L’indignation suscitée par la décision du ministère allemand de l’intérieur d’interdire le magazine identitaire Compact ne faiblit pas, de plus en plus d’experts juridiques se prononçant sur le sujet. Il n’est pas surprenant que les législateurs du gouvernement de gauche se réjouissent de voir réduit au silence un média critiqué par le gouvernement, mais les experts en droit constitutionnel ont clairement indiqué que l’interdiction n’est rien de moins qu’une atteinte à la liberté de la presse.
Le ministère de l’intérieur, dirigé par la social-démocrate Nancy Faeser, a interdit le magazine Compact le mardi 16 juillet, pour « incitation à la haine » et « propagation agressive du renversement de l’ordre politique ». Jürgen Elsässer, fondateur et rédacteur en chef du magazine, estime que l’interdiction de la publication anti-establishment sans aucun fondement juridique est un coup porté à la liberté de la presse et que le gouvernement, et non lui, est le véritable ennemi de l’ordre démocratique.
« Il n’y a jamais eu de violation aussi extrême de la liberté de la presse en Allemagne. Si Nancy Faeser reste en poste, cela en dit long sur le gouvernement et son respect de la constitution, de la liberté et de la démocratie », a tweeté Volker Boehme-Neßle, professeur de droit constitutionnel.
Eine so extreme Verletzung der Pressefreiheit gab es in Deutschland noch nicht. Wenn Nancy Faeser weiter im Amt bleibt, sagt das ganz viel aus über die Regierung und ihren Respekt vor der Verfassung, der Freiheit und der Demokratie. https://t.co/CrELJFQIIm
— Volker Boehme-Neßler (@NeBoehme) July 17, 2024
L’interdiction du magazine a été faite comme s’il s’agissait d’une association et non d’un média. Interdire une association n’est pas si difficile car elle n’est pas protégée par la liberté de la presse. C’est ce qu’a souligné Christoph Degenhart, ancien juge de la Cour constitutionnelle de l’État de Saxe, qui a déclaré au Frankfurter Allgemeine Zeitung que l’interdiction d’une association est inconstitutionnelle lorsque cette association « repose essentiellement sur des documents de presse, qui sont protégés par les droits fondamentaux, et ne sont donc pas punissables ». Il a déclaré qu’il avait des doutes considérables quant à la validité de l’interdiction devant la Cour constitutionnelle.
Ulrich Vosgerau, expert en droit constitutionnel, a déclaré à Junge Freiheit: « Dans un État de droit libre, les droits fondamentaux doivent permettre aux citoyens d’exprimer des critiques fondamentales à l’égard du système politique.
Hans-Georg Maaßen, ancien chef du Bundesverfassungsschutz, l’agence de renseignement intérieur, a reproché au ministère de l’intérieur de ne s’en prendre qu’aux organisations de droite, et non aux groupes militants de gauche dure comme Antifa, qui « appellent ouvertement à commettre des crimes contre les personnes accusées d’être des nazis ». C’est Nancy Faeser qui « porte atteinte à notre ordre démocratique libre », a-t-il tweeté. Ce n’est pas une coïncidence, poursuit M. Maaßen, que Mme Faeser ait écrit pour un magazine d’Antifa.
L’association des médias Medienverband der freien Presse s’est également opposée à l’interdiction. Bien qu’elle ne soit pas d’accord avec la plupart des contenus publiés dans Compact, elle a précisé que « la liberté de la presse et la liberté d’opinion sont des éléments centraux de toute démocratie et que leurs limites ne doivent pas être définies politiquement, mais qu’elles sont régies par le code pénal ».
La plus grande association de médias, le Deutscher Journalisten-Verband(gauche), tout en se demandant si le dossier de l’État est juridiquement infaillible, affirme que Compact « n’a jamais été un journaliste », mais qu’il « a diffusé de l’agitation et de la propagande ».
La même association appelle également ses membres à boycotter le deuxième plus grand parti, l’opposition antimondialiste Alternative für Deutschland (AfD). Le porte-parole Hendrik Zörner déclare qu’ un parti classé par le Bundesverfassungsschutz comme « organisation extrémiste présumée » ne devrait pas être engagé dans des discussions politiques, et que ses membres ne devraient pas être interviewés ou bénéficier d’une tribune dans les médias. On se croirait presque en France chez les syndicats de journalistes mainstream…
Der DJV-Bundesvorstand hat sich in einem Positionspapier von extremistischen Parteien distanziert. Warum das wichtig ist? Weil die AfD bei den Landtagswahlen im September stärkste politische Kraft in drei Bundesländern werden könnte: https://t.co/D4ZUATPqG0 pic.twitter.com/wKUtievZS6
— Journalisten-Verband (DJV) @[email protected] (@DJVde) July 17, 2024
La publication conservatrice Apollo News note qu’en dépit de son statut de syndicat voué à la protection des intérêts de ses membres, le Deutscher Journalisten-Verband aime donner son avis sur les affaires politiques en cours. Avant de devenir porte-parole, Hendrik Zörner a travaillé pendant de nombreuses années comme rédacteur pour le journal Vorwärts, publié par le parti social-démocrate (SPD), et a ensuite travaillé pour Sigmar Gabriel, alors premier ministre de Basse-Saxe (SPD). Les déclarations de M. Zörner interviennent quelques semaines seulement avant trois importantes élections régionales dans l’est de l’Allemagne, que l’AfD devrait remporter.
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Une réponse à “L’ancien chef du renseignement intérieur condamne l’interdiction de Compact Magazine en Allemagne”
censure, fermeture de compte bancaire, toute la panoplie de la stazi ou du kgb maintenant en europe occidentale