« Rarement on a vu dans ce pays une gestion aussi solitaire, aussi péremptoire et aussi désordonnée du pouvoir. » Voilà ce que disait Michel Barnier à propos d’Emmanuel Macron, devant 500 personnes lors de la “prérenrée “ du parti Les Républicains, le 28 août 2021 à La Baule. Le nouveau Premier ministre était, à l’époque, candidat à la primaire LR, en vue de la présidentielle. » (Ouest-France, Saint-Nazaire, vendredi 6 septembre 2024)
Evidemment, ce sont les circonstances et le rapport de force qui décident de la conduite à tenir. En 2021, Emmanuel Macron dispose de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, de ce fait le Premier ministre est un bon soldat « jetable » à tout moment. En 2024, non seulement Emmanuel Macron ne dispose d’aucune majorité au Palais-Bourbon – ni absolue ni relative -, mais encore il est contraint de rechercher une espèce d’alliance avec la droite. Avec Les Républicains (Droite républicaine de Laurent Wauquiez), il tente un « partenariat » destiné à lui permettre d’atteindre la fin de son mandat cahin-caha. D’où l’importance de Michel Barnier qui trouve à l’hôtel de Matignon son bâton de maréchal. Exercice inédit sous la Ve République : le Premier ministre ne s’appuie sur aucune majorité, tout en étant soutenu par le camp présidentiel qu’il combattait précédemment.
« Michel Barnier n’est pas totalement dans la ligne du Président, c’est un secret de Polichinelle. Mais la culture du compromis qu’il a pu développer dans ses fonctions à l’Europe va être utile dans le contexte actuel », se rassure Franck Louvrier (LR), maire de La Baule (Ouest-France, Saint-Nazaire, vendredi 6 septembre 2024). Tout cela sent la IVe République : pas de majorité, magouilles et combines diverses… Ce que de Gaulle avait voulu empêcher avec la constitution du 4 octobre 1958. En attendant, Franck Louvrier demeure catégorique lorsqu’on lui demande s’il accepterait d’entrer dans le gouvernement Barnier : « Je suis ministre de La Baule ».
B. Morvan