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L’Ukraine lance une offensive surprise en Russie

C’est une opération qui a pris de court tous les observateurs du conflit russo-ukrainien. Alors que les forces armées ukrainiennes peinent sur l’ensemble du front, cette offensive ukrainienne, débutée le 6 août dans la région située au sud de la ville de Koursk, était pour le moins inattendue.

La tactique du Blitzkrieg 

Une incursion similaire avait déjà eu lieu dans la région de Belgorod en mai 2023, où des troupes sous la bannière des RDK (Corps des volontaires russes) avaient pris d’assaut le poste frontière de Graïvoron et occupé quelques localités pendant plusieurs jours. Cette opération, dont le bénéfice était surtout politique, avait eu un impact médiatique important pour le camp ukrainien. Bien qu’aucune victoire stratégique ou tactique n’en ait résulté, le simple fait que des troupes armées hostiles puissent pénétrer en territoire russe constituait une victoire symbolique, bien que chèrement payée.

On peut dire aujourd’hui que l’incursion dans la région de Belgorod était un galop d’essai, un test grandeur nature pour l’opération en cours actuellement dans l’oblast de Koursk. La différence principale réside dans le fait que, cette fois-ci, ce ne sont pas des unités de volontaires plus ou moins indépendants qui ont mené l’opération, mais bien des forces régulières entrainées par l’OTAN. Les effectifs et le matériel utilisés sont également bien plus importants. La tactique, quant à elle, est similaire et a su exploiter les faiblesses de l’armée russe. On a ainsi pu constater que la frontière entre la Russie et l’Ukraine était particulièrement mal défendue coté russe, avec notamment l’emploi de conscrits n’ayant jamais connu l’épreuve du feu. La tactique utilisée peut être qualifiée de « Blitzkrieg », mettant l’accent sur la rapidité des assauts et la multiplicité des zones attaquées. L’objectif étant de désorganiser l’armée adverse et d’éviter à tout prix d’établir un front clairement défini, une configuration dans laquelle l’armée russe serait avantagée. On assiste donc à de véritables raids, semblables à des razzias. L’objectif de l’attaquant n’est pas de s’emparer de localités ou d’objectifs définis, mais de porter le feu un peu partout sur le territoire ennemi puis de passer à un objectif plus éloigné, créant ainsi un sentiment de confusion chez les défenseurs.

Si dans un premier temps l’objectif semble être rempli, on sent tout de même que cette tactique repose sur un plan purement médiatique. La difficulté de cette tactique réside dans le fait que les groupes ukrainiens doivent rester constamment en mouvement sous peine d’être fixés et irrémédiablement détruits. Le facteur temps est également vital, car une fois l’effet de surprise passé, la machine militaire russe se met en place et, avec l’efficacité qu’on lui connaît, peut résorber cette incursion. Chaque jour qui passe diminue irrémédiablement le potentiel humain (les soldats meurent) et les capacités des véhicules à se déplacer (problème de ravitaillement et destruction via les drones…).

Un bilan provisoire plus que mitigé

Cette « attaque éclair » est entourée de ce qu’on appelle le brouillard de guerre. La confusion recherchée par les Ukrainiens ne permet pas d’avoir une vision claire de ce qui se passe au sol. Surtout quand on prend en compte les difficultés des communications induites par la guerre électronique qui fonctionne à plein régime des 2 cotés. Côté ukrainien, aucun détail de cette opération ne transparaît, ce qui est normal pour une telle opération. Les seules sources un tant soit peu fiables proviennent donc du côté russe, qui a besoin de fournir des éléments de victoire pour contrecarrer l’effet médiatique désastreux de cette incursion sur leur territoire.

Le ministère russe de la Défense a fait état de pertes importantes pour les forces du régime de Kiev, soutenues par l’Occident, dans la direction de Koursk, avec jusqu’à 1 120 militaires et 140 unités de véhicules blindés, dont 22 chars et 20 véhicules blindés de transport de troupes, détruits. Ces chiffres doivent être pris avec précaution mais semblent relativement crédibles. Côté russe, le bilan est également important, avec une cinquantaine de gardes-frontières capturés dès le début de l’assaut et, quelques jours plus tard, une colonne de camion de transport de troupes venue en renfort bombardée, entraînant la mort d’environ 100 soldats.

Il est encore trop tôt pour tirer un bilan de cette opération, mais les observateurs occidentaux s’interrogent sur son réel intérêt. Les gains apparaissent plus d’ordre symbolique que tactique ou stratégique malgré l’importance des gains territoriaux (entre 150 et 200 kilomètres carrés). C’est plutôt le fait d’avoir montré qu’il était possible d’envahir une partie du territoire russe qui constitue une victoire en termes de communication, bien que payée à un prix très fort. Et l’absence de réponse véritable de la Russie. Le reste du front n’a pas été impacté par cette opération. L’incursion russe au nord de Kharkov suit son cours, la progression à l’est de Avdiivka conserve le même rythme, et une nouvelle tentative de débarquement ukrainien au sud-ouest de Kherson a viré au fiasco avec la destruction du commando.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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