La consommation de drogues en prison est aujourd’hui largement reconnue comme un problème de santé publique majeur. Le rapport ESSPRI 2023 de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances Addictives (OFDT) met en lumière des chiffres alarmants sur la prévalence des substances illicites derrière les barreaux. Les résultats révèlent que malgré les restrictions et le cadre carcéral, de nombreuses drogues circulent en prison, avec des conséquences graves sur la santé des détenus et l’ordre public.
Tabac et cannabis : les drogues les plus consommées
Sans surprise, le tabac est la substance la plus consommée en prison. Près de 6 détenus sur 10 (63 %) déclarent fumer du tabac quotidiennement, un taux environ 2,5 fois plus élevé que dans la population générale masculine non incarcérée. Les jeunes détenus âgés de 18 à 34 ans sont les plus touchés, avec une prévalence de 69 % contre 55 % pour les plus de 35 ans.
Quant au cannabis, il s’agit de la deuxième drogue la plus couramment utilisée en prison. En 2023, 49 % des détenus affirment avoir consommé du cannabis au moins une fois durant leur détention, et 26 % en fument tous les jours. Les jeunes détenus sont, là encore, les plus concernés : 35 % des 18-34 ans consomment du cannabis quotidiennement contre 15 % chez les plus âgés.
L’alcool, une consommation plus discrète mais existante
L’alcool, bien que moins présent en prison, est la troisième substance la plus consommée. Près de 16 % des détenus rapportent avoir bu de l’alcool au moins une fois depuis leur incarcération, malgré l’interdiction stricte de son acquisition et de sa consommation en détention. Toutefois, ces consommations restent essentiellement occasionnelles, et seuls 3,7 % des détenus en ont consommé dans le mois précédant l’enquête.
La cocaïne, le crack et d’autres drogues illicites : des chiffres inquiétants
Outre le cannabis et l’alcool, 14 % des détenus déclarent avoir consommé des drogues illicites comme la cocaïne, le crack, la MDMA ou l’héroïne depuis leur entrée en détention. Le crack fait notamment son apparition dans l’univers carcéral, avec 6,2 % des détenus ayant consommé ce dérivé de la cocaïne, reconnu pour ses effets dévastateurs sur la santé. La cocaïne, quant à elle, concerne 13 % des détenus, tandis que 5 % affirment avoir consommé de l’héroïne.
Ces drogues circulent dans les établissements pénitentiaires grâce à des systèmes de contrebande ingénieux, tels que l’utilisation de drones ou de visiteurs extérieurs pour faire passer les substances interdites. Les projections par-dessus les murs des prisons restent également un mode courant d’introduction de ces drogues.
Polyconsommation et santé en danger
Un autre phénomène marquant relevé dans ce rapport est la polyconsommation. Environ un tiers des détenus combinent plusieurs substances psychoactives, en particulier le tabac et le cannabis. Ainsi, 32 % des détenus consomment du tabac quotidiennement et du cannabis au moins une fois par mois, une situation plus fréquente chez les plus jeunes (41 % chez les 18-34 ans).
Cette polyconsommation accroît les risques sanitaires et complique la prise en charge médicale en milieu carcéral. L’usage simultané de plusieurs substances expose les détenus à des troubles psychiques et physiques graves, augmentant les risques de dépendance et de comportements violents. La surpopulation carcérale et les conditions de vie souvent précaires des détenus amplifient ces effets destructeurs.
Un problème persistant malgré les mesures en place
Malgré les politiques de lutte contre la drogue en prison, le rapport ESSPRI 2023 montre que la consommation de substances psychoactives reste un problème majeur. Les tentatives de limiter l’introduction de drogues par des fouilles renforcées et des contrôles stricts ne suffisent pas à enrayer le phénomène. Les réseaux de trafic en prison sont de plus en plus sophistiqués, facilitant l’accès aux substances illicites pour les détenus.
Le cannabis est perçu comme relativement facile à obtenir pour 51 % des détenus, contre seulement 27 % qui estiment que l’alcool est aussi accessible. Ces chiffres illustrent à quel point les drogues continuent de circuler en prison malgré les interdictions.
Le rapport ESSPRI 2023 met en lumière l’urgence de renforcer la prise en charge des détenus dépendants et de lutter contre le trafic en prison. Il est crucial de trouver des solutions adaptées pour endiguer ce fléau et protéger non seulement les détenus, mais aussi la sécurité générale au sein des établissements pénitentiaires.
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Une réponse à “Drogues en prison : un phénomène inquiétant qui persiste”
si les matons avaient le droit de fouiller les détenus après chaque visite au parloir, ça continuerait? ben non!