La bande dessinée épique Prince Valiant, créée par Harold Foster, parait depuis 1937. Elle exalte la droiture morale et l’esprit chevaleresque.
Au début de l’histoire, Valiant a cinq ans. Son père, le roi Aguar de Thulé, vient d’être chassé de son trône par ses ennemis. Roi déchu, il embarque avec sa famille et ses fidèles vers l’Angleterre. Valiant passe ainsi sa jeunesse en Grande-Bretagne, près de le Tamise, dans la mystérieuse contrée des marécages. Dans ses premières aventures, il y combat un « dragon », puis une tortue géante des marais. Jeune adulte, il se lie d’amitié avec Sir Gauvain et Sir Tristran et arrive à Camelot. Gagnant le respect du roi Arthur et de Merlin, il devient chevalier de la Table ronde. Valiant devient l’écuyer de Gauvain et l’accompagne dans une première quête. Lorsque Gauvain est capturé, Valiant doit faire preuve d’intelligence pour le libérer. Se déplaçant à travers l’Europe et la Terre Sainte, Val combat les envahisseurs Goths, Huns, Saxons, ainsi que les Maures. Sur une île méditerranéenne, il rencontre l’amour de sa vie, Aleta, reine des îles brumeuses. Mais Aleta est kidnappée par le viking Ulfran. La poursuite l’emmène jusqu’aux chutes du Niagara, 1000 ans avant Colomb. En battant Ulfran, Val retrouve Aleta. Le prince Arn, leur premier fils, naît en Amérique. Les autres enfants de Val et Aleta sont les jumeaux, Karen et Valeta, Galan et Nathan…
Hal Foster (1892-1982) naît dans la province canadienne de Nouvelle-Écosse. Il travaille comme boxeur, guide touristique, chercheur d’or et trappeur, tout en livrant des dessins. En 1921, il déménage à Chicago, pour étudier à l’Académie des beaux-arts. Il se voit proposer en 1928 l’adaptation des romans Tarzan d’Edgar Rice Burroughs. A partir de 1934, Foster imagine une histoire de chevalerie. Il crée ainsi Prince Vailant, publiée dans plus de 300 journaux américains, chaque dimanche, depuis 1937. En France, cette prestigieuse série paraît dans Hop-là ! (dans le n° 1, du 7 Décembre 1937) puis à partir de 1940 dans le Journal de Mickey.
Le succès de Prince Vailant est tel qu’Hollywood s’en empare. En 1954, Henry Hathaway réalise Prince Valiant, en couleur et Cinemascope, avec James Mason, Robert Wagner (dans le rôle-titre) et Janet Leigh (jouant la blonde Aleta).
En 1970, âgé de 78 ans, Harold Foster teste différents dessinateurs pour prendre sa suite et choisit John Cullen Murphy. Celui-ci dessine jusqu’en 2004, peu avant sa mort, sur des scénarios d’Harold Foster jusqu’à sa retraite en 1979 puis sur des scénarios de son fils Cullen Murphy. Depuis 2004, Mark Schultz écrit la série, Gary Gianni (2004-2012) et Thomas Yeates (depuis 2012) s’étant succédé au dessin.
Les récits après la mort d’Hal Foster restent dans la même veine : Valiant accompagne le têtu Gunther d’Allemagne dans sa quête pour récupérer des reliques sacrées. Mais Valiant est asservi dans les mines de sel berbères… Pendant la veillée funèbre du roi Arthur, le sinistre Mordred complote pour usurper le trône. Valiant et Arn, en Laponie, se retrouvent impliqués dans la lutte de succession entre deux frères jumeaux. Arn devient un chevalier de la table ronde. Une grossesse d’Aleta promet d’apporter un nouvel enfant dans la famille, lequel est capturé à sa naissance. Puis Val part à la recherche d’une nouvelle route des épices, ce qui le mène à des aventures en Chine et à la rencontre du Yéti.
De nombreux bédéphiles considèrent que Tintin et Prince Vaillant sont les deux plus grandes séries du 9ème art.
Le scenario bien rythmé est conçu planche après planche, depuis plus de 4000 numéros, comme cela se fait fréquemment pour les bandes dessinées paraissant dans les journaux.
Centrée sur Valiant, prince nordique de Thulé, sa rencontre avec la reine Aleta, puis l’éducation de leurs nombreux enfants, cette série connaît une dimension romantique et familiale importante. Mais il s’agit pour l’essentiel d’une fresque de chevalerie, traversée par un véritable souffle épique. Souriant et riant tout le temps, Prince Valiant est également pétri de droiture. Il combat les différents envahisseurs avec sa puissante épée chantante et aide son père à regagner son trône de Thulé.
De nombreux éléments semblent situer l’histoire au Ve siècle, comme la mort d’Attila le Hun en 453 et le sac de Rome par Genséric en 455. Foster a incorporé des éléments anachroniques : vikings, musulmans…. Les fortifications et armures ressemblent davantage au Haut Moyen Âge qu’au Ve siècle.
A la première lecture, on est surpris par l’absence de bulles, Hal Foster n’utilisant que des encarts, dans chaque case, expliquant l’histoire.
Hal Foster apportait un soin méticuleux à la composition des planches. Sa mise en page, qui emprunte à la technique cinématographique naissante (plongées, contre-plongées, panoramiques…), influenceront les dessinateurs des années 1930 et 1940. Son dessin minutieux, d’une grande élégance, bénéficie aujourd’hui d’un charme désuet.
Les éditions Glénat ont réédité en 17 intégrales les récits dessinés par Harold Foster. Les planches publiées dans le tome 17 (1969-1971) sont ainsi les dernières réalisées par Foster. La suite est disponible en anglais chez l’éditeur Fantagraphics Books (les tomes 18 à 26 contiennent les années 1972 à 1988).
Kristol Séhec.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Prince Valiant, chef-d’œuvre de la bande dessinée sur la légende arthurienne.”
Cette sympathique série, qui met en valeur la bravoure et l’héroïsme (plus que l’esprit chevaleresque), ne se sert de la légende arthurienne que comme d’un fond de tableau. Dans l’esprit, Harold Foster est plus proche de la « Frontier » que de la quête initiatrice des chevaliers de la Table ronde…