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Florian Marek : « le stoïcisme est une philosophie de l’action et non une philosophie abstraite de bibliothèque »

Nous vous présentons ci-dessous Florian Marek, qui a écrit plusieurs ouvrages philosophiques sur lequel nous l’avons interrogé (les références des ouvrages sont disponibles et peuvent être commandés ci-dessous).

Breizh-info.com : Pouvez-vous nous parler de votre parcours d’écrivain ? Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’écriture ?

Florian Marek : Je ne sais pas si j’ai un parcours d’écrivain, je sais juste,que j’ai un parcours de vie. Un parcours qui a quelques similitudes avec celui d’Epictète. Effectivement lui était issu des classes sociales les plus basses de son temps, je suis issu d’un monde d’ouvriers et de paysans. Il a eut la jambe brisée j’ai également eu la jambe brisée.

Sinon, je suis un enfant de l’immigration, j’ ai des origines polonaises et espagnoles. Mes origines polonaises ont fait naître en moi l’amour de l’histoire et de la culture polonaise. Ce qui m’a mené à collaborer pendant un an avec Tygodnik Solidarność, l’hebdomadaire du légendaire syndicat Solidarność, qui a eu pendant un temps une version francophone « Tysol France ».

Ce qui m’a poussé à coucher mes pensées sur le papier, c’est l’envie de transmettre aux autres, d’apporter modestement ma pierre à l’édifice de la civilisation occidentale. Je voulais m’inscrire dans cette oeuvre civilisatrice qui me dépasse, non pour moi, mais pour ceux qui feront le monde de demain.

Breizh-info.com : Vos livres semblent largement inspirées par la philosophie stoïcienne. Qu’est-ce qui vous attire dans cette philosophie et comment cela se reflète-t-il dans vos écrits ?

Florian Marek : Ce qui m’a guidé vers la philosophie stoïcienne est que le stoïcisme est une philosophie de l’action et non une philosophie abstraite de bibliothèque. Le stoïcisme commande que nous vivions, selon notre nature humaine, dans le respect des vertus et d’accéder au bonheur par la maîtrise de nos émotions et passions. Le tout en discernant ce qui dépend de nous de ce qui n’en dépend pas, mais également d’accepter que nous ne sommes que de passage sur cette terre. Le stoïcisme demande que nous soyons exigeant avec nous même avant de l’être avec les autres. La philosophie du Portique est, pour filer la métaphore taurine, un « mano a mano » contre soi-même. Je fais mien le qualificatif de stoïcien.

Après Je ne sais pas si mon stoïcisme se reflète dans mes écrits, je vous laisse en être l’archonte.

J’applique ce que pouvait dire Sénèque, c’est-à-dire, que quelques lignes peuvent suffire pour faire un bon livre. D’où mes formats courts, une des maximes des stoïciens étant « acta non verba ».

Breizh-info.com : Pouvez-vous nous présenter brièvement chacun des livres que vous proposez sur votre site ?

Florian Marek : Oui bien sûr. Comme je l’ai dis, mes livres sont courts et mon engagement est de proposer des ouvrages à moins de dix euros. Je veux rendre la philosophie et notamment le stoïcisme accessibles à toutes les bourses. Vous y trouverez le point de vue d’un stoïcien sur le monde qui nous entoure.

Le premier, De l’amour de la Solitude, traite des relations sociales vu par mon prisme de solitaire.

Le deuxième, De stoicismus in pandemicis temporibus, lui met en exergue nos apories en ce qui concerne la maîtrise de nos passions et émotions face à un évènement qui ne dépend pas de nous, ainsi que notre rapport à la mort.

Et le troisième, Sur le temps, lui est un petit traité dans lequel je tend à apporter une définition stoïcienne de ce dernier.

Breizh-info.com : « De stoicismus in pandemicis temporibus » est un titre qui attire l’attention. Pouvez-vous expliquer comment le stoïcisme peut aider à naviguer dans des périodes aussi incertaines que la pandémie ?

Florian Marek : Le stoïcisme nous fait prendre conscience que nous sommes bien peu de choses, que nous avons peu de prises sur les évènements.

La seule chose sur laquelle nous ayons réellement prise c’est notre jugement, notre appréhension des évènements. Une personne terrassée par l’angoisse ou la peur peut commettre des actes déraisonnables.

Ce que nous devons travailler pour traverser toute période d’incertitude c’est l’ataraxia, le travail sur les passions et les émotions. Puis, vient l’application de l’enseignement d’Epictète « sustine et abstine » nous devons comprendre et vivre selon les lois qui régissent la nature, les accepter et accepter que bien des choses ne dépendent pas de nous et de nous concentrer sur ce qui dépend de nous afin de traverser les turpitudes de l’existence du mieux que possible.

Une pandémie par exemple, ne dépend pas de nous, ce qui dépend de nous c’est notre jugement sur celle-ci. Était-il nécessaire de terrifier les gens, de brider leur liberté ou de leur faire croire que leur voisin même asymptomatique était un dangereux contaminateur? Était-ce humain d’enfermer et laisser mourir de chagrin nos anciens en EHPAD ? Et je ne reviendrai pas sur les mesures politiques plus iniques et absurdes les une que les autres.

Cette période en dit long sur notre rapport à la mort et sur plein d’autres aspects de notre époque. Époque façonnée par d’éternels boomers insouciants, qui se sont crus immortels, au dessus de la nature et qui ont reçu une leçon de memento mori grandeur nature. Ces derniers ont oublié que ce n’est pas la durée de la vie qui importe mais, plutôt son emploi.

A destination de tous et pas que des boomers, la mort est du domaine du passé, nous avons bien plus de jours derrière nous que devant nous. Chaque nuit, chaque crépuscule nous mourons d’une journée. Nous n’avons pas de jours en plus, ils sont toujours en moins.

Le stoïcisme, nous aurait évité de vivre cette période d’absurdie.

Breizh-info.com : Votre livre « De l’amour de la solitude » traite d’un sujet universel. Comment avez-vous abordé ce thème et quelles sont les principales idées que vous souhaitez transmettre à vos lecteurs ?

Florian Marek : Ce livre revêt une part autobiographique. Je l’ai abordé sous le prisme de l’éloge. Des enseignements de l’existence, je peux tirer comme leçon que ma seule véritable amie s’appelle Solitude. J’ai voulu transmettre le message d’un solitaire heureux, qui finalement n’a que faire des liens artificiels de notre époque et de la sempiternelle comédie humaine.

Certes, ce n’est pas toujours facile d’être solitaire car on est confronté constamment à soi-même, à sa médiocrité, à son insignifiance face à l’ immensité du cosmos. Se regarder par de là les iris, aller se regarder dans l’âme demande bien du courage.

Comme le dirais Chrysippe de Soles, si j’avais suivi la foule, je ne serai pas devenu philosophe. Nous devons arrêter de suivre, la solitude est le lieu de la pensée féconde, de la nécessaire introspection.

Enfin, je dirais qu’il ne faut pas rechercher l’amitié ou l’amour des autres, il faut laisser venir et surtout ne pas tenter de retenir. Si cela vient ou ne vient pas, c’est que tel en a décidé le destin. Seuls nous naissons et seuls nous mourons.

Breizh-info.com : Votre livre « Sur le temps » semble aborder des concepts philosophiques profonds. Pouvez-vous partager votre réflexion sur la notion du temps et comment vous l’avez explorée dans votre œuvre ?

Florian Marek : Le temps est tout d’abord quelque chose d’incorporel, nous ne le voyons pas. Lorsque nous regardons un horloge ce n’est pas le temps que nous voyons, nous voyons un instrument de mesure de ce dernier. Ensuite, je partage l’idée de cyclicité du temps defendu par les stoïciens qui m’ont précédés. Ils appellent ce cycle du temps comme d’une »grande année » un cycle qui durerait 18 000 ans. Ce cycle se conclut par l’ekpurosis, une grande conflagration qui initie un renouveau sur terre et dans l’univers. J’ évoque également le fait que nous soyons dans un présent permanent. Par exemple, hier à été le présent d’avant-hier et demain sera à son tour présent et ainsi de suite.

Puis, je me suis intéressé au temps des hommes, c’est à dire la vie.

Je traite de la nostalgie qui est selon moi vivre dans le passé. La nostalgie, c’est le regret du passé, le fameux c’était mieux avant. Si avant était mieux qu’aujourd’hui, alors pourquoi ne pas l’avoir préserver pour que cet avant demeure présent ? Vivre au présent n’est pas dangereux, car aujourd’hui permet de digérer, de bonifier les enseignements ou de corriger les erreurs d’hier, pour que demain soit meilleur. Une chose que les homo boomerus n’ont pas faites. S’ils avaient voulu leurs lendemains qui chantent, ils auraient agit autrement. Pour paraphraser Marc Aurèle la nostalgie et l’espoir dans le futur sont des erreurs de jugement et peuvent mener a bien des souffrances, il ne suffit pas d’espérer que demain sera mieux qu’aujourd’hui, il faut le vouloir en agissant aujourd’hui et le passé ne reviendra pas.

Se projeter, ou espérer que demain sera mieux qu’aujourd’hui est purement spéculatif. Je préfère avoir la volonté et faire en sorte que. On peut avoir tout fait aujourd’hui, pour que demain soit meilleur, mais si, demain n’est pas meilleur, c’est que notre destin était de connaître pire qu’aujourd’hui. Cependant, il restera la satisfaction d’avoir tenté quelque chose.

J’explore également la notion de préciosité du temps. Pour moi le temps, n’est pas un élément sur lequel nous avons prise. C’est un indifférent car il ne dépend pas de nous, c’est plutôt notre jugement et son usage qui le rendent précieux.L’unité qui est précieuse c’est la vie. Le temps à commencer, vous savez il y a des milliards d’années et continuera encore des milliards d’années. La vie humaine n’est qu’une parenthèse dans cette éternité. Ce qui rend la vie précieuse, comme le disait Sénèque dans ses lettres à Lucilius c’est qu’à tout moment elle est derrière nous. Nous n’avons pas la vie devant nous car notre mort c’est le passé que nous charrions derrière nous. A n’importe quel moment le destin peut siffler la fin de la récréation. Nous mesurons la préciosité et la valeur de la vie son utilisation. Une vie à servir le bien, la vertu et la communauté des hommes a bien plus de valeur qu’une vie à servir le mal, le vice et son propre intérêt.

Enfin, je reviens sur le temps à soit sur le loisirs et comme, jadis les grecs je fais le distinguo entre loisir et divertissement oisiveté et paresse. Vous savez comment les Grecs anciens nommait le loisir ? Ils le nommait shkolé, qui donnera notre mot école. Le loisir c’est le moment pendant lequel l’enrichissement financier laisse place à l’enrichissement de l’âme, du corps, l’acquisition des connaissances et des savoirs. Tout le contraire de nos parcs de loisirs qui usurpent le mot, nous devrions y substituer le terme de loisir par divertissement. Quel est pour l’âme le bénéfice à aller à Disney Land? Pour l’oisiveté, Thomas Hobbes disait qu’elle était la mère de la philosophie. Je pense que l’oisiveté, si elle sert à méditer et à penser elle peut être une bonne chose. Je vous invite à lire « Le temps à soi » et « L’éloge de l’oisiveté » de Sénèque si vous voulez approfondir le sujet. Sénèque qui disait que « le loisir sans étude c’est la mort; une pierre tombale pour la personne vivante ».
Et pour vos lecteurs, qu’ils prennent du temps pour eux car, le temps passe.

Breizh-info.com : Quels auteurs ou philosophes vous inspirent le plus dans votre travail ? Y a-t-il des œuvres qui ont particulièrement marqué votre parcours d’écrivain ?

Florian Marek : L’empereur romain Marc Aurèle nous conseillait d’avoir des modèles le sien était Zénon de Kition fondateur de l’école du Portique. Les miens sont Cléanthe successeur du dit Zénon, Epictète et Sénèque. Si je devais vous donner des noms de personnes que je trouve inspirantes parmi nos contemporains. Enfin, pour ce qui est de la sphère francophone, je vous dirai que le sociologue Michel Maffesoli, le professeur David Engels, l’essayiste Julien Rochedy et le philosophe Alain de Benoist en font partie.
Aucune œuvre n’est significative dans mon approche de la philosophie, elles le sont toutes. Chacune de mes lectures me laisse quelque chose.

Breizh-info.com : Avez-vous d’autres projets d’écriture en cours ? Pouvez-vous nous donner un avant-goût de ce sur quoi vous travaillez actuellement ?

Florian Marek : Le deuxième traité qui suit celui sur le temps, est déjà sorti, il parle de l’âme, ce feu qui nous habite tous. Actuellement, je travaille sur la suite de mes traités, les thèmes qui seront abordés sont les passions, la vertu et le destin. Je prépare également un petit manuel stoïcien.
Je vous remercie pour cet entretien.

(Mes livres sont disponibles sur : https://www.florianmarek-livres.fr/)

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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2 réponses à “Florian Marek : « le stoïcisme est une philosophie de l’action et non une philosophie abstraite de bibliothèque »”

  1. Georges Slowik dit :

    Je ne suis pas sur que le stoicisme seul soit suffisant pour arriver a la « joie » interieure sans une serieuse dose « d’existententialisme » et je ne veux pas parler de Sartre Camus Beauvoir qui ont perverti la notion originale de Soren Kirkegaard. Non l’existentialisme n’est pas un humanisme.

  2. Winston dit :

    Absolument

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