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Un ex membre du cartel de Cali (Colombie) devenu prêtre témoigne

Octavio Bermeo Valencia est un ancien membre du cartel de Cali en Colombie devenu pasteur, le cartel rival et ennemi de Pablo Escobar. Il découvre très jeune la violence du cartel, les meurtre dans les rues, l’assassinat d’un de ses amis juste à côté de lui. À tout juste 18 ans, il s’engage dans le Cartel, à la récolte et la confection de cocaïne dans les laboratoires artisanaux, jusqu’à un évènement qui va changer sa vie et le guider vers une vocation de pasteur. La chaine Legend l’a interrogé ci-dessous, puis nous sommes revenus sur l’histoire du Cartel de Cali, et du trafic de drogue en Colombie

La Colombie est depuis longtemps au cœur du trafic mondial de stupéfiants, en particulier de la cocaïne. Parmi les organisations criminelles qui ont dominé cette industrie, le Cartel de Cali et le Cartel de Medellín occupent une place centrale dans l’histoire de la guerre contre la drogue. Si le Cartel de Medellín, dirigé par le tristement célèbre Pablo Escobar, est souvent plus connu, le Cartel de Cali a joué un rôle tout aussi important, tout en employant des stratégies différentes et plus subtiles. Aujourd’hui, bien que les grands cartels historiques aient été démantelés, la Colombie reste un acteur clé du commerce de la drogue, avec de nouvelles organisations criminelles émergeant sur les ruines de ces empires passés.

Le Cartel de Cali : un empire de la discrétion

Le Cartel de Cali a vu le jour dans les années 1970, sous la direction des frères Gilberto et Miguel Rodríguez Orejuela et de José Santacruz Londoño. Basé dans la ville de Cali, au sud de la Colombie, le cartel a d’abord commencé par le trafic de marijuana avant de s’orienter vers la cocaïne, une drogue qui a rapidement pris une place majeure sur le marché international. Contrairement au Cartel de Medellín, célèbre pour ses actes de violence publique, le Cartel de Cali a opté pour une approche plus discrète, basée sur la corruption, l’infiltration et le lobbying politique.

À son apogée dans les années 1980 et 1990, le Cartel de Cali contrôlait environ 80 % du marché mondial de la cocaïne. Il était réputé pour son réseau sophistiqué de distribution, avec des ramifications aux États-Unis et en Europe. L’organisation se distinguait aussi par ses techniques de blanchiment d’argent et sa capacité à corrompre les institutions, ce qui lui permettait de maintenir une relative tranquillité face aux autorités. Les dirigeants du cartel avaient également des liens avec des entreprises légitimes, renforçant leur influence économique.

La guerre contre les cartels : la chute de Cali

Dans les années 1990, le gouvernement colombien, sous pression des États-Unis, intensifia sa lutte contre le trafic de drogue. Le Cartel de Cali, malgré sa discrétion, devint une cible majeure. À cette époque, le cartel avait déjà amassé d’énormes richesses et une influence politique considérable. Cependant, en 1995, les forces de sécurité colombiennes parvinrent à arrêter Gilberto Rodríguez Orejuela, suivi peu de temps après par son frère Miguel. Cette série d’arrestations marqua le début de la fin pour le Cartel de Cali.

Les autorités démantelèrent progressivement l’organisation, et bien que certaines factions tentèrent de maintenir le contrôle, la structure du cartel finit par s’effondrer. En 1996, José Santacruz Londoño fut tué après une évasion de prison. Malgré la fin officielle du cartel, ses effets se firent sentir pendant des années à travers des réseaux résiduels et d’autres groupes criminels qui prirent sa place.

L’héritage des cartels en Colombie : l’évolution du trafic de drogue

La fin des grands cartels de Medellín et de Cali ne signala pas pour autant la fin du trafic de cocaïne en Colombie. Bien au contraire, leur démantèlement a créé un vide que de nouvelles organisations criminelles se sont empressées de combler. Parmi elles, les Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) se sont mêlées au trafic, contrôlant la production et la distribution de cocaïne. Ces groupes paramilitaires et insurgés ont profité de l’instabilité pour s’approprier le commerce de la drogue, souvent en partenariat avec des trafiquants locaux.

Ces dernières années, un autre groupe a pris de l’ampleur : Le Clan del Golfo (anciennement appelé Los Urabeños). Basé dans les régions côtières de la Colombie, ce clan est aujourd’hui considéré comme l’une des organisations de trafic de drogue les plus puissantes du pays. Le Clan del Golfo s’est construit sur les restes des cartels démantelés, en absorbant des membres des AUC et d’autres groupes armés dissidents.

Malgré des décennies de lutte contre le trafic de stupéfiants, la Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne. En 2023, des rapports ont montré que la production de cocaïne avait atteint des niveaux record, avec des milliers d’hectares de terres dédiées à la culture de la coca. Les efforts du gouvernement, notamment via des campagnes d’éradication des plantations et des opérations militaires contre les groupes armés, n’ont pas suffi à endiguer la montée en flèche de la production.

Les nouvelles générations de narcotrafiquants ont appris à s’adapter, utilisant des routes de contrebande plus sophistiquées, des technologies modernes, et continuant à s’infiltrer dans les institutions politiques et économiques. Le trafic de drogue reste une source majeure de financement pour plusieurs groupes armés, qui utilisent la violence pour défendre leurs territoires et leurs opérations.

L’impact mondial et les liens internationaux

Le trafic de drogue en Colombie a des ramifications internationales, et les réseaux colombiens travaillent en étroite collaboration avec des cartels mexicains tels que le Cartel de Sinaloa ou le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération. Ces alliances permettent de faire transiter la cocaïne de Colombie vers les États-Unis, l’Europe, et même l’Asie.

Les États-Unis et les pays européens, en particulier l’Espagne, continuent de jouer un rôle central dans la guerre contre les drogues en finançant des initiatives de lutte contre les cartels et en soutenant le gouvernement colombien. Cependant, la demande mondiale pour la cocaïne ne montre aucun signe de ralentissement, ce qui alimente encore la persistance des trafics.

Le Cartel de Cali, à l’instar de son rival le Cartel de Medellín, a profondément marqué l’histoire de la Colombie et du trafic de drogue à l’échelle mondiale. Bien que ces grandes organisations criminelles aient été démantelées, leur héritage perdure à travers des structures mafieuses modernes, qui continuent d’exploiter le commerce de la cocaïne. Le trafic de drogue en Colombie demeure un enjeu crucial, avec des ramifications politiques, sociales et économiques qui touchent à la fois le pays et le monde entier. La lutte contre les cartels, bien que toujours active, semble avoir devant elle un avenir incertain.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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