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« Nous les Blancs étions minoritaires dans ma cité. Je suis revenu en Bretagne pour être avec mes semblables ». Ils ont voté RN..et ils expliquent pourquoi

Un article pépite du Monde intitulé « Le grand désarroi de maires ruraux, en première ligne face à la montée du RN »  décrit les électeurs du RN comme des sortes de débiles profonds,  gavés à Cnews, et même un peu alcooliques sur les bords. Globalement, depuis la période électorale folle que nous avons vécu, c’est toujours la même rengaine : les élus locaux ne comprennent pas le vote de leurs administrés en faveur du RN dans la ruralité. Les journalistes expliquent qu’il n y a pas d’immigration dans la ruralité et que donc ça n’aurait aucun sens de voter RN. Que c’est un vote de peur, de rejet de ce qu’on ne connait pas. Ou alors que c’est un faute protestataire, pour dire qu’il y en a marre de tout.

Nous sommes allés interroger, en Centre-Bretagne notamment, des électeurs du Rassemblement national. Et force est de constater que les clichés de la presse de gauche (qui prend beaucoup plus de pincettes avec d’autres catégories de la population) ne tiennent absolument pas.

Prenons Pierre et Maryvonne par exemple, qui habitent dans une des communes des Côtes d’Armor proche de Guingamp qui va voté le plus Rassemblement national (quasiment 50% au premier tour, européennes comme législatives). Pierre est un breton né à Paris de parents exilés dans la capitale française pour le travail. Maryvonne est Mayennaise, et ils se sont rencontrés à Paris. Puis ont vécu plusieurs dizaines d’années dans une cité de Bondy, en Seine St Denis. Avant de fuir.

« Oui, on a fui. Je ne pensais pas particulièrement revenir en Bretagne au quotidien, n’ayant connu celle-ci qu’au travers du récit de mes parents et lors de vacances familiales » nous indique Pierre. « Mais la situation n’était plus possible, plus tenable. Dans ma cité à Bondy, nous les Blancs, étions minoritaires. J’ai vu le remplacement et le changement de population de mes propres yeux, ça n’est pas un fantasme ». Ce dernier explique « être revenu en Bretagne pour être avec mes semblables. C’est tout ce qu’il nous reste. On a laissé notre vie derrière nous, on a profité d’une occasion immobilière familiale, et on est venu s’installer là »

Pour Pierre, qui a vécu une partie de sa vie « Dans la société multiculturelle qu’est la Seine St Denis », ça n’était plus possible. « Vous pouvez vivre avec 5% d’immigrés sans aucun soucis. Mais quand dans votre propre pays, vous devenez minoritaires, ça n’est plus possible. Vous n’êtes plus chez vous. Vous êtes comme dans un pays étranger. C’est une réalité en Seine St Denis, et ça le sera partout demain si les gens continuent de voter ainsi ». Pourquoi a-t-il voté RN alors ? « Parce que c’est le seul parti politique qui laisse entendre qu’il va renverser la table et en finir avec l’immigration » nous indique-t-il, même si pour lui, « le problème est déjà à l’intérieur du pays. Vous pourrez fermer toutes les frontières, démographiquement, le changement de population est déjà en marche même avec ceux qui ont la carte d’identité française »

Quel regard porte Pierre sur la hausse du vote RN en Bretagne ? « C’est une hausse parallèle à celle de l’immigration dans la région. La Bretagne a toujours été en retard à ce niveau, mais vous rattrapez largement le reste de la France depuis quelques années. Donc le vote RN continuera d’augmenter proportionnellement, c’est logique. En Seine St Denis, si vous faisiez des statistiques ethniques par vote, vous verriez que les Blancs votent majoritairement RN, y compris là bas. C’est quasiment un vote ethnique. La plupart des gens qui restent là bas sont enfermés, savent qu’ils n’ont plus d’autre choix. Et vous avez même des immigrés de plus longue date qui se mettent à voter RN car ils ne veulent pas demain vivre dans un pays qui ressemble à celui qu’ils ont fui. C’est logique »

Maryvonne quant à elle, semble très remontée contre la presse et les médias en général : « C’est de la désinformation permanente. On sait très bien ce qui se passe. On a pas besoin de Cnews ou de BFM pour ça. On est venu à la campagne justement pour vivre tranquillement, entre nous. On a encore le droit de faire ça non, c’est pas interdit ? ».

Même son de cloche à quelques kilomètres de là, plus au sud, à Maël-Carhaix. Jean-Yves a voté RN deux fois d’affilée, alors qu’il ne votait plus avant nous dit-il. « On est pas idiot. C’est justement parce qu’on ne veut pas que notre campagne, que notre ruralité, deviennent comme ce que sont en train de devenir Rennes, ou Nantes, qu’on vote comme ça. Faut pas chercher plus loin ». Il poursuit : « Ma fille est étudiante à Nantes. Elle ne sort plus le soir toute seule. Ils fonctionnent uniquement en groupe. Ils ont tous déjà été agressés ou emmerdés au moins une fois par des migrants qui se prétendent mineurs dans le centre ville. C’est leur réalité quotidienne. Elle a quitté Maël Carhaix plutôt naïve, elle avait hâte de découvrir la vie dans une grande ville et quand elle revient, c’est elle qui est même plus radicale que moi »

Quand on leur parle de vote contestataire, Maryvonne, Pierre, Jean-Yves, et même Catherine, qui réside à côté d’Huelgoat, dans le Finistère, sont catégoriques : ça n’a rien d’un vote protestataire, c’est pour changer le système. Pour en finir avec l’immigration. Dans nos discussions, et malgré que deux des trois foyers interrogés soient à classer parmi les « précaires », il n’est même pas question de pouvoir d’achat. « Bien sûr, on compte tout dès le 8 du mois » nous dit Catherine. Mais elle est bien plus préoccupée à la fois « Par l’effondrement de l’hôpital et de la santé en général, mais aussi par l’immigration » que par le reste. « Si on gagne deux fois le SMIC mais qu’on n’est plus chez nous, et que nos enfants sont menacés, ça n’a aucun intérêt non plus » nous dit-elle, tout en affirmant « qu’il faudrait mettre en prison et pour longtemps ceux qui ont massacré le beau système de santé français et de sécurité sociale depuis 40 ans. Mais c’est toujours pareil, jamais responsable, jamais coupable ».

Quand on lui fait remarquer qu’il n y a pas d’immigration à Huelgoat, et très peu aux alentours, elle nous répond : « Et alors ? Il faut attendre que ça devienne comme Pontivy pour réagir ? Pour dire stop ? On doit vraiment avoir le nez dans la m….pour avoir le droit de dire non ? ». Elle ne supporte plus la presse locale « toujours partisane, toujours pro immigré. Ils ont bon dos de taper sur Praud et Cnews, mais ils font pareil tous les jours dans l’autre sens. C’est un bourrage de crâne continu ». Catherine avoue tout de même être loin d’être majoritaire dans son coin, politiquement : « mais on peut encore parler. On est pas d’accord, on s’engueule, on argumente. Mais autour de moi, beaucoup commencent à se rendre compte de ce qui se passe. Il n y a pas besoin d’aller à Paris pour ça. Allez faire un tour à Morlaix, vous allez voir comment ça a changé en quelques années. J’y travaille, j’y vais tous les jours. Je sais de quoi je parle »

On est loin, très loin, des analyses lues ou entendues ici ou là dans la presse mainstream sur les raisons du vote RN, en Bretagne notamment. D’autres personnes interrogées sur les marchés de Morlaix, samedi 20 juillet, ou sur celui de Callac, le mercredi précédent, nous ont confié « apprécier le vrai vivre ensemble, à la campagne ». Sous entendu, avec très peu, ou sans immigrés. C’est une réalité très mal perçue manifestement, très mal analysée, y compris au sein du Rassemblement national, chez qui les dirigeants semblent parfois croire que le « vivre ensemble » est possible entre tant et tant de peuples, d’ethnies, de cultures et de religions différentes du moment qu’ils possèdent une carte d’identité française et qu’ils « s’intègrent ».

La réalité, c’est que les « Gaulois », les « autochtones » sont de plus en plus nombreux à trouver dans la ruralité un nouvel Eldorado, pour certes « vivre ensemble », mais entre eux. Une forme de Sécession humaine, déjà évoquée et perçue à moultes reprises dans les colonnes de Breizh-info.com. « C’est pas encore interdit si ? » comme dirait Maryvonne.

YV

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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