Le marché du travail pour les jeunes traverse une période de transition marquée par des dynamiques complexes et variées, selon les régions du monde. Le rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les tendances mondiales de l’emploi des jeunes en 2024, qui célèbre son 20e anniversaire, offre un aperçu détaillé de la situation actuelle des jeunes sur le marché du travail. Ce document met en lumière les défis persistants ainsi que les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies, tout en anticipant les tendances futures.
Une reprise post-covid très inégale
L’une des principales observations du rapport concerne l’impact différencié de la reprise économique post-pandémique sur les jeunes. Alors que le taux de chômage des jeunes a chuté à 13 % en 2023, le plus bas en quinze ans, cette amélioration n’a pas été ressentie uniformément. Les jeunes hommes ont, par exemple, bénéficié d’une reprise plus rapide que les jeunes femmes, ces dernières ayant subi un double désavantage avec une hausse plus marquée du chômage durant la pandémie et une baisse plus lente par la suite.
Cette tendance est particulièrement visible dans certaines régions comme les États arabes et l’Asie de l’Est, où le chômage des jeunes reste plus élevé qu’avant le Covid-19. À l’inverse, d’autres régions ont vu leur taux de chômage revenir à des niveaux inférieurs à ceux d’avant la crise. En dépit de ces améliorations, une proportion significative de jeunes reste exclue du marché du travail, en particulier parmi ceux qui ne suivent ni études ni formation (les NEET). En 2023, 20,4 % des jeunes dans le monde appartenaient à cette catégorie, soulignant un problème plus profond d’exclusion sociale et économique.
Des écarts marqués selon les régions
Les disparités régionales sont un autre point clé du rapport. Dans les pays à faible revenu, seule une minorité de jeunes adultes parvient à trouver un emploi rémunéré stable. Par exemple, en Afrique subsaharienne, près de trois jeunes adultes sur quatre exercent une activité précaire. La situation est particulièrement préoccupante dans les États arabes et en Afrique du Nord, où les taux de chômage des jeunes restent élevés, avec un impact disproportionné sur les femmes.
En revanche, dans les pays à revenu élevé, la majorité des jeunes adultes occupent des emplois stables. Cependant, la précarité de l’emploi augmente également dans ces régions, avec une montée du travail temporaire parmi les jeunes travailleurs. Cette précarité croissante alimente l’anxiété chez les jeunes, qui sont de plus en plus inquiets pour leur avenir, en raison de l’instabilité économique et des faibles perspectives de mobilité sociale.
Ainsi, les salaires en Espagne ont pratiquement gelé entre 2013 et 2020, d’après El Debate. Au cours de cette même période, l’inflation mondiale est restée contenue à 3,2 %, alors qu’en Espagne, le taux d’inflation était bien inférieur, les prix n’augmentant même pas de 1 % par an. L’économie espagnole a connu une croissance très faible au cours de cette période, ce qui explique la faible croissance des salaires.
Le panorama a toutefois changé radicalement en 2021, lorsque les prix mondiaux ont augmenté de 4,7 %, selon l’OIT, « en raison de la pénurie de matières premières », puis ont grimpé de 8,7 % en 2022 en raison de « l’augmentation des prix de l’énergie après le début de la guerre en Ukraine ». Malgré un ralentissement de l’inflation en 2023 à 6,8 %, l’augmentation totale des prix des biens et services au cours des trois dernières années a atteint le chiffre exorbitant de 20,2 % à l’échelle mondiale. En Espagne, plus précisément, les prix ont grimpé de 16,12 %.
Bien que le rapport de l’OIT prévoie un ralentissement de l’inflation à 5,9 % au niveau mondial en 2025, selon El Debate, « l’augmentation rapide des prix au cours des dernières années, sans augmentation correspondante des salaires nominaux, a entraîné une baisse des salaires réels dans la plupart des économies du G20 », indique le rapport. « Cela a conduit à une crise du coût de la vie, ainsi qu’à l’érosion du niveau de vie des travailleurs dans le monde entier ».
Certains pays, en particulier les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, ont vu les salaires réels augmenter de manière significative pour les jeunes travailleurs. C’est le cas de la Pologne. Selon le rapport de l’OIT, « dans les pays où la demande de travail de débutant est forte et l’offre de demandeurs d’emploi limitée, les salaires réels des jeunes devraient augmenter plus rapidement que ceux des plus de 30 ans ». Selon l’OIT, cette théorie s’est vérifiée dans des pays tels que l’Indonésie, le Pakistan, la Pologne, la Turquie, les États-Unis et le Viêt Nam.
Par rapport aux travailleurs de plus de 30 ans, les jeunes travailleurs de ces pays ont vu leur salaire réel augmenter. En 2022. Au Viêt Nam, ils étaient 40 % plus élevés en 2022 qu’en 2013 et 30 % plus élevés en Indonésie et en Pologne. Le Pakistan, la Turquie et les États-Unis ont également connu des augmentations ; dans le cas des États-Unis, les salaires réels ont augmenté de 20 %.
L’OIT attribue la baisse des salaires réels des jeunes travailleurs à « la surreprésentation des jeunes travailleurs dans le travail temporaire et à temps partiel », ainsi que « dans certains types de secteurs économiques et dans l’économie informelle ».
Le décalage entre l’éducation et le marché du travail
Un autre aspect crucial abordé dans le rapport est le décalage croissant entre les qualifications des jeunes et les besoins du marché du travail. Bien que le niveau d’éducation des jeunes ait augmenté à l’échelle mondiale, le retour sur investissement en termes de carrière ne suit pas nécessairement cette tendance. Cela est particulièrement visible dans les pays en développement, où les jeunes diplômés peinent à trouver des emplois correspondant à leurs qualifications. Cette situation contribue à un chômage élevé parmi les jeunes qualifiés, tandis que beaucoup d’autres continuent de travailler dans des emplois peu qualifiés ou précaires.
L’augmentation des conflits dans le monde depuis 2010 a également des répercussions significatives sur l’emploi des jeunes. En 2024, environ 57 millions de jeunes vivent dans des zones touchées par des conflits, ce qui réduit considérablement leurs perspectives d’emploi.
Parallèlement, les dynamiques démographiques jouent un rôle de plus en plus crucial. En Afrique, où la population jeune est en pleine expansion, la création d’emplois décents pour cette nouvelle génération représente un défi majeur. À l’inverse, dans les régions vieillissantes comme l’Amérique du Nord, le déclin de la population jeune pourrait entraîner une pénurie de main-d’œuvre et une pression à la hausse sur les salaires, tout en posant des défis pour la croissance économique à long terme.
Pour faire face à ces défis, l’OIT recommande plusieurs actions prioritaires. Parmi elles, la création de politiques de l’emploi ciblées qui stimulent la création d’emplois, l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la formation, ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes. I
En conclusion, bien que des progrès notables aient été réalisés au cours des deux dernières décennies, de nombreux jeunes dans le monde continuent de faire face à des défis considérables sur le marché du travail. Les disparités régionales, le décalage entre l’éducation et les opportunités d’emploi, ainsi que les effets des conflits et des dynamiques démographiques, nécessitent des réponses politiques fortes et coordonnées pour garantir un avenir meilleur aux jeunes générations.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
