Après le premier tour des législatives, toute la gauche brestoise s’est mobilisée bruyamment : il fallait faire barrage au Rassemblement national. Pourtant les résultats montraient que le candidat du RN n’avait aucune chance dans la circonscription de Brest, faute de disposer de réserves : 18 850 voix (35,28 %) pour Pierre-Yves Cadalen (LFI), 12 065 voix (22,58 %) pour Denis Kervella (RN) et 9 874 voix (18,48 %) pour Jean-Charles Larsonneur (ancien macroniste devenu non-inscrit), le député sortant.
Qu’importe, c’est le branle-bas de combat dans tout ce que la gauche brestoise compte de partis, de syndicats, d’associations ! « La situation est extrêmement grave pour la France. Alors que le Rassemblement national est en position d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, il ne doit y avoir qu’un seul candidat républicain par circonscription », martèle les communistes dans un communiqué (Le Télégramme, Brest, mercredi 3 juillet 2024). C’est-à-dire que Larsonneur doit se retirer toutes affaires cessantes ; ce que ce dernier se refuse à faire : «Un désistement n’a de sens que dans une configuration où le RN a la capacité de gagner. Ce n’est pas le cas à Brest ! Le seul sujet à Brest, c’est de savoir si l’on veut Mélenchon ou pas. » (Le Télégramme, Brest, mercredi 3 juillet 2024). Au second tour, les Brestois ont choisi le représentant local du Lider maximo, c’est-à-dire Pierre-Yves Cadalen : 41,01 % (22 110 voix) pour ce dernier, 35,68 % (19 239 voix) pour Larsonneur et 23,31 % (12 567 voix) pour Kervella. La messe est dite. On remarquera que le candidat RN n’a fait que récupérer les suffrages du candidat Reconquête du premier tour (Alain Rousseau), soit 373.
La grande question demeure : est-ce qu’à Brest « on veut Mélenchon ou pas » ? Rappelons qu’à l’élection présidentielle de 2022, Méluche était arrivé en seconde position derrière Emmanuel Macron : 28,76 % (17 389 voix) des suffrages exprimés pour ce dernier et 28,17 % (17 033 voix) pour Mélenchon, soit un écart de 356. En 2027, Macron ne sera pas candidat, mais Mélenchon a déjà son idée sur le duel qui s’annonce. Les Français « me détestent » et alors ? Sa réponse se passe de tout commentaire : « Je m’en fous. Si 78 % des Français ne veulent pas de moi, il me reste 22 %. Avec ça, je suis au second tour de l’élection présidentielle. Et là, on verra qui ils détestent le plus : moi ou Le Pen. » (El Pais, 21 juillet 2024). A Brest, Jean-Luc Mélenchon obtiendra facilement ces 22 %… Certes au classement des personnalités politiques, il n’arrive qu’à la 35e place puisque seulement 28 % des Français ont une bonne opinion de lui – et 45 % une mauvaise opinion (Ifop-Fiducial, Paris Match, 25 juillet 2024)
Bernard Morvan
Illustration : DR
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