Le 70ème numéro de la revue War Raok vient de paraitre. Ci-dessous l’éditorial et le sommaire.
Exposer notre théorie, c’est refuser de tricher avec notre peuple
L’élaboration de principes accordés à la défense des peuples colonisés répond à des nécessités. Il faut lui assurer les fondements solides d’une réflexion cohérente, d’une justification convaincante et d’un discours fondateur susceptibles de lui donner sa pleine dimension historique. Il y a urgence parce que la crise aiguë qui secoue nos peuples, aggravée par l’état de déliquescence de la société occidentale, risque d’atteindre un point de non-retour.
Il s’agit de poser des principes clairs car une action mal perçue est vouée à l’échec ou, ce qui est pire, à la perversion, au détournement vers des fins étrangères à son but. Réduite au niveau du spectacle, la revendication nationaliste, à contenu ethniste, ne servira que de faire-valoir à nos adversaires et sera réduite au rôle d’utilité d’une vie politique préfabriquée. Un peuple qui ne parvient pas à faire entendre sa voix ou qui le fait en usant de références qui lui sont données par l’extérieur (idées à la mode, slogans vides de sens…), est voué à être récupéré par le système qui l’aliène. Dans le même ordre d’idées, on sait comment le système colonial laisse filtrer, quand cela lui est utile, une « extrême-gauche » ou une « extrême-droite » qui lui servent de repoussoir et qui sont en fait des produits fabriqués de toute pièce. Pour éviter cette récupération dans un système qui veut la disparition des peuples, nous devons imposer nos propres références historiques, ne pas laisser les autres les définir par rapport à des concepts étrangers, à un vocabulaire exogène… C’est ainsi que nous nous poserons en acteurs historiques, non en figurants marginaux d’une société artificielle.
Sur le plan de la pratique, la cohérence doctrinale est le seul moyen d’éviter les manipulations de tous ordres. On connaît bien l’accusation d’un autonomisme ou d’un indépendantisme qui aurait sa source « à l’étranger ». On connaît aussi l’assimilation de l’ethnisme au « racisme » ou à la « xénophobie ». La déformation par adaptation à l’idéologie en cours est une arme coutumière de ceux qui luttent contre la liberté et l’émancipation des peuples. Nous la détournerons en montrant que nous portons en nous-mêmes les motivations et les justifications de nos actes et de nos idéaux.
Notre engagement pour le peuple breton résulte d’une prise de conscience et d’une décision spécifique. Nous sommes mus par une nécessité interne et non par la pression ou l’influence d’une société qui nous est étrangère, et dont nous refusons les rôles qu’elle veut nous faire jouer. Laisser à d’autres le soin de se définir c’est être agis par eux, c’est être sujets de l’histoire. Or nous voulons faire notre histoire, c’est-à-dire faire rentrer notre peuple dans l’histoire en lui rendant la possibilité d’agir pour lui-même et d’être l’acteur de son devenir.
Alors, nous devons nous situer et prendre du champ par rapport à l’instant, distinguer tactique et stratégie, refuser l’enfermement dans l’actualité, où les plus impatients risquent de perdre le sens de la durée qui caractérise les grandes actions menées au service d’un peuple. Une réflexion théorique est donc à la fois une auto-construction et une maîtrise de l’événement. Il entre enfin dans notre projet un élément d’éthique. Nous vivons en un temps qui favorise le trouble des esprits et provoque indirectement les situations ambiguës. La claire expression de nos idées et de nos buts est l’un des moyens par lesquels nous nous démarquons des velléitaires ou des profiteurs.
Si la conscience de nos buts doit nous inviter à plus d’exigence envers nous-mêmes, elle nous permet aussi de refuser l’aventurisme, l’excès d’actes et de paroles, l’immaturité politique ou le confusionnisme intellectuel qui sont les agents de toutes les provocations… tout comme la complaisance quasi pathologique dans des attitudes outrées.
Nous devons nous donner les moyens de dépasser l’événementiel pour mieux nous construire comme agents de l’histoire, acteurs de notre libération nationale.
Padrig MONTAUZIER
SOMMAIRE WAR RAOK N° 70
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3
Buan ha Buan page 4
Politique
Histoire du fascisme page 8
Environnement
Pseudo-écologistes et hypocrisie des pays occidentaux page 11
Tribune libre
Migration et culpabilité impériale page 14
Société
Sur le phénomène Woke page 16
Billet d’humeur
L’homme politique en tant que menteur pathologique page 18
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 21
Mythologie celtique
Le monde des abeilles chez les Celtes page 23
Tradition
Culture traditionnelle et populaire de Kosovo Polje page 26
Grandes figures
Paul Le Flem, 80 années de vie musicale page 28
Histoire de Bretagne
La bataille de Trans-la-forêt page 31
Nature
Le geai des chênes aux ailes marbrées bleues électriques page 34
Lip-e-bav
Irish stew, stobhach Gaelach page 36
Keleier ar Vro
Les châteaux et l’histoire de Bretagne page 37
Bretagne sacrée
L’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé page 39.
Pour vous abonner ou commander un exemplaire, c’est ici
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
5 réponses à “« Nous sommes un peuple ». Le 70ème numéro de la revue War Raok vient de paraitre”
OK, c’est bien jolie cette prose mais concrètement qu’elle est votre position vis à vis de l’immigration, de l’insécurité, de l’islamisme, du wokisme, et de l’état jacobin?
Cet éditorial c’est presque un programme pour un nouvel Emsav…, nouvel Emsav qu’il faut moderniser et actualiser un peu !
Monsieur Le Gwenn, lisez War Raok et vous aurez votre réponse.
Ar gwenn eut été mieux traduit. Entre les différents war raok utilisés par diverses obédiences, breizh war raok, kemper war raok, pour ne citer que deux, parmi d’autres au cours de mes lectures il m’est difficile de trier les infos à plus de 5000 kms, d’où ma question où se situe war raok sur les problématiques évoquées précédemment ?
Ar gwenn voilà les coordonnées du site de la revue War Raok :
http://www.war-raok.eu
A galon ganeoc’h