Un champion de judo suspendu pour avoir fait le signe de la croix durant les J.O.

Le judoka serbe Nemanja Majdov a été suspendu pour cinq mois par la Fédération internationale de judo pour avoir fait un signe de croix avant d’entrer sur le tatami des Jeux olympiques de Paris le 31 juillet dernier.

Nemanji Majdovu svetska džudo federacija zabranila na 5 meseci učešće na svim mečevima i turnirima zato što se PREKRSTIO pred meč na olimpijadi.
Setim se Čavića i nekih koji me ubeđuju da oni ne mrze sve pravoslavne i Srbe
Ne da mrze nego preziru. pic.twitter.com/rLF35OmsQn

— Licni Stav (@LicniGlas) September 17, 2024

Pour ce geste de 4 secondes, Nemanja Majdov ne pourra participer à aucune compétition pour les cinq prochains mois. Bien que deux autres athlètes aient été suspendus par la fédération pour leur comportement, cette décision est une première pour un simple signe de croix, le Serbe n’ayant provoqué personne, son adversaire grec, Theodore Tselidis, pouvant difficilement s’en offusquer. Nemanja Majdov précise en outre qu’on lui aurait demandé de s’excuser mais qu’il a refusé. Dans une publication sur Instagram, il s’en explique :

“Il y a 15 jours, j’ai reçu une notification selon laquelle j’étais suspendu pour 5 mois par la Fédération mondiale de judo (IJF) pour violation de son code religieux. Plus précisément, pour m’être signé en entant dans un match aux Jeux Olympiques.

J’ai été interdit de participer à tous les tournois, campus et entraînement.
Certes, dans ma lettre de défense à la procédure disciplinaire, je n’ai pas voulu m’excuser pour le baptême, je ne l’ai pas fait et je ne le ferai jamais, même si je ne savais alors pas quelle serait la punition.
Le Seigneur m’a tout donné, tant à ma personne qu’à ma carrière, il est le numéro 1 pour moi et j’en suis fier. Et cela ne changera sous aucun prétexte. Gloire à Lui et merci pour tout.

Rien de nouveau pour moi personnellement, juste une nouvelle page de ma carrière et une nouvelle expérience de vie. Je suis attristé qu’un sport aussi beau et difficile que le judo se soit laissé prendre à de telles choses.

Dieu m’a donné une belle carrière, 7 médailles européennes et 3 mondiales. Quand j’ai commencé, je rêvais de remporter au moins une grosse médaille et ainsi de réussir ma vie et celle de ma famille, qui a tout sacrifié pour ma carrière. Il nous a donné beaucoup plus pour que je baisse la tête devant quiconque.

Nous nous reposerons jusque-là, puis nous reviendrons avec l’aide de notre Seigneur Jésus-Christ vers un nouveau départ et de nouvelles victoires.”

Des mots très émouvants, que l’on soit chrétien, musulman, païen ou athée. Une décision ahurissante, les images montrant clairement l’innocence et le caractère instinctif du geste. Et cela, même si l’article 8.6 du règlement de la fédération internationale de judo prévoit que “toute connotation ou manifestation religieuse, politique, personnelle, commerciale est interdite sur le terrain de jeu” (Nemanja Majdov a déclaré qu’il ignorait ce point). L’IJF défend sa position, ajoutant :

“Nos règles concernant l’affichage des signes religieux ou autres sont strictement liées au terrain de jeu, qui est un espace exclusivement dédié au judo et où seuls les signes spécifiques au judo et les règles sont affichés, également pour tous.”

Mais nier aux athlètes d’en appeler à leur Dieu quel qu’il soit, avant quelle qu’épreuve que ce soit, ce n’est pas “protéger les valeurs éthiques et les principes moraux de notre sport“, ce n’est pas défendre la laïcité, c’est juste être dégueulasse.  

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : Capture d’écran Instagram
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