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Morrissey politiquement incorrect : son dernier album boycotté par l’industrie musicale

Seuls les fans de l’inclassable icône des années 80, Morrissey, auront entendu quelques titres de son dernier album Bonfire of Teenagers. La chanson éponyme – où il raille les “abrutis” qui entonnent l’angélique “Dont’ look back in anger” après l’attentat islamiste de 2017 et clame qu’il ne pardonnera pas -, est jugée trop politiquement incorrecte par l’industrie musicale qui refuse de publier l’album. Dans une entrevue au Telegraph, il dénonce la censure régnante en Angleterre où “les artistes sont pris en otage par des gens qui s’opposent à toute opinion alternative.”

En 2017, au concert de la pop-star américaine Ariana Grande à Manchester, un fondamentaliste islamiste se faisait exploser causant 22 morts et 250 blessés. À l’instar d’ “Imagine” de John Lennon psalmodié après chaque attentat sur le sol français, “Don’t look back in anger” [Ne regarde pas en arrière avec colère] d’Oasis devenait l’hymne d’amour et de pardon pour ceux commis en Angleterre. Le message est le même : “vous n’aurez pas ma haine“. Un message démobilisateur, déclinant… et idiot, ce qui n’a pas échapper à l’ex-chanteur des Smiths qui scande dans Bonfire of teenagers :

“And the morons sing and sway: ‘Dont look back in anger’,

I can assure you that i will look back in anger till the day i die.”

[“Et les abrutis chantent et se balancent au rythme de : ‘Ne regardez pas en arrière avec colère,’

Je peux vous assurer que je regarderai en arrière avec colère jusqu’à ma mort.”]

et de railler le laxisme du système judiciaire britannique :

“Go easy on the killer”

[“Allez-y doucement avec l’assassin”]

Il en fallait moins pour être boycotté par “la culture” dominante, à savoir l’appareil qui distribue gages et bon-points aux artistes alignés à la doxa politiquement correcte et fabrique des stars souvent dépourvues de talent mais construites comme de parfaits produits commerciaux aptes à desservir sa propagande.

C’est bien ce que dénonce Morrissey dans une récente entrevue au Telegraph. “Morrissey n’a pas parlé à la presse britannique depuis des années, et son mépris pour les journalistes est bien documenté. Mais il a choisi de me parler de ce qu’il a appelé « le meilleur album de sa vie »”, Bonfire of Teenagers, enregistré entre 2020 et 2021.

À la question de savoir pourquoi il ne supprime pas simplement le titre controversé pour faire sortir un album de dix chansons sous un autre nom, l’auteur-compositeur répond par la négative :

“Non, je ne retirerais pas le titre de la chanson parce que je n’abandonnerais pas les enfants assassinés de Manchester. Leur esprit crie chaque jour pour qu’on se souvienne d’eux et qu’ils soient reconnus. » 

“Une fois que vous vous auto-publiez ou que vous vous autocensurez, les idiots ont gagné. Il n’y a plus de média artistique en Angleterre (…) Le fait est que les vrais artistes en Angleterre sont maintenant tenus en otage par des gens qui s’opposent à toute forme d’opinion alternative”

Morrissey évoque longuement la censure dont il est l’objet :

« Controversé signifie intelligent, n’est-ce pas? Nous sommes encore dans une culture idiote, elle est partout où vous regardez. Je suis naturellement l’un des premiers à être bâillonné puisque toute ma vie a été fondée sur la liberté d’expression ».

Le tout avec une petite touche de sarcasme froid qu’on lui connait :

“Les plus monstrueux sont les membres de l’équipe #BeKind – un mouvement de réseaux sociaux qui promeut l’empathie – qui vous défonce la gueule si vous n’êtes pas d’accord avec eux ». 

L’homme, qui chante “I am not a dog on a chain / I use my own brain” n’en est pas à sa première : ce sont à peu près toutes ses positions, toujours affichées avec fierté, qui vont à l’encontre de la pensée dominante. De son soutien public au mouvement d’extrême droite anti-islam For Britain, à celui du journaliste indépendant Tommy Robinson, en passant par son parti pris pour les Gilets Jaunes, Morrissey est partout où la vulgate ne le voudrait pas. Et il ne se retient pas non plus de commenter :

“Je veux que l’Allemagne soit allemande. Je veux que la France soit française. Si vous essayez de rendre tout multiculturel, vous n’aurez plus aucune culture à la fin.  Tous les pays européens se sont battus pour leur identité pendant de nombreuses années. Et maintenant, ils la rejettent. Je pense que c’est triste.” (2)

Quant aux accusations de racisme dont on l’affuble fréquemment, il coupe court  :

” Quand vous appelez quelqu’un “raciste” aujourd’hui en Grande-Bretagne, vous lui dites que vous êtes à court de mots. Vous mettez fin au débat et vous fuyez. Ce mot n’a plus de sens maintenant. Tout le monde préfère sa propre race, est-ce que cela rend tout le monde raciste ?” (3)

Malgré cette censure et grâce à son incommensurable talent, Morrissey se produit régulièrement sur scène. Actuellement en tournée au États-Unis, ses fans attendent avec impatience l’annonce de la tournée 2025 et la sortie de l’album mis au ban depuis 4 ans. Certains d’entre eux sont d’ailleurs plus ingénieux que d’autres : en octobre dernier, un passionné faisait survoler un avion affublé d’une bannièreSortez l’album de Morrissey ‘Bonfire of Teenagers’” au dessus du célèbre siège du label discographique Capitol Records à Los Angeles.

On ne peut qu’acquiescer. Longue vie aux artistes qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Parce que le talent ne suffit pas : il faut aussi avoir quelque chose à dire.

Audrey D’Aguanno

(1) Difficile de l’accuser de récupération puisqu’en 1983, il écrivait et chantait Suffer Little Children, rappelant au monde le sort trois enfants de Manchester abusés et assassinés.

(2) “I want Germany to be German. I want France to be French. If you try to make everything multicultural, you will not have any culture in the end.  All European countries have fought for their identity for many, many years.  And now they just throw it away. I think that’s sad.”

(3) “If you call someone racist in modern Britain you are telling them that you have run out of words. You are shutting the debate down and running off. The word is meaningless now. Everyone ultimately prefers their own race – does this make everyone racist?”

Crédit photo : elishba @Deviantart
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Une réponse à “Morrissey politiquement incorrect : son dernier album boycotté par l’industrie musicale”

  1. Luciole dit :

    Merci pour cet article, j’ignorais tout des déboires de Morrissey avec cet album, dont il chante malgré tout les chansons en concert. Tout cela pour dire que ça m’a remis en mémoire une interview de l’un des Beatles ( je ne dirai pas lequel il est toujours en vie ) dans un Rock et Folk des années 70 : le journaliste lui posait une question à propos de la cause homo – les gays et autres lgbt n’avaient pas encore vu le jour à cette époque, qui paraît vraiment bénie en comparaison d’aujourd’hui – et le Beatle lui répondait tranquillement que la cause homo n’était pas du tout sa tasse de thé , ce que le journaliste et le magazine ont pris avec la plus parfaite équanimité puisque c’était retranscrit dans l’interview. Aujourd’hui rien que pour ça le pauvre serait quasiment harcelé, voire persécuté et condamné – comme Morrissey , Tommy Robinson etc s’agissant de l’immigration, dernier tabou en date qui justifie que vous n’ayez plus de droit de vous exprimer aux pays de la liberté d’expression… Pour en revenir aux Smith je n’ai appris que tout récemment qu’il s’agissait d’Alain Delon sur la pochette de l’album The Queen is Dead!

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