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Lucie Castets : les socialistes bretons étaient en vacances…

Elle voulait exister. Elle voulait s’installer à Matignon. Elle voulait appliquer le programme du Nouveau Front populaire. Raté car Emmanuel Macron qui « refuse de voir son bilan économique et social détricoté par la gauche, n’a jamais envisagé une seconde de nommer un Premier ministre issu du NPF » (Solenn de Royer, Le Monde, mercredi 28 août 2024). Bref, Lucie Castets fut le tube de l’été…

A coup sûr, avec Lucie Castets, nous avons affaire à une femme intelligente, certains diront même qu’elle appartient à la catégorie des gens « trop intelligents » (Sciences Po, London School of Economics, Ena). Il est parfois préférable de s’en tenir au simple bon sens qui peut éviter de se faire manipuler et de se lancer dans une opération que l’on sait, dès le départ, condamnée à l’échec. Pour devenir Première ministre – et tenir -, encore faut-il disposer de troupes suffisantes lorsqu’on entre dans une phase de cohabitation. Avec 193 sièges à l’Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire était loin de la majorité absolue : 289 ; non seulement  il lui manquait  96 députés pour faire voter ses projets de loi, mais encore une motion censure aurait provoqué sa chute. Evidemment, Lucie Castets savait tout cela. Pourtant, elle a fait « comme si elle y avait cru vraiment ». « En apprenant que l’Elysée, lundi dans la soirée, rejetait toute éventualité de gouvernement NFP, tous ont fait en chœur comme s’ils étaient sidérés par une telle décision de Macron. Comme si les uns et les autres, Mélenchon le premier, en instrumentalisant beaucoup et non sans habileté la candidate, alors qu’il n’a d’yeux que pour 2027, ne connaissaient pas l’issue d’avance ». » (Erik Emptaz, Le Canard enchaîné, 28 août 2024)

Pourtant, dès sa « nomination », elle a fait « comme si » : « On est au travail. Nous sommes en train de préparer un gouvernement et un programme de gouvernement. » (Aujourd’hui en France, dimanche 28 juillet 2024). Elle appelle le président de la République à « prendre ses responsabilités » en la nommant à Matignon. « Le moment est grave et on ne peut pas ajourner ce type de décision », a-t-elle insisté (France Inter, mercredi 24 juillet 2024). « Nous irons chercher des compromis avec les autres groupes, à l’exception du Rassemblement national. Avec eux, jamais. Néanmoins, je ne serai pas responsable de leurs votes. S’ils veulent abroger la réforme des retraites ou améliorer les services publics, je ne peux pas les en empêcher. » (La Tribune Dimanche, 28 juillet 2024). « Le programme du NFP, c’est notre base de travail, mais il a été construit pour l’exercice du pouvoir en cas de majorité absolue. » (La Parisien, mardi 13 août 2024). « Je ne sais pas à quoi Macron joue… J’ai hâte que la cohabitation commence. » (La Marseillaise, vendredi 16 août 2024). « J’y crois, parce que la logique institutionnelle veut que la Première ministre soit désignée par le bloc arrivé en tête aux élections. » (Le Nouvel observateur, 22 août 2024). « Cela ne peut pas durer comme ça. Vous devez me nommer Première ministre », lance-t-elle au président de la République (La Tribune Dimanche, 25 août 2024). Mais l’opération se termine par le refus du chef de l’Etat de nommer Lucie Castets à Matignon. Réaction de cette dernière : « On est face à un président de la République qui veut être à la fois président, Premier ministre et chef de parti. Les institutions ne peuvent pas fonctionner comme cela. » (France Inter, mardi 27 août 2024). « Le président de la République refuse de prendre en compte les résultats des élections législatives des 30  juin et 7 juillet. Je suis donc en colère et révoltée. » (Ouest-France, mercredi 28 août 2024).

Des amis sur qui on peut compter

Une chose a certainement joué en défaveur de la « Première ministre virtuelle » (23 juillet-26 août) : les barons du Parti socialiste la soutenaient du bout des lèvres. En Bretagne, les poids lourds du PS ne se sont pas mobilisés. La presse régionale ne s’est pas faite l’écho de leur mécontentement, de leurs protestations, de leur indignation. Etaient-ils en vacances ? Leur silence était assourdissant. C’est vrai pour les trois présidents des conseils départementaux : Michel Ménard (Loire-Atlantique), Jean-Luc Chenut (Ille-et-Vilaine),  Christian Coail (Côtes-d’Armor). Pour les cinq députés : Mélanie Thomin (Carhaix), Claudia Rouaux (Montfort-sur-Meu), Mickaël Bouloux (Rennes-Saint-Jacques-de-la-Lande), Karim Benbrahim (Nantes-Orvault), Fabrice Roussel (Nantes-Carquefou). Pour les cinq sénateurs : Sylvie Robert (Ille-et-Vilaine), Annie Le Houérou (Côtes-d’Armor), Jean-Luc Fichet (Finistère), Karine Daniel (Loire-Atlantique), Simon Uzenat (Morbihan). Pour les quatre « grands maires » : François Cuillandre (Brest), Johanna Rolland (Nantes), Nathalie Appéré (Rennes), David Samzun (Saint-Nazaire).

Un seul, à notre connaissance, s’est exprimé avec force sur la question. Vincent Le Meaux président de Guingamp-Paimpol Agglomération, a réintégré le PS après avoir été suspendu en 2022 ; il s’était en effet présenté aux législatives contre le candidat Nupes. Dans la nomination par un aréopage parisien de Lucie Castets, il voit une rupture de plus entre « gauche périphérique et gauche parisienne. La Bretagne est mise à l’index. Il va falloir qu’on se réveille. » (Le Télégramme, vendredi 23 août 2024).

Bernard Morvan

Crédit photo : Tomkiou/Wikimedia (cc)
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