On peut être président du directoire et directeur de la publication d’Ouest-France et, en même temps, s’intéresser à l’histoire de Bretagne ; c’est le cas de François-Xavier Lefranc. Dans Je boirai mon sang (Robert Laffont), il raconte l’histoire du marquis Armand Tuffin de la Rouërie, héros de la guerre d’indépendance en Amérique, mais aussi un participant très actif à la guérilla contre les troupes révolutionnaires en Bretagne. « Je pense que La Rouërie est un personnage dans lequel on peut tous se retrouver, un homme exceptionnel, courageux, généreux, proche du peuple et ouvert aux idées de son temps. Et qui mérite d’être sorti de l’oubli », souligne François-Xavier Lefranc (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 7 novembre 2023).
La chute des ventes
Pour un patron de journal, il y a plus difficile à gérer que la promotion d’un livre. C’est le casse-tête auquel M. Lefranc est confronté : la chute des ventes. La diffusion totale file mauvais coton : 712 500 exemplaires/jour (- 19 225) en 2015 ; 693 794 (-18 706) en 2016 ; 685 096 (- 8 698) en 2017 ; 661 016 (-24 080) en 2018 ; 648 805 (- 14 211) en 2019 ; 637 463 (- 9 342) en 2020 ; 641 238 (+ 3 775) en 2021 ; 645 344 (+ 4 106) en 2022 ; 628 393 (- 16 951) en 2023 (Chiffres ACPM). Faut-il mettre les progressions de 2021 et de 2022 sur le compte des campagnes d’abonnement opérées dans les galeries commerciales des grandes surfaces ? Limite de la formule : dès que les campagnes cessent, la chute reprend.
« La rédaction est fermée au public » (sic)
En effet le client-lecteur est exigeant : il veut un produit « intéressant » ; il en veut pour son argent. Il attend donc un canard riche en portraits, en enquêtes, en potins… Pour lui, l’info locale est primordiale. Chaque jour, il veut que sa commune – ou son quartier- soit présente sous une forme ou sous une autre. S’il habite à Saint-Ouen-la-Rouërie, ce qui s’y passe le passionne davantage que les aventures des talibans à Kaboul. Quant à la mine d’or que constituent les faits divers, il les veut développés – il ne dira jamais qu’il y en a trop ! Faire comprendre tout cela aux jeunes journalistes n’est pas toujours facile, surtout lorsque l’on a affaire à des individus qui se veulent « journalistes militants » – de préférence d’extrême gauche – et non pas « militants du journalisme ». Un journaliste en croisade – politique et idéologique – oublie que sa direction attend de lui des articles qui font vendre… Mais lui préfère vendre ses idées… Cette situation que l’on trouve parfois dans certaines rédactions locales d’Ouest-France ne plaît pas au client-lecteur et participe à la chute des ventes. Quant à la possibilité pour François-Xavier Lefranc de mettre un terme à ces dérives, elle est nulle ; il doit tenir compte de la défense corporatiste pratiquée par les délégués syndicaux. Pour eux, un journaliste a toujours raison et la perte de lecteurs ne les préoccupe guère. Qu’un quotidien régional constitue une sorte de service public vivant en partie grâce aux aides de l’Etat ne les intéresse pas davantage : selon les chiffres du ministère de la Culture, Ouest-France a reçu de l’État en 2023 la somme de 6 872 189 euros.
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Le chemin de croix de François-Xavier Lefranc (Ouest-France)”
Bonjour,
le seul moyen de faire tomber les media mainstream, c’est le boycott!
Ne pas les regarder (écrans), ne pas les acheter (papier/informatique)
et soutenir les media résistants et les faire connaître.
Fermons les écrans et ouvrons les livres!
Réarmons-nous intellectuellement, merci M. Obertone!
Encouragements et soutien.
Michèle