Wiebke Muhsal a été élue député au Parlement de Thuringe, lors des élections du 1 septembre 2024, sous l’étiquette du parti nationaliste allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD), dans la circonscription de Saale-Holzland II. Elle y a obtenu le mandat direct attribué au scrutin majoritaire, face à la figure de proue en Thuringe du parti démocrate-chrétien CDU Mario Voigt, qui avait triomphé au sein de cette circonscription en 2009, en 2014 et en 2019. Mario Voigt est cependant, malgré tout, réélu, en tant que candidat de tête, député au Parlement de Thuringe via le scrutin de liste à la proportionnelle. Lionel Baland a rencontré et interrogé Wiebke Muhsal à Erfurt, la capitale de la Thuringe.
Breizh-info : Pourquoi avez-vous rejoint l’AfD ? Étiez-vous auparavant membre d’un autre parti politique?
Wiebke Muhsal : Non, je n’ai pas été membre auparavant d’un autre parti. Je m’intéressais depuis longtemps à la politique et j’étais déçue par tous les partis. Lorsque l’AfD est apparue en 2013, j’ai lu le programme pour les élections fédérales de cette formation politique et j’ai été directement émerveillée, car, tout au long des pages, je n’ai trouvé que des éléments correspondant à mes opinions politiques. J’ai rejoint l’AfD. J’ai été un des membres fondateurs d’une section de district de l’AfD, dont j’ai aidé à la mise en place. J’ai tout de suite siégé au sein du Conseil de direction de cette section de district. Je suis entrée en politique de cette manière.
Breizh-info : Êtes-vous originaire de l’Ouest ou de l’Est de l’Allemagne ?
Wiebke Muhsal : J’ai grandi dans l’Ouest, en Rhénanie du Nord-Westphalie, et je suis arrivée, dans le cadre de mes études, à Iéna en Thuringe, dans l’Est, en 2005. Mes enfants sont nés ici. Je m’y suis aussi mariée. Je peux dire que je me considère comme une Thuringienne.
Breizh-info : Comment expliquez-vous la si grande différence entre l’Ouest et l’Est pour les patriotes ?
Wiebke Muhsal : Je pense qu’une des grandes différences est, qu’à l’Est, les gens savent que se défendre en tant que peuple, ainsi qu’amener les protestations dans la rue, est utile.
Breizh-info : En Thuringe, une partie de la population a-t-elle la nostalgie du communisme de l’époque de la République Démocratique Allemande (RDA) ?
Wiebke Muhsal : Pas au sein de l’AfD. Bien sûr, il y a aussi des électeurs qui votent pour [le parti post-communiste] Die Linke. Je pense que certains d’entre eux sont de l’ancienne gauche. Ce sont surtout des personnes âgées, peut-être des individus qui étaient assez satisfaits du système de l’époque. Je ne comprends pas très bien pourquoi les gens votent pour Die Linke. À cet égard, je ne suis peut-être pas la personne la plus habilitée à répondre à cette question. Je pense que le sentiment que tout n’était pas non plus mal en RDA est répandu parmi les électeurs de Die Linke. Ce que je trouve complètement justifié car chacun a sa propre vie, pour ainsi dire, et logiquement n’a pas seulement eu de mauvaises expériences. Mais je n’appellerais en aucun cas cela de la nostalgie.
Breizh-info : Le BSW, le parti de gauche anti-immigration de Sahra Wagenknecht, est-il un peu patriote ou pas ?
Wiebke Muhsal : Pour moi, absolument pas ! Cela ne constitue certainement pas la première pensée qui me vient à l’esprit à propos du BSW. En revanche, j’estime que le BSW est un emballage trompeur car je crois simplement que cette formation politique est le parti [post-communiste] Die Linke sur lequel une autre étiquette a été collée afin que, comme effet final, le BSW soit une béquille du parti démocrate-chrétien CDU en Thuringe. J’espère que cela pourra être évité au vu des résultats de l’AfD.
Breizh-info : Un front transversal entre l’AfD et le BSW est-il possible ?
Wiebke Muhsal : Tout est possible. Je me bats pour que l’AfD obtienne de forts résultats. Et pour moi, il n’y a pas, en ce moment, de partenaire de coalition privilégié, parce que je ne me réjouis pas de collaborer avec les partis du système et avec les partis qui s’identifient à la politique d’exclusion envers l’AfD, mais je crois simplement qu’il s’agit pour les autres formations politiques de reconnaître le résultat obtenu lors d’élections démocratiques et qui ont vu la victoire de l’AfD. Et ce résultat électoral démocratique exige généralement que la force la plus forte fournisse le ministre-président et que celle-ci tente de former un gouvernement. J’espère que la mentalité des autres partis évoluera et que ceux-ci n’excluront plus nos électeurs.
Breizh-info : Et avec la CDU ?
Wiebke Muhsal : Nous sommes clairement arrivés premiers. En cas de rapprochement avec la CDU, l’AfD doit obtenir le poste de ministre-président de Thuringe.
Breizh-info : Êtes-vous pour un patriotisme social d’un point de vue économique et social ?
Wiebke Muhsal : Oui, cela peut être dit ainsi.
Breizh-info : Et la « remigration », comment la définissez-vous ?
Wiebke Muhsal : Cela signifie en fait une migration de retour vers le pays d’origine. La remigration est une migration de retour. Essentiellement, bien sûr, cela signifie que les gens qui se trouvent illégalement dans notre pays quittent ce dernier. Si les personnes concernées ne partent pas volontairement d’Allemagne, cela doit être réalisé par l’expulsion. Tout le système, qui pour le moment marche sur la tête, doit être remis sur ses pieds, parce que cela n’a pas du tout lieu pour le moment.
Nach meiner Wahl auf Listenplatz 3 für die #Thüringer #Landtagswahl bin ich nun auch zum #Direktkandidaten im nördlichen SHK aufgestellt worden. Meine Herzensanliegen sind nach wie vor:
🔹 Gute Familienpolitik
🔹 Kurswechsel in der Migrationspolitik
🔹 Erhalt der Demokratie#AfD pic.twitter.com/ImA3H5p9ZX— Wiebke Muhsal (@WMuhsal) February 12, 2024
Breizh-info : Les trois partis qui prennent part au gouvernement fédéral à Berlin – les sociaux-démocrates du SPD, les écologistes du Bündnis 90/Die Grünen et les libéraux du FDP – sont en très mauvais état électoral en Thuringe. Comment expliquez-vous cela ?
Wiebke Muhsal : Car ces formations politiques n’écoutent pas les gens. Le plus important pour moi, en tant que femme politique, est que je voie par moi-même que tel ou tel problème existe en Thuringe, que je désire résoudre ceux-ci et que j’écoute les personnes. Au cours des dernières semaines et des derniers mois, j’ai été énormément, avant tout dans ma circonscription, en route afin de rencontrer la population. Je parle avec les gens. J’écoute quels sont leurs problèmes et je cherche, en tant que désormais élue au Parlement de Thuringe, à solutionner ceux-ci.
Breizh-info : Désirez-vous ajouter quelque chose ?
Wiebke Muhsal : Soutenez l’AfD et votez pour l’AfD !
Propos recueillis par Lionel Baland
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Wiebke Muhsal : « A l’Est, les gens savent que se défendre en tant que peuple » [Interview]”
Je retiens qu’elle écoute les doléances et cela me rappelle mon père qui accompagnait car sollicité le candidat du MRP dans les villages de campagne et plus anciennement c’était ce que faisait les notables du coin! La notion de Servir existait! Aujourd’hui certains électeurs se plaignent de ne jamais avoir vu le députain ou la députaine Renaissance! (députain mot inventé par François Brigneau de Minute lorsque j’étais étudiant!).
des allemands commencent à voir et à dire ce qu’ils voient; fini le « wilkommen refugees » de markel, il leur reste beaucoup à faire quand même