Au soir du second tour des élections législatives, Jean-Yves Le Drian avait des raisons d’être satisfait : il n’y avait pas un seul député du Rassemblement national en Bretagne (5). « Pour le pays, l’impératif est de battre le RN. Car même si Bardella veut en gommer les aspérités, les fondamentaux de ce parti demeurent. C’est la brutalité de la préférence nationale, de leurs positions sur l’immigration, l’exclusion et le repli sur soi », avait-il expliqué (Ouest-France, 22-23 juin 2024).
Mais, en même temps, il pouvait être mécontent car les insoumis progressaient Bretagne ; on savait qu’il ne les aimait pas : « La France insoumise, par la brutalité de son attitude et de ses propos, par la généralisation de l’invective, me fait plus penser à une gauche révolutionnaire qu’à une gauche de gouvernement. Dans ces conditions, je ne considère pas possible, pour ma part, de voter un jour pour elle. Nous sommes devant un parti autoritaire, qui tolère la violence et n’assume pas la tolérance de l’autre » (Le Télégramme, vendredi 28 juin 2024). C’était clair… Avec Richard Ferrand et François de Rugy, il avait même critiqué avec force la « Nupes version 2 » : « Nous savons que les sociaux-démocrates authentiques et les écologistes raisonnables ne peuvent pas, par leur histoire, leurs combats, leurs convictions, partager un programme de gouvernement avec le NPA et LFI » (La Tribune dimanche, 16 juin 2024).
Il faut croire que les électeurs bretons n’étaient pas de cet avis… En effet, avant la dissolution, la Bretagne (5) comptait six députés LFI, et après sept : Murielle Lepvraud (Guingamp), Pierre-Yves Cadalen (Brest centre), Marie Mesmeur (Rennes-Bruz), Mathilde Hignet (Redon), Andy Kerbrat (Nantes centre), Ségolène Amiot (Nantes-Saint-Herblain), Matthias Tavel (Saint-Nazaire). Le cas le plus « intéressant » étant celui de Brest où Cadalen a fini par l’emporter à la troisième tentative. En effet il avait été battu au second tour de 2017 dans un duel avec Jean-Charles Larsonneur (LREM) : 18 638 (59,58 %)/12 646 (40,42 %) ; soit un écart de 5 992 voix. Au second tour de 2022, il est battu en duel par le même Larsonneur (macroniste devenu non-inscrit) : 18 127 (50,16 %)/18 009 (49,84 %) ; soit un écart de 118 voix. En 2024, le second tour devient une triangulaire avec un candidat du Rassemblement national (Denis Kervella) : 22 110 voix (41,01 %) pour Cadalen, 19 239 voix (35,68 %) pour Larsonneur, 12 567 voix (23,31 %) pour Kervella. Entre 2024 et 2022, Cadalen a donc gagné 4 101 voix. Entre le premier et le second tour de 2024, il a même progressé de 3 260 voix (22 110/18 850).
Cadalen ne connaît pas la Bretagne
« Je resterai présent en circonscription, mais quand on est député de la République, il y a une autre dimension : on porte un projet collectif, un horizon nouveau pour le pays (…) Aujourd’hui, pour un moment, et un moment long, je l’espère, les habitants de la circonscription, et les Français en général, ont fait le choix d’écarter une menace et de donner une chance à une alternative positive pour le pays », s’empresse-t-il de déclarer (Le Télégramme, Brest, lundi 8 juillet 2024). On remarquera qu’en bon jacobin – LFI oblige -, il ne prononce jamais le mot “Bretagne“, ça doit lui écorcher la bouche ! Lors de cette soirée victorieuse, la gauche unie était rassemblée à la mairie de Brest : « Pierre-Yves Cadalen est entouré d’une grande partie de la majorité municipale. Au premier rang desquels le maire socialiste, mais aussi des écologistes, des communistes, des membres de l’UDB, de Génération.s… La gauche brestoise affiche une unité retrouvée, après une entente chaotique ces derniers mois. » (Ouest-France, Finistère, lundi 8 juillet 2024). Que des militants de l’UDB s’associent à la victoire d’un jacobin c’est évidemment formidable ! On se souvient que lors de l’examen de la loi sur les langues régionales (loi Molac), Cadalen avait pris position contre ce texte. On peut compter sur lui pour défendre les intérêts bretons…
Bernard Morvan
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7 réponses à “Législatives. Les insoumis ne sont pas les copains de Le Drian”
pas un député rn mais beaucoup de chomeurs en bretagne pas sur que ce soit mieux comme ça !
Les bretons ont veauté ,Bureau des pleurs fermé .Pas faire la morale ou la pleureuse dans les bak room .
Pauvre Bretagne qui est à gauche
Heureusement qu’il y a les élections pour nous rappeler que Génération.s et l’UDB survivent encore !
Je ne suis pas Breton, mais j’aime la Bretagne ou j’ai vecu. De ce fait, je laisse les Bretons se demerder entre eux. Ce qui est certain, c’est qu’à force de prendre des coups, un vent de revolte salutaire se fait sentir …
Je pensais les Bretons plus courageux dans l’ensemble ( heureusement j’en connais des plus téméraires ! ) après avoir rouspété aux européennes, la peur du fascisme, entretenu par les personnalités friquées et les médias aux ordres,, a bien fonctionné et nos contestataires en culottes courtes sont rentrés sagement à la niche en votant tout sauf RN N !!
Je suis Bretonne et je souhaite le pire à ces co..lles molles, à ces collabos, qui participent à nous mener dans le mur! Les bretons me font honte !!!