europe fédérale, appartement témoin d’un mondialisme lui même soigneusement dissimulé pour que les peuples ne se réveillent pas trop tôt, la zone euro ne pouvait faire progresser tout le monde en même temps.

Le résultat est là. Les pays du nord au voisinage de l’Allemagne s’en sortent bien et ceux du sud sont en train de sombrer. Aujourd’hui, notre déficit du commerce extérieur bat tous les records, signe que nos produits se vendent mal.

Quelles solutions possibles ?

L’euro n’est pas le seul coupable et revenir à une monnaie nationale et souveraine ne suffira pas pour redresser les finances de la France, pas plus que le passage au nouveau franc n’aurait suffi sous de Gaulle. Mais, à défaut d’être suffisante, cette condition est néanmoins nécessaire et fait un tout avec le reste. Oui, il faudra dévaluer pour retrouver de la compétitivité. Oui, il faudra diminuer d’une façon importante nos dépenses publiques et augmenter nos recettes, mais la compétitivité nous permettra de renouer avec la croissance, à condition que la réindustrialisation suive.

Il est indispensable de retrouver une monnaie dont la valeur corresponde à notre économie réelle et qui soit émise en conséquence par nos propres institutions.

Jefferson, l’un des premiers des présidents des États-Unis, disait que la cause profonde de la guerre d’indépendance de 1775 était l’introduction forcée de la monnaie de la Banque d’Angleterre en interdisant les « local scripts » qui étaient la monnaie émises par les colonies qui en avaient tiré une évidente prospérité.

Et pourquoi notre Trésor public ne pourrait-il pas revenir à des mesures utilisées jadis, comme les grands emprunts auprès des Français et non auprès des « marchés financiers » comme il le fait depuis cinquante ans ?

Seul le peuple français souverain peut en décider, à condition qu’on veuille bien l’interroger !

Jean Goychman

Crédit photo : DR
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2 réponses à “Aucun redressement possible sans une sortie de l’euro…”

  1. TITUS dit :

    Excellente analyse. Mais je ne suis pas d’accord avec la dernière ligne de ce texte qui évoque “le peuple souverain”. Non le peuple n’est plus souverain car on lui ment (ne serait-ce que par omission) à longueur de journée. Sur ce sujet il suffit de voir les pourcentages de voix que récoltent à chaque élection PHILLIPOT ou ASSELINEAU) …

  2. loic ruello dit :

    vous voulez dire un référendum ?, meme pas en reve nos politiques sont quasiment tous des atlantistes meme dans l’opposition , a part les candidats pour le frexit qui plafonnent a 1 % dans les sondages ; inutile de dire que ce n’est pas dans la poche

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