En 2025, le Musée de Pont-Aven fêtera ses 40 ans avec des expositions exceptionnelles. Deux expositions phares sont à l’affiche : « Écran Total » de Corinne Vionnet et « Sorcières (1862-1914) », chacune explorant des thèmes profondément ancrés dans l’imaginaire collectif et les enjeux contemporains.
Corinne Vionnet : Une réflexion sur l’image numérique et le tourisme de masse
La première exposition, « Écran Total », se tiendra du 1er février au 4 mai 2025 et sera la première rétrospective dédiée à l’artiste franco-suisse Corinne Vionnet. Cette exposition propose une immersion dans l’univers de l’artiste à travers une centaine d’œuvres issues de plusieurs de ses séries emblématiques, comme Photo Opportunities et Scenic Views. Vionnet est reconnue pour son exploration du partage et de la répétition des images dans un monde saturé par le numérique et les réseaux sociaux.
L’exposition ne se contente pas de présenter des photographies. Elle interroge la manière dont nous consommons et reproduisons les images, notamment dans un contexte de tourisme de masse où les mêmes lieux iconiques sont photographiés des milliers de fois. Vionnet propose une réflexion sur cet « épuisement du regard » et sur le rôle des images dans la formation de nos souvenirs et perceptions du monde. Deux œuvres exclusives ont été créées pour cette exposition, inspirées par des paysages emblématiques de la Bretagne : la pointe de Pen Hir et la ville close de Concarneau.
Ce travail est une invitation à repenser notre relation aux images à l’heure où celles-ci sont omniprésentes et souvent vidées de leur sens par leur répétition excessive. L’exposition met également en lumière le lien entre l’art et la technologie, et la manière dont l’artiste utilise les images partagées en ligne pour créer des œuvres inédites.
« Sorcières (1862-1914) » : Une plongée dans l’imaginaire de la sorcière
La deuxième grande exposition de l’année, « Sorcières (1862-1914) », se déroulera du 7 juin au 16 novembre 2025. Cette exposition est une véritable plongée dans l’imaginaire de la sorcière, qui a longtemps symbolisé la peur, le vice et la rébellion contre l’ordre établi.
L’exposition prend comme point de départ l’ouvrage La Sorcière de Jules Michelet, publié en 1862, qui marqua un tournant dans la représentation des sorcières. De figures diaboliques, elles deviennent des emblèmes de révolte et de résistance, posant les bases de l’écoféminisme. Les sorcières sont alors réinventées comme des figures de connaissance, en harmonie avec la nature et luttant contre l’oppression patriarcale.
Cette exposition, réalisée en partenariat avec le musée d’Orsay, mettra en avant une vaste sélection d’œuvres issues des arts graphiques, de la peinture, de la sculpture, ainsi que des photographies et des extraits de films. Parmi les pièces maîtresses, on trouve des œuvres de Paul Ranson, dont son tableau Les Corbeaux (1893), qui illustre l’ambivalence de la sorcière, à la fois icône érotisée et figure de menace.
Cette présentation met en lumière le renversement du stigmate de la sorcière, qui de femme maléfique devient une figure de résistance et de rébellion. À travers ce parcours, le Musée de Pont-Aven propose une réflexion sur les rapports de pouvoir, l’oppression et la manière dont certaines figures mythologiques et historiques ont été utilisées pour justifier des structures sociales dominantes.
Un programme riche pour un anniversaire spécial
2025 ne se limite pas à ces deux expositions majeures. Pour célébrer ses 40 ans, le Musée de Pont-Aven prévoit une série d’événements tout au long de l’année. Le musée accueillera des œuvres exceptionnelles en prêt, comme Bretonnes dans la prairie d’Émile Bernard (prêtée par le Musée d’Orsay), et une copie de l’œuvre par Vincent Van Gogh (prêtée par la Galleria Arte Moderna de Milan). Ces œuvres viendront enrichir le parcours permanent du musée.
En mai, la Nuit des Musées sera l’occasion d’un événement festif, avec un bal pour marquer ce moment symbolique. Les habitants de la ville et les Amis du musée seront également invités à participer activement à la vie du musée en devenant commissaires d’exposition le temps d’une rotation d’accrochage d’œuvres.
Un autre moment clé de cette année sera le lancement d’un financement participatif pour acquérir une œuvre rare d’un artiste de l’école de Pont-Aven, qui rejoindra les collections permanentes du musée. Ce projet témoigne de l’engagement du musée à impliquer la communauté dans la préservation et l’enrichissement de son patrimoine.
Enfin, pour encourager la recherche, le prix du mémoire universitaire « Le droit de tout oser » sera attribué aux étudiants travaillant sur les thématiques historiques du musée, renforçant ainsi les liens entre l’institution et le monde académique.
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Crédit photo : DRts
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