Les 1er et 2 juillet derniers, le tribunal de Saint-Brieuc a accueilli les deuxième et troisième journées du procès en assises de Ciprian Guilescu, un homme d’origine roumaine âgé de 34 ans. Il est accusé d’un meurtre et d’un viol commis à Rostrenen (Côtes-d’Armor) dans la nuit du 5 au 6 juin 2021.
Une enfance marquée par la pauvreté et les abus
Le passé de l’accusé a été largement évoqué durant le procès, révélant une enfance difficile. Né dans une famille nombreuse en Roumanie, il a grandi dans la pauvreté. Dès l’âge de 10 ans, il a dû quitter l’école car ses parents ne pouvaient pas payer les livres scolaires. Vivant dans des conditions précaires, sans électricité et souvent sans repas complet, il a également été victime d’abus sexuels à l’âge de six ans, des traumatismes restés tus à la demande de ses proches.
Dès l’adolescence, l’accusé a commencé à travailler pour subvenir à ses besoins, d’abord en Roumanie, puis en Grèce, et enfin en Bretagne, où il est arrivé en 2019 pour travailler dans une entreprise de ramassage de volailles. En Roumanie, il avait également subi une agression à la batte de baseball qui, selon ses proches, a provoqué des troubles psychologiques. Hospitalisé pour des comportements erratiques et une addiction à l’alcool, il avait tenté de se suicider à plusieurs reprises, y compris durant sa détention provisoire.
Le 5 juin 2021, l’accusé a rencontré par hasard sa future victime, une femme de 60 ans, alors qu’elle revenait de faire des courses. Après avoir discuté et bu ensemble chez elle, il est rentré chez lui, consommant alcool et médicaments. Vers 22 heures, il est retourné chez la femme avec des intentions sexuelles. Lorsqu’elle a refusé, il l’a violemment frappée, déshabillée et violée, tout en continuant à la frapper à plusieurs reprises. Couvert de sang, il a finalement avoué son crime à des voisins.
Au tribunal, l’accusé a parfois modifié son récit, reconnaissant certains faits puis revenant sur d’autres déclarations. Les images de la scène de crime, montrant le corps nu et mutilé de la victime, ont profondément choqué l’audience. Le médecin légiste a détaillé les nombreuses blessures infligées, confirmant l’extrême violence des coups reçus.
La question de la santé mentale de l’accusé est centrale dans ce procès. Trois experts psychiatres ont été appelés à témoigner, mais leurs conclusions divergent sur l’état mental de l’accusé au moment des faits. Cette incertitude ajoute une complexité supplémentaire au procès, laissant la cour devant un dilemme quant à la responsabilité et la peine appropriée pour de tels actes.
Trois expertises psychiatriques et une psychologique ont été réalisées sur l’accusé. Les résultats sont contradictoires. L’un des experts a diagnostiqué une abolition du discernement due à une schizophrénie paranoïde et une anosognosie (incapacité à reconnaître et à comprendre sa maladie). Un autre expert a diagnostiqué une altération due à une ivresse pathologique délirante. Quant au troisième expert, également médecin légiste, il a conclu qu’il n’y avait ni altération ni abolition du discernement chez l’accusé au moment des faits, ce dernier ayant agi sous l’effet d’une alcoolisation massive.
Le matin du 2 juillet, l’avocat général a pris la parole, énumérant les nombreuses blessures infligées à la victime. La responsabilité pénale de l’accusé a été au centre des délibérations, les conclusions divergentes des experts psychiatres ne facilitant pas la tâche des jurés. Toutefois, tous s’accordent sur le rôle joué par l’alcoolisation de l’accusé. L’avocat général a souligné que l’altération du discernement de l’accusé pouvait être retenue, excluant ainsi la perpétuité. Il a requis une peine de 30 ans de réclusion criminelle.
Les avocats de la défense, Maîtres Emilie Etoubleau et Thomas Jourdain-Demars, ont plaidé l’abolition du discernement de leur client. Selon eux, les jurés devraient suivre l’avis du premier expert psychiatre et de l’experte psychologue. Ils ont conclu en déclarant que « les faits sont irrationnels et que, conformément à la loi, le doute doit profiter à l’accusé ». Pendant les trois jours de débats, l’accusé a paru parfois « absent ».
Après plus de trois heures de délibérations, la Cour a rendu son verdict. Les jurés ont suivi le réquisitoire de l’avocat général plutôt que la plaidoirie de la défense. Ciprian Guilescu a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Les jurés n’ont retenu ni l’abolition ni l’altération du discernement de l’accusé au moment des faits et l’ont déclaré entièrement responsable de ses actes. À l’issue de sa peine, il devra se conformer à un suivi socio-judiciaire de 20 ans, avec obligation de soins, d’indemnisation des parties civiles, et une interdiction définitive de paraître dans le département des Côtes-d’Armor.
À l’énoncé du verdict, l’accusé n’a montré aucune émotion et a quitté la salle avec un sourire aux lèvres.
Illustrations : DR
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7 réponses à “Rostrenen. Un roumain condamné à 30 ans de prison pour meurtre et viol”
Les experts sont des rigolos qui se laissent abuser. Une alcoolisation massive engendre des troubles sexuels et ne favorise pas la libido. De plus il peut très bien avoir consommé de l’alcool après son forfait.La culture de l’excuse est bien ancrée dans les tribunaux.
Roumain ou Rom ? Poser la question c’est sans doute déjà avoir une bonne idée de la réponse.
Pauv’ gas… les misères qu’il a subies peuvent sans doute expliquer en partie son comportement prédateur. Mais ça ne devrait pas lui donner le droit de venir s’installer en France ! Si l’on sait que sur 100 étrangers, 1 deviendra criminel, sans savoir lequel des 100, faut-il les faire entrer tous au nom de notre grande bonté, ou les refuser tous au nom des victimes françaises ainsi évitées ?
Mais NDD qu’on cesse d’invoquer une « enfance difficile » , un « milieu défavorisé » pour expliquer ces actes injustifiables. Ce Mr a passé sa prime jeunesse dans un pays géré par des Socialistes, Ceausescu en a créé les bases et la structure sociale. Donc on noircit le tableau à dessein pour susciter l’empathie. Mon père est né en 1911, sa maman est décédée en 1915,il a été trimbalé de familles en familles, toujours torturé par la faim, le froid en hiver, la peur de la brutalité de l’occupant. Rebelote en 1938: mobilisé, maintenu au titre de pied de paix renforcé, 7 jours a tenir sur place sous les bombes, puis 5 ans de captivité de nouveau la faim, le froid, la misère… Et rendu à la vie civile, il s’est remis au boulot, sans assassiner son voisin ni violer des vieilles …
moi aussi j’ai eu une enfance plutot difficile, je n’ai jamais ni violé ni assassiné quiconque
Ce n’est pas de sa faute, il est pardonnable. La fautive c’est la société et « la misère noire des temps humides ». C’est la société qui doit être mise au banc des accusés.
Merci Sandrine pour votre humour…