Depuis longtemps, Franck Louvrier prêche en faveur d’une alliance entre la droite et les macronistes. Au second tour des élections législatives dans la circonscription de Guérande, ses vœux ont été exaucés.
Ils se connaissent depuis les législatives de juin 2017 dans la circonscription de Guérande ; tout commence à ce moment-là, d’un côté Sandrine Josso, diététicienne libérale à Herbignac, de l’autre Franck Louvrier, conseiller municipal à La Baule, conseiller régional et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Au premier tour, l’inconnue qu’est Mme Josso (LREM) vire en tête avec 24 615 voix (42,92 %) contre 11 852 voix (20,67 %) pour Louvrier (LR). Au second, elle écrase gentiment le professionnel de la politique qu’est Louvrier : 26 377 voix (61,11 %) contre 16 787 voix (38,89 %) ; c’est-à-dire qu’elle a mis 9 590 voix dans la vue au copain de Sarkozy. « On me disait que c’était la circonscription la plus difficile ! Je suis fière de faire partie des nouveaux visages de la démocratie et je continue à travailler avec mon suppléant Gérard Le Cam. Le travail ne fait que commencer et je serai dès demain sur le marché de Pontchâteau », assure-t-elle immédiatement (Presse Océan, lundi 19 juin 2017). Elle oublie de préciser qu’elle a bénéficié de la vague macroniste ; en Loire-Atlantique La République en marche a raflé la totalité des dix sièges.
Franck Louvrier aura sa revanche aux élections municipales de mars 2020. En effet, Sandrine Josso présente une liste à La Baule « Tous Baulois, accélérons ». Au premier tour, elle reçoit une sévère déculottée ; non seulement elle n’arrive qu’en sixième position – derrière la liste du Rassemblement national de Didier Vernet -, mais encore elle n’obtient que 4,17 % des suffrages exprimés. « Peut-être sa démission de LREM et une campagne pas très conventionnelle auront-elles joué et profité au candidat investi par la majorité présidentielle, Jean-Yves Gontier. Mais compte tenu de l’intention de la députée de s’ancrer localement à La Baule, c’est un sacré revers » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 16 mars 2020). Il paraît qu’elle a mené « une campagne sur la pointe des pieds » (Presse Océan, lundi 16 mars 2020). De ce fait, elle est dispensée du second tour et Franck Louvrier peut battre le candidat macroniste Jean-Yves Gontier sans difficulté (48,07 %/41,78 %), tandis que la liste de gauche conduite par Anne Boyé doit se contenter d’un modeste 10,15 %.
Le TGV Le Croisic-Montparnasse s’arrête à La Baule
C’est alors qu’arrivent les élections législatives de juin 2022. L’affaire démarre mal pour Sandrine Josso devenue MoDem, après un passage chez Liot. « L’élue était contestée jusque dans les équipes de bénévoles de LREM et il a fallu effectuer un sondage de notoriété pour qu’elle soit investie par la majorité présidentielle » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 13 juin 2022). Les résultats du premier tour ne sont pas fameux puisqu’elle n’arrive qu’en deuxième position, devancée par Véronique Mahé (PCF-Nupes) : 24,26 % pour la seconde et 22,48 % pour la première. Une consolation : prudemment, Franck Louvrier devenu maire de La Baule n’a pas jugé utile de retenter sa chance aux législatives ; il a sous-traité l’affaire à l’un des membres de son conseil municipal. Ce dernier, Bertrand Plouvier, un habitué des élections, défendra les couleurs de LR ; en effet il était précédemment le leader de la droite à Rennes – toujours candidat, toujours battu. Débarqué à La Baule, il se déclare candidat dès août 2021, mais il n’arrive qu’en quatrième position – après la candidate du Rassemblement national (Laurence Le Page, 15,96 %) -, avec 13,22 %. Au second tour, Mme Josso parvient à remonter le courant et à battre Véronique Mahé (57,06 %/42,94 %), alors que Bertrand Plouvier « n’a pas donné de consigne de vote et n’a pas mâché ses mots en critiquant le bilan de la députée » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 20 juin 2022). Très contente d’elle, elle lance dès l’annonce des résultats : « Je trouve que c’est un score honorable par rapport à tout ce qui se tramait dans la circonscription… C’est une victoire très authentique, c’est-à-dire du travail et de l’écoute […] Je pars à Paris dès demain. » (Presse Océan, lundi 20 juin 2022).
Josso connaît tous les bons adjectifs
Sandrine Josso n’aura pas le temps d’attendre 2027 puisque Emmanuel Macron décide de dissoudre l’Assemblée national dès le soir des élections européennes (9 juin). Au premier tour des élections législatives (30 juin) apparaît une nouvelle donne : Véronique Mahé (PCF-NFP) ne fait plus figure d’adversaire privilégiée de Mme Josso, mais un inconnu dans la circonscription Michel Hunault (droite Ciotti-RN), ancien député de la circonscription de Châteaubriant. D’où le classement suivant : 28,49 % (23 489 voix) pour Josso, 28,15 % (23 210 voix) pour Hunault, 24,11 % (19 881 voix) pour Mahé et 14,09 %(11 616 voix) pour Plouvier. La députée sortante déplore la « poussée importante du vote RN représenté par une candidature inconnue des habitants de la circonscription et invisible sur le territoire ». La candidate du Modem se présente « en tant que candidate humaniste, républicaine, démocrate et libre et appelle les citoyens attachés aux valeurs que je chéris à confirmer un choix serein pour la France et notre territoire. » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 1er juillet 2024). Quant à Véronique Mahé, elle est très claire : « Mon combat est celui de la République. J’utiliserai le bulletin Josso au second tour » (Presse Océan, lundi 1er juillet 2024)
Il faut choisir entre Josso et … un fantôme
Toutes les conditions étaient donc réunies pour que Sandrine Josso l’emporte au second tour. Ce n’était qu’une formalité : 59,95 % (48 531 voix) pour Josso contre 40,05 % (32 425 voix) pour Hunault. C’est l’occasion pour elle de souligner l’importance de sa grande idée : le parlement du territoire. « Aujourd’hui, ce qui est important, c’est qu’on va devoir travailler de manière plus transpartisane et cela me va bien… Quand on voit le score du RN, j’appelle les citoyens à participer au parlement du territoire, qui est une assemblée pour participer à la vie législative et apporter de la matière première pour proposer des lois. » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 8 juillet 2024). Dire que, pour ce second tour, Sandrine Josso n’a eu que des soutiens francs et massifs serait exagéré ; à coup sûr, les élus qui ont eu à la connaître ont une mauvaise opinion de la dame. Députée macroniste depuis sept ans, elle a « irrité quelques maires par sa façon atypique de travailler, sans permanence parlementaire » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 8 juillet 2024). Le plus sévère demeurant son « ami » Franck Louvrier qui met les pieds dans le plat entre les deux tours : « Vous connaissez mes critiques profondes sur le travail de la députée MoDem sortante mais le choix qui se présente à nous entre un candidat fantôme soutenu par le RN et une parlementaire dont je peux espérer que son comportement et l’efficacité de son action ne peuvent que s’améliorer, je n’hésite pas. Ce choix pour Sandrine Josso me coûte mais je l’assume pleinement étant donné le contexte politique qui se présente devant nous » (Presse Océan, mercredi 3 juillet 2024).
Afin que nul n’en ignore, Louvrier en remet une couche le même jour dans Ouest-France (Loire-Atlantique) : « J’ai des critiques profondes à l’endroit du travail de Sandrine Josso (Modem), mais entre un candidat fantôme soutenu par le RN et une députée avec sept ans d’expérience, je n’hésite pas. » « Cela me coûte, mais j’assume. Il faut à tout prix avoir une position limpide à l’endroit des extrêmes », poursuit-il (Ouest-France, Loire-Atlantique, mercredi 3 juillet 2024). En résumé, on n’aime pas Sandrine Josso mais on appelle à voter pour elle… En Bretagne, les candidats du Rassemblement national sont souvent des parachutés. Avec Eric Ciotti, nous découvrons une nouvelle catégorie : les fantômes
Bernard Morvan
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4 réponses à “Sandrine Josso (MoDem) et Franck Louvrier (LR) ne partiront pas ensemble en vacances”
Je vous passe le sel ou le poivre?
Cette analyse est très intéressante et aborde en conclusion une des tares anti démocratiques du RN:le parachutage.Cela consiste à penser que ni les électeurs ni les militants ne peuvent générer localement leurs représentants. Cela permet de surfer sur les succès des autres pour placer les amis.C’est effectivement une des raisons essentielles de l’échec RN dans l’Ouest.Le cas emblématique est la Sarthe – nommée Porte d’Entrée de la « Conquête de l’Ouest » concept ridicule entre Mickey Mouse et le franc colonialisme mis en avant par Bardella – en 2024 ou deux candidats parachutés sur des circos hypergagnables ( 72-3 et 4 ou le RN était à 49%+) reculent en % par rapport à 2022.
Je souscris pleinement à ce qu’écrit Messire de Malherbe…je n’accorde aucun crédit au RN de la grosse Bertha, une vulgaire grosse cloche qui convient aux ordures de la populace mais pas aux gens bien nés. Rien à attendre de ces cloches!
Le RN donne l’impression d’etre un parti vivant sur l’héritage de l’ancêtre Jean-Marie, charismatique et âpre au combat, ce qui n’est pas le cas de sa fille Marine qui à part quelques discours convenus fustigeant le gouverneent semble incapable de proposer une équipe, un état-Major prèt à gouverner. Bardella supposé Premier Ministre, qu’aurait-il fait: Qui serait Ministre de l’Intérieur, des Finances, de l’Education Nationale…Qu’aurait fait en matière d’immigration ce Parti qui semble plus jacobin que patriote au point d’être majoritaire à Mayotte…Souchiens, Blancs, Noirs, Musulmans…Qu’importe du momment qu’ils soient déclarés Français…Bref, c’est un parti de Notables comme le Centre ou le LR, sauf que en bon jacobin il n’arrive pas à s’imposer au local avec ses élus parachutés.
Marine, en bonne Mère du Peuple entretien jalousement sa rente de situation, refusant les alliances de Droite, écartant de brillants sujets tels Zemmour vu comme un concurrent comme elle l’a déjà fait auparavant avec Mégret, Philippot…
Les Législatives ont passé, la France comme la Belgique il y a quelques années peut rester un an sans gouvernement…Bref, çà continue comme avant …en pire !