Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. Mais qui donne quand même un coup de vieux à l’auteur (YV) de ces lignes. En 1999, j’étais adolescent, et passionné de football, et du Stade Rennais depuis gamin. Habitant sur l’île de la Réunion à l’époque, mes moyens de communication et d’information avec la Bretagne étaient limités, et on ne peut pas dire qu’Onze Mondial, revue phare de l’époque niveau foot, faisait beaucoup l’actualité sur la Bretagne.
Je devais alors me contenter de regarder les quelques matchs diffusés sur Canal + (via un décodeur pirate, prescription) du Stade Rennais époque Shabani Nonda…ou aller espérer qu’un bar possédant TPS achète le match à l’unité. Ou me résigner à écouter le multiplex sur France Inter à 20h et faire travailler mon imagination. Mais c’est alors que Foot de l’Ouest est arrivé. Une revue entièrement consacrée au football breton, au football en Bretagne. Et avec mes meilleurs ennemis du FC Nantes intégrés, signe d’un engagement de la rédaction en faveur d’une Bretagne réunifiée. Que demander de plus ?
Alors, je me suis abonné. Et j’attendais chaque mois, avec impatience, pendant plusieurs années (jusqu’à mon retour en Bretagne en réalité), le numéro que je dévorais en quelques dizaines de minutes. C’était ma bouffée d’air frais, mon oxygène breton, là bas, si loin de mon pays. La revue était bien foutue : une grosse partie consacrée aux équipes pro, une autre partie consacrée aux amateurs. La parole donnée aux supporteurs, y compris aux ultras. Des photos, un poster. Des anecdotes. Foot de l’Ouest fût une idée géniale. Plutôt éphémère (fin en 2002), mais géniale.
Alors en retombant sur un numéro, 22 ans plus tard, au hasard d’une pérégrination sur un site de livres d’occasions bien connu, je me suis dis : « Et si je retrouvais le rédacteur en chef de la revue Foot de l’Ouest pour l’interviewer ? ». Ce rédacteur en chef, c’est Anthony Marsais, et je l’ai retrouvé, et interviewé ci-dessous. A vous les studios !
Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?
Anthony Marsais : Bonjour, je suis Anthony Marsais, ancien journaliste, j’ai 49 ans, je vis au Nord de Nantes. Je suis supporter du FC Nantes depuis l’adolescence et j’ai converti mes deux enfants, ados, qui sont abonnés à mes côtés !
Breizh-info.com :Vous avez été le rédacteur en chef de la revue Foot de l’Ouest. Pouvez vous nous raconter la genèse de ce projet, et le contenu du magazine (et ses objectifs). Combien de numéro sont sortis ?
Anthony Marsais : Cela remonte à l’année 99, une autre époque ! J’avais 24 ans et je sortais d’une école de journalisme. J’ai aussitôt voulu me lancer dans le bain en créant ce magazine mensuel. J’en ai parlé à mon meilleur ami et nous sommes partis dans les démarches ! Il fallait être complètement fou pour mener un tel projet, mais nous ne le savions pas… Nous avons mis 9 mois, comme une grossesse, pour accoucher du premier numéro. Gwenaël, mon associé, gérait la partie commerciale, partenariats, ventes, impression, etc. Et moi, je me concentrais sur la rédaction, épaulé par quelques pigistes. Mais on a également géré les abonnements, la promotion, la compta, etc. L’aventure a duré jusqu’au début de l’année 2002. Nous avons sorti 22 numéros et 3 hors séries.
Pourquoi aviez vous choisi foot de l’ouest et pas Bretagne football par exemple ?
Anthony Marsais : Parce que le nom « Bretagne foot » existait déjà, de mémoire. Il me semble que c’était un petit journal de la Ligue.
Breizh-info.com : Pourquoi ce magazine s’est-il arrêté ? Quelle fût votre audience ?
Anthony Marsais : Nous vendions en moyenne 5 500 exemplaires en kiosque, ce qui était une très belle performance puisque nous n’étions disponible qu’en Bretagne. Nous avons compté également jusqu’à 2 500 abonnés, preuve d’un intérêt pour la thématique. Ce qui a plu, c’est le côté « reportage », « coulisses », mais aussi le fait que nous nous sommes intéressés également au foot amateur. A l’époque, et c’est bien dommage, il n’y avait pas internet (ou si peu…) pour se développer. Il nous a manqué des partenariats avec des entreprises de la région. Les ventes ne suffisaient pas pour tout régler. Nous n’avions pas assez de recettes publicitaires car pas assez de réseau sans doute. La banque a fini par dire stop…
Breizh-info.com : Aujourd’hui, à l’heure où Brest, Rennes, Nantes sont en L1, Guingamp et Lorient en L2, Concarneau en National, à l’heure où plusieurs clubs bretons poussent dans l’anti chambre du football professionnel, l’idée de bâtir de nouveau une telle revue est-elle envisageable ?
Anthony Marsais : Non, pas de magazine papier. Mais l’idée mériterait d’être creusée pour un site internet, avec des reportages mêlant écrit et vidéo par exemple, et en insistant sur l’aspect « supporters ». Reste à trouver le modèle économique. A 49 ans, je ne réagis pas comme à 23 ans ! Je suis plus raisonnable… Et ce n’est pas une qualité !
Breizh-info.com : Avez vous quelques anecdotes sur cette période foot de l’ouest, avec les joueurs, les supporteurs , ou autres ?
Anthony Marsais : Oui, je me souviens que nous avions très vite été catalogués « supporters du FC Nantes » et repérés, donc, par les supporters rennais… On se faisait chambrer. Avec les joueurs, je me souviens d’une journée passée avec Anthony Gauvin du côté de Lorient, d’avoir suivi également Gaël Danic le temps, d’une journée dans son appartement de Cleunay ou encore d’une embrouille téléphonique avec Christian Gourcuff à propos d’un article. J’ai le souvenir aussi d’un reportage à Brest, alors en CFA, dans un stade plein. Nous avions même été interviewés par Jacques Vendroux qui était en direct du Stade Francis Le Blé.
Ou encore d’un voyage en avion avec les joueurs de Guingamp, à Metz. Moi qui ai peur de l’avion, on s’est retrouvé dans un tout petit coucou en zone de grande turbulence. Les joueurs jouaient tranquillement aux cartes alors que je me voyais déjà mourir… Enfin, ce qui m’a touché, c’est lorsque Thierry Rolland présentait durant Téléfoot notre bébé, Foot de l’Ouest. Il le faisait très régulièrement, sans rien demander, alors que Pascal Praud, lui, nous avait envoyé sur les roses…
Breizh-info.com : Que devenez vous aujourd’hui ? Que conseilleriez vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’aventure d’un magazine sportif, consacré à une seule région, à un territoire bien précis ?
Anthony Marsais : Un conseil : créez vous d’abord un réseau prêt à vous soutenir financièrement au travers d’espaces publicitaires. Et mises surtout sur le web ! De mon côté, après 15 ans de radio et quelques années à commenter les matches du FC Nantes, je me suis remis à mon compte il y a 8 ans. Je suis désormais vidéaste indépendant, je gère ma petite boite, Camani Films. Je réalise des films d’entreprises, pour les collectivités, des films de mariages et je réalise quelques documentaires.
Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR
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