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Irlande. Le Royaume-Uni ouvre une enquête sur l’assassinat de l’avocat Pat Finucane, tué par des loyalistes en 1989

Le gouvernement britannique a annoncé l’ouverture d’une enquête publique indépendante sur l’assassinat de l’avocat Pat Finucane en 1989 à Belfast, un événement marquant de la période des Troubles en Irlande du Nord. Cette annonce intervient après des décennies de demandes répétées de la part de la famille de Finucane et de nombreuses personnalités politiques. L’assassinat, perpétré par des paramilitaires loyalistes favorables au maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni, a longtemps été associé à une complicité de l’État britannique, alimentant les suspicions d’une collusion plus large avec les forces loyalistes.

L’assassinat de Pat Finucane : un meurtre emblématique des « Troubles »

Pat Finucane, un avocat catholique de 38 ans, a été abattu de 14 balles devant sa femme et ses trois enfants dans sa maison de Belfast, en février 1989. Reconnu pour son travail en tant que défenseur des droits des républicains irlandais, y compris des membres de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), Finucane était une figure influente dans le domaine de la justice en Irlande du Nord. Son assassinat a choqué l’opinion publique, non seulement en raison de la brutalité de l’attaque, mais aussi parce qu’il est vite apparu que des éléments au sein des forces de sécurité britanniques avaient facilité son meurtre.

Les paramilitaires loyalistes de l’Ulster Defence Association (UDA) ont revendiqué l’assassinat, et Ken Barrett, un membre de ce groupe, a été condamné en 2004 à 22 ans de prison pour sa participation au meurtre. Cependant, au fil des années, des allégations persistantes de collusion entre les forces de sécurité britanniques et les loyalistes ont émergé, indiquant que le meurtre de Finucane n’était pas un simple acte de violence, mais plutôt une opération orchestrée avec la complicité de certains agents de l’État.

La reconnaissance de David Cameron et la longue quête de justice

En 2012, l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, a reconnu publiquement la « complicité inacceptable » de l’État dans l’assassinat de Pat Finucane. Lors d’une déclaration devant le Parlement, Cameron a admis que des agents britanniques avaient collaboré avec les loyalistes dans ce meurtre, bien qu’il ait rejeté l’idée d’un « complot » orchestré au plus haut niveau de l’État. Cette reconnaissance a été un moment clé, mais pour la famille Finucane, elle n’a pas suffi.

Depuis des décennies, la veuve de Pat Finucane, Geraldine, et leurs trois enfants réclament une enquête publique exhaustive pour établir l’étendue exacte de l’implication des forces de sécurité dans cet assassinat. Bien que plusieurs enquêtes aient été menées, aucune n’a permis de répondre entièrement à ces questions. Le gouvernement britannique avait promis à plusieurs reprises d’ouvrir une enquête publique, mais ces engagements sont restés en suspens jusqu’à présent.

Un tournant sous le gouvernement de Keir Starmer

Le ministre britannique en charge de l’Irlande du Nord, Hilary Benn, a annoncé que le gouvernement actuel allait enfin tenir sa promesse d’ouvrir une enquête publique indépendante sur la mort de Finucane. Benn a déclaré au Parlement que « ce gouvernement prend extrêmement au sérieux ses obligations en matière de droits humains et sa responsabilité envers les victimes des Troubles », ajoutant que l’engagement pris il y a deux décennies n’avait toujours pas été respecté.

Cette décision intervient dans un contexte où le Premier ministre Keir Starmer cherche à avoir une approche différente de l’héritage des Troubles. Starmer, ancien avocat des droits de l’homme, a exprimé son désir de tourner la page sur cette période douloureuse de l’histoire britannique en apportant justice aux victimes et à leurs familles. Le gouvernement irlandais, par la voix du Premier ministre Simon Harris, a salué cette annonce comme un pas important vers la vérité et la réconciliation.

Réactions en Irlande du Nord et au-delà

La Première ministre d’Irlande du Nord, Michelle O’Neill, membre du Sinn Fein, a décrit cette annonce comme un « jour important » pour la famille de Pat Finucane, qui a vu ses attentes être constamment déçues depuis 1989. O’Neill, dont le parti était autrefois lié à l’IRA, a longtemps soutenu les appels à une enquête indépendante sur cet assassinat, estimant qu’il s’agit d’une étape essentielle pour comprendre pleinement l’étendue de la collusion entre les forces de l’État britannique et les loyalistes.

Toutefois, cette enquête s’inscrit dans un contexte délicat en Irlande du Nord, où le passé des Troubles continue de diviser la société. Alors que les républicains saluent cette démarche comme une victoire pour la vérité et la justice, certains loyalistes la considèrent comme une tentative de rouvrir des blessures anciennes.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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