Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 20 août, c’est la Saint Philbert
Saint Philibert (ou Filibert) de Jumièges, de Noirmoutier ou de Tournus, né en 617 ou 618 à Elusa, aujourd’hui Eauze dans le Gers – mort le 20 août 684 à Noirmoutier) était un moine et un abbé français du VIIe siècle. Il a fondé les monastères de Jumièges et de Noirmoutier. Ses reliques ont été apportées à Tournus où il fut l’objet d’une grande vénération Fête le 20 août.
Philibert était fils unique de Filibaud, premier magistrat de Vic ou Vic-Jour, en latin Vicus-Julius, aujourd’hui Aire-sur-l’Adour dans le département des Landes, dont il fut depuis évêque. Il vint au monde dans l’ancienne ville d’Eauze, en Gascogne, vers l’an 617 ou 618 et fut élevé à Vic sous les yeux de son père. D’excellents maîtres l’instruisirent aux sciences et le formèrent à tout ce qui était d’usage parmi la nation. Il acquit par leurs soins toutes les connaissances capables de former l’homme pour l’esprit et pour le cœur, pour le monde et pour la religion. Dès que Philibert fut en état d’être produit dans le monde, son père, qui était en grande recommandation auprès du roi Dagobert Ier, lui ménagea une place à la Cour, où il fit la connaissance de Saint Ouen et mérita son estime.
Insatisfait par la vie futile qu’il menait à la cour, il forma, à l’âge de vingt ans, le dessein de consacrer sa vie à Dieu en devenant moine. L’ayant fait approuver par le roi, dont le consentement était nécessaire, il vendit tous ses biens et en distribua le prix aux pauvres et aux monastères. S’il préféra celui de Rebais, nouvellement fondé dans la Brie au diocèse de Meaux, ce fut moins à cause des grands biens qu’il y avait donnés, que parce qu’il connaissait Saint Agile, que son ami Saint Ouen y avait établi premier abbé.
Plus tard, en 654, il fonda un monastère à Jumièges, près de Rouen, sur des terres fertiles, où il venait autrefois chasser avec le roi Dagobert. Il imposa une discipline d’une grande austérité : jeûnes, veilles, flagellations dit-on. A Jumièges, il aurait recueilli les énervés de Jumièges. Quand il apprit que Ebroïn, le maire du palais, avait fait assassiner Saint Léger d’Autun, il alla reprocher son crime au maire de Neustrie. Ebroïn chargea Saint Ouen de le faire disparaître. L’évêque de Rouen obéit, le fit emprisonner, mais la captivité fut douce et dura peu, car Ebroïn fut assassiné à son tour.
Saint Philibert remercia Saint Ouen de son hospitalité, l’assura de sa parfaite amitié et prit le chemin du monastère de Noirmoutier, où il mourut le 20 août 684, à près de 70 ans, son corps sera alors été déposé dans un sarcophage.
Les moines de Noirmoutier ont élevé vers 847 en son honneur une prieurale carolingienne à Déas, devenu par la suite Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Lors des invasions normandes, ses reliques furent transportées à Tournus en Bourgogne, où lui fut bâtie une magnifique abbatiale.
Des villages portent son nom dans la vallée du Rhône, en Anjou et en Bretagne. De Noirmoutier à Tournus, ses reliques accomplirent un grand périple, passant par Cunault et Saint-Pourçain-sur-Sioule, qui contribua à sa grande popularité.
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