Les résultats de la 8e édition de l’Observatoire de la Vue des enfants, mené par Ipsos pour KRYS GROUP, révèlent une situation ambivalente concernant la santé visuelle des enfants âgés de 3 à 10 ans. Malgré quelques améliorations, plusieurs indicateurs restent préoccupants, notamment l’usage des écrans et l’accès aux consultations d’ophtalmologie.
Le temps d’écran : un usage toujours préoccupant
Bien que le temps passé devant les écrans ait légèrement diminué par rapport à 2023, passant de 2 h 18 à 2 h 04 par jour, il reste bien supérieur aux recommandations des spécialistes. Les enfants continuent d’utiliser massivement les smartphones, en particulier le soir après les repas, un phénomène inquiétant pour leur santé visuelle et générale.
L’enquête révèle que 68 % des enfants passent encore entre 1 et 2 heures par jour devant un écran, et que la télévision demeure le média privilégié avec 1 h 12 de visionnage quotidien. Les smartphones et consoles de jeux suivent avec respectivement 35 et 30 minutes d’utilisation quotidienne.
Cette surexposition, surtout en soirée et parfois au lit, contribue à l’aggravation des troubles de la vue, un phénomène que l’on retrouve principalement chez les enfants présentant déjà des problèmes oculaires. Il est essentiel de poursuivre les actions de sensibilisation pour réduire ce temps d’écran et éviter que cela ne devienne un fléau permanent.
La montée des troubles visuels chez les enfants
Les résultats de l’Observatoire montrent que 48 % des parents signalent au moins un trouble visuel chez leur enfant, une augmentation de 7 points par rapport à 2023. La myopie est le trouble le plus répandu, touchant 22 % des enfants, suivi de près par l’astigmatisme, qui concerne 21 % d’entre eux.
Cette hausse constante alarme les spécialistes, d’autant plus que de nombreux parents ne sont pas informés des solutions de freination de la myopie. Cependant, des efforts en matière de sensibilisation commencent à porter leurs fruits, notamment grâce aux nombreuses campagnes menées par les acteurs de santé et le gouvernement. Cela se reflète dans la progression du nombre de contrôles de la vue, même si l’âge moyen de la première consultation reste stable, autour de 4 ans.
Une prise en charge plus accessible mais des disparités géographiques marquées
Un autre aspect positif souligné par l’enquête est l’amélioration de l’accès aux consultations d’ophtalmologie. Depuis 2021, on observe une hausse de 12 points dans la proportion d’ophtalmologistes travaillant avec des orthoptistes, ce qui a permis de réduire les délais de rendez-vous à moins de 3 mois en moyenne, contre 4,2 mois auparavant.
Cependant, ces moyennes cachent des disparités importantes entre les zones rurales et les grandes villes. En région parisienne, le délai d’attente pour une consultation est de 2,1 mois, alors qu’il atteint 3,2 mois dans les zones rurales. De plus, la distance entre le domicile des parents et le cabinet d’ophtalmologie varie du simple au double selon la localisation géographique : 17,4 km en moyenne à Paris contre 29,5 km dans les espaces ruraux.
Malgré ces inégalités, la situation s’améliore globalement, notamment en ce qui concerne les distances à parcourir pour se rendre chez un spécialiste. En 2023, ces distances étaient plus importantes, avec une moyenne de 25,3 km pour toute la France, contre 20,1 km en 2024.
La télémédecine, une solution de plus en plus plébiscitée
Dans ce contexte d’inégalités d’accès aux soins, la télémédecine apparaît comme une solution alternative bienvenue. Plus de 70 % des parents se disent prêts à consulter un ophtalmologiste via des plateformes de télémédecine, accompagnés par un opticien ou un orthoptiste. Cette évolution pourrait contribuer à améliorer la prise en charge des enfants, notamment dans les zones où l’accès aux spécialistes reste difficile.
Face à cette situation catastrophique, il est impératif de continuer à sensibiliser les parents aux dangers des écrans et de les informer sur les solutions pour freiner l’aggravation des troubles visuels, comme la myopie. Il est également crucial d’améliorer encore l’accès aux soins pour les familles vivant en milieu rural, où les distances et les délais de prise en charge restent un frein à une bonne prise en charge.
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