A la découverte des Saints Bretons. Le 21 juillet c’est la Sainte Trifin (Tréphine)

Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.

Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».

En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.

Le 21 juillet c’est la Sainte Trifin (Tréphine)

Sainte Tréphine (ou TrifineTryphine, Triphine) est un personnage semi-légendaire du vie siècle dont la vie a souvent été considérée à l’origine du conte de Barbe Bleue. Cette sainte, martyre céphalophore, est mentionnée la première fois au xie siècle par le moine Vitalis de l’abbaye Saint-Gildas de Rhuys dans son ouvrage Vie de Saint Gildas. En Bretagne, elle est vénérée comme une sainte patronne des enfants malades et de ceux qui arrivent après terme. La légende de Sainte Tréphine nous provient certainement d’un personnage historique qui épousa vers 550 Conomor, un dirigeant de la Bretagne médiévale.

Vers l’an 550, sur les conseils de saint Gildas et pour éviter un conflit, Waroch Ier, roi du Bro Waroch et comte de Vannes, accepte de donner sa fille en mariage au comte Conomor du Poher, roi de Domnonée. Par ses multiples mariages, ce dernier cherche à agrandir ses fiefs. Mais une prophétie l’a averti qu’il sera occis par son fils, si bien qu’il décapite systématiquement ses femmes dès qu’elles sont enceintes. Tréphine, sa quatrième épouse, doit subir le même sort lorsqu’elle sait qu’elle attend un enfant. Elle parvient à s’échapper grâce à l’aide magique des épouses défuntes. Dans la forêt, elle donne naissance à son fils, le futur saint Trémeur. Elle réussit à cacher son nouveau-né avant que son mari ne la rattrape. Fou de rage, Conomor la retrouve et lui tranche le cou. Avertis par ses serviteurs, Warock et sa femme récupèrent le corps martyrisé de leur fille et se rendent à l’ermitage de Saint-Gildas à Bieuzy pour lui rappeler, non sans amertume, que c’est lui qui était à l’origine de ce mariage. Pour se faire pardonner, Saint Gildas se rend alors au château de l’Hermine à Vannes où le corps de Tréphine repose sur son lit ; il replace la tête de la sainte sur ses épaules et la ressuscite. Elle fait bâtir un couvent de Vannes où elle finit sa vie.

Dans d’autres versions de la légende, après la mort de Tréphine, Conomor retrouve son fils et le tue, d’autres encore disent que Conomor fut tué dans son château qui s’est miraculeusement écrasé sur lui.

On retrouve trace de son culte dans plusieurs communes bretonnes :

Chapelle Saint-Trémeur (en Cléden-Cap-Sizun), retable et statue de sainte Tréphine.

Tréphine, ainsi que son fils Trémeur furent élevés en saints martyrs. Sainte Tréphine est fêtée le 21 juillet et son fils saint Trémeur le 8 novembre.

  • Une paroisse, désormais commune des Côtes-d’Armor, porte son nom : Sainte-Tréphine, qui possède aussi une chapelle Saint-Trémeur.
  • Le pont Triffen à Landeleau porte son nom.
  • Elle est la patronne de la chapelle de Trébalay en Bannalec et de la chapelle Sainte-Tréphine à Pontivy.
  • Une chapelle et un pardon lui sont dédiés dans la commune de Saint-Aignan, à la limite entre les Côtes-d’Armor et le Morbihan. Près de la chapelle on trouve un monticule de cailloux, qui seraient selon la légende locale, les restes du château de Conomor.

Crédit photos : DR
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2 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 21 juillet c’est la Sainte Trifin (Tréphine)”

  1. Le Bris dit :

    Bravo de nous rafraichir la mémoire ou tout simplement de nous apprendre notre histoire ancienne que bien entendu on n’apprend plus que a nos petits enfants
    Dr. Jean-Loup Le Bris

  2. Raymond NEVEU dit :

    J’avais jadis une tante à la mode de chez moi que l’on appelait « mouer Trefina’ (moereb=mouer) elle me conduisait en promenade jusqu’à la chapelle Sant Treve (saint tremeur) face à la mer où jadis on trouvait sur la grève des corps de noyés plus ou moins grignotés par les congres et les crabes et j’adore le congre sur les pommes de terre bintje au fond d’un faitout et les crabes. Ma mère racontait qu’un jour elle trouva au fond d’un énorme crabe une dent. « Dent ur Saoz » s’obstinait-elle à répéter. Derrière cette chapelle il restait les traces de 5 tombes de terre sur lesquelles les gamines déposaient des bouquets d’humbles fleurs des champs. Aujourd’hui tout cela a disparu au milieu d’affreux lotissements.

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