L’automne 2024 marque le début d’une nouvelle phase de restauration des landes et tourbières dans les monts d’Arrée. À travers le programme européen LIFE Landes, le Parc naturel régional d’Armorique s’engage, aux côtés de ses partenaires, pour la protection de ces écosystèmes fragiles. Cette année, les travaux se concentrent sur des actions innovantes comme le comblement de drains et la gestion de la fréquentation des espaces naturels.
Une restauration en profondeur des landes et tourbières
Depuis 2021, le programme LIFE Landes mobilise de nombreux acteurs pour restaurer et protéger les landes et tourbières emblématiques de Bretagne. Les monts d’Arrée, Menez Meur et le Menez Hom sont au cœur des actions de cette initiative, soutenue financièrement par l’Europe, l’État et la Région Bretagne. Les travaux se concentrent sur plusieurs aspects : réouverture de landes abandonnées, restauration de chemins agricoles et gestion de la fréquentation.
En 2024, ce sont près de 50 hectares de landes qui sont concernés par la réouverture à l’aide de broyeurs forestiers, permettant le retour d’une gestion agropastorale. Ces interventions se déroulent sur plusieurs sites, tels que le plateau de Ty Roz et la vallée du Mendy. Ces actions visent à rajeunir la végétation et à relancer des pratiques agricoles durables, telles que la fauche et le pâturage, essentielles pour maintenir l’équilibre de ces milieux.
Préserver les sources et la biodiversité locale
L’un des chantiers phares concerne la restauration des sources de l’Ellez, impactées par un réseau de fossés drainants qui assèchent la zone humide. Ces travaux de comblement des fossés à l’aide d’anciens matériaux permettront de rétablir le bon fonctionnement écologique de cette zone. En parallèle, des travaux similaires sont prévus sur le Yeun Ellez, avec la restauration de 10 hectares supplémentaires de zones humides.
Ces efforts visent à favoriser le retour de la végétation typique des milieux humides, comme les sphaignes, tout en limitant la prolifération de fougères et d’ajoncs. Les tourbières, en plus de jouer un rôle clé dans la régulation de l’eau, contribuent également à la lutte contre le changement climatique en stockant le carbone dans les sols.
La restauration de la tourbière d’Argol entre dans sa dernière phase en 2024. Cette tourbière, fortement dégradée, voit son écosystème revitalisé grâce à la coupe de près de 2 500 résineux non productifs. L’utilisation d’une technique spécifique d’exportation des bois, le câble-mât, permet de minimiser l’impact des interventions sur la zone. À la fin de ces travaux, un cheminement en platelage bois de 200 mètres sera mis en place pour permettre aux visiteurs de découvrir au plus près cet écosystème unique.
Protéger la faune et gérer la fréquentation
Le programme LIFE Landes ne se limite pas à la restauration physique des milieux. La gestion de la fréquentation est également un enjeu majeur, en particulier pour la préservation du courlis cendré, une espèce en danger dans les monts d’Arrée. Avec seulement six couples recensés en 2024, contre plus de 200 dans les années 1970, la survie de cette espèce dépend de la réduction des perturbations causées par les promeneurs.
Ainsi, des sentiers sauvages seront fermés et des panneaux de sensibilisation seront installés pour guider les visiteurs vers les bons comportements à adopter. De plus, deux parkings sauvages seront fermés afin de protéger les habitats sensibles de cette espèce et limiter le stationnement de vans et camping-cars.
Un impact positif pour l’environnement et l’agriculture
Les effets attendus de ce programme sont multiples. Outre la remise en gestion de 50 hectares de landes auprès d’agriculteurs locaux, la restauration des habitats naturels profitera à la biodiversité, en particulier aux oiseaux nicheurs des landes d’Armorique tels que le courlis cendré et les busards. La réhumidification des tourbières, en plus de son rôle climatique, permettra également de renforcer la qualité des ressources en eau.
Le programme LIFE Landes se poursuivra jusqu’en décembre 2025 avec de nouveaux travaux prévus pour l’automne prochain. Une gestion pérenne de ces espaces naturels est essentielle pour assurer leur survie et offrir un cadre propice à la biodiversité et aux pratiques agricoles traditionnelles.
Crédit photo : Wikipedia (cc)
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