Adepte du co-voiturage et grand rouleur, il m’arrive de passer des voyages entiers à discuter avec des compagnons de route. L’autre fois, je tombe sur deux jeunes parisiens qui partaient aux Vieilles Charrues. Chemin faisant, la discussion arrive sur la religion. L’un des deux me raconte une étrange histoire d’un village du centre de la France envahi par des… catholiques intégristes ! Apparemment, une congrégation de « tradis » aurait jeté son dévolu sur une petite commune et racheté tous les logements avoisinants pour y fonder une communauté. Au grand dam des habitants des lieux qui n’en peuvent plus de ces cathos envahissants. C’est en tout cas ainsi que m’a été présenté ce sombre drame par ce brave garçon un tantinet gauchiste comme vous aurez pu le deviner.
Piqué au vif, je lui glisse que le phénomène me rappelle ces banlieues et villages envahis par l’immigration, notamment islamiste, au grand désespoir des habitants du cru qui finissent pas fuir. Et bien entendu, je lui prends l’exemple d’un département entier, la Seine Saint-Denis, dont la population a totalement changé en 50 ans.
A l’évocation de ce constat évident pour tout le monde, j’avais l’impression d’avoir, au minimum, rétabli l’esclavage et vendu Mandela ! « Coooooommeeeeent ? », « Mais l’immigration est une chance monsieur ! », « Vous, vous votez pour le Front National, ça se voit ! », « Devons-nous laisser mourir en mer des familles entières alors que les frontières n’ont aucune légitimité ?» et tutti quanti.
Ah ces campagnants « qui n’ont jamais vu un migrant !»
C’est à ce moment-là qu’on se rend compte à quel point une certaine Gauche a choisi de nier le réel. Ces deux braves gamins vivaient dans un monde où les cathos tradis menaçaient la République, préparaient des attentats, où les rues étaient devenues dangereuses à cause de « milices fascistes », où les « ouvriers français luttaient autant pour leurs droits » que pour celles des musulmanes « à porter l’abaya ». Quant aux scores stratosphériques du Rassemblement National, ils n’étaient nullement dû à un rejet massif de l’immigration mais « au sentiment d’insécurité » de « vieux fachos » qui « votent plus que les jeunes » et qui « dans les campagnes n’ont jamais vu un migrant ». Sans compter « l’argent russe qui finance Cnews et fait monter artificiellement le RN ».
Le communisme était l’art de nier les évidences. Les ressortissants des Pays de l’Est devaient se convaincre avec zèle qu’ils vivaient au paradis et que les champs de blé soviétique ou chinois donnaient des rendements à l’hectare 1000 fois plus importants que les champs de blé capitalistes.
Rien n’a changé. Rien. La Gauche entend toujours exercer un magistère moral sur la population par l’intermédiaire des mensonges les plus extravagants. Si la réalité ne suit pas la théorie, c’est que la réalité est fasciste. Ce poison de la bêtise et de l’aveuglement a rongé des génération entières de membres du PCF dont certains n’ont jamais avalé le rapport Khrouchtchev. Le même poison a ensuite annihilé le libre-arbitre des « pro-Chinois » qui adulaient la Chine pourtant plongée dans l’enfer de la Révolution Culturelle.
Un cerveau qui ment à ses yeux
Mais ces aveuglements de Gauche avaient pour source des situations dans des pays lointains dont la réalité arrivait par bribe en Occident grâce aux Dissidents. En 1950 ou en 1968, il était encore possible de nier les évidences en soupçonnant les opposants aux régimes communistes d’être des « agents de l’Etranger » ou des « Hitléro-trotskystes ». Qui pouvaient les contredire puisque presque personne ne se rendait dans l’empire communiste pour constater de ses propres yeux le désastre.
Mais en 2024, la Gauche nie les évidences qu’elle voit elle-même. S’invente des « milices fascistes » patrouillant dans sa propre rue, dans sa propre fac. La Gauche réussi à faire que son propre cerveau mente à ses propres yeux.
Et le plus fort est que les mêmes arguments peuvent être employés par la Gauche pour dire une chose et son contraire. Exemple : Mes yeux voient clairement un homme déguisé en femme mais mon cerveau me dit « non, cette personne se sent femme, elle est donc devenue réellement une femme. Son ressenti commande.
A contrario :
Mes yeux me disent que je suis en insécurité dans cette commune depuis l’arrivée de nouvelles populations exotiques. Mais mon cerveau m’enjoint de voir autrement : «non tu n’es pas en insécurité, tu te sens en insécurité, nuance, mais c’est parce que tes yeux et ton ressenti sont payés par Bolloré. Tu dois voir les choses différemment et considérer ces nouvelles populations comme une chance ».
Extraordinaire. Fascinant.
Mathurin Le Breton
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