Impressions d’Israël [Tel Aviv et la plaine côtière]
De notre envoyé spécial
Un voyage en Israël est toujours un voyage qui diffère des autres. D’une part, parce qu’Israël est la terre berceau des trois grandes religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islam) et d’autre part parce qu’Israël est un pays « à part ».
A part car la plupart des autres pays le considèrent à part. Est-il un pays plus « neuf » et donc artificiel que les autres ? Pas plus que la Belgique née formellement en 1830 et pas moins que le Soudan du Sud, le Kosovo ou la plupart des pays sud-américains.
Reste l’éternel conflit avec les Arabes locaux. Et avec des pays voisins aussi artificiels et nés des soubresauts récents de l’Histoire que la Syrie, la Libye ou le Koweit. Dans la région, il est rare qu’un état puisse se prévaloir d’une grande profondeur historique tout en inscrivant les populations et les croyances dans la nuit des temps. Paradoxe du Moyen-Orient. Donc Israël est à la fois un pays très neuf et un pays très ancien, comme pratiquement l’ensemble de ses voisins !
Mais Israël conserve cette spécificité d’être un pays à la fois juif et très occidental noyé dans un océan arabe et musulman (et marginalement chrétien).
« El Al » à Roissy-CDG, une compagnie à part
Et la découverte de cette spécificité commence dès l’aéroport, à Paris !
Quand vous arrivez à Roissy Charles de Gaulle, les portes d’embarquement de El Al, la compagnie israélienne, sont situés tout au bout du terminal 2B. Cul de sac. Plus facile à surveiller pour les forces de sécurité sûrement.
Rentrer une arme ou une substance illicite dans un avion d’El Al est totalement impossible. D’où l’absence d’attentat touchant cette compagnie. Vos bagages sont fouillés 3-4 fois. Parfois à quelques mètres de distance. Vos motivations pour pénétrer en Israël sont décortiquées, votre profil est analysé par le gouvernement israélien les semaines précédent votre vol. Vos papiers sont contrôlés et re-contrôlées plusieurs fois. Quand on compare avec la facilité avec laquelle les immigrés clandestins rentrent en France, cette vigilance laisse rêveur !
Israël, l’Occident au Levant
Arriver au début de l’été en Israël après un printemps pourri en France est un choc thermique. A 6h du matin, il fait déjà 30°c, les amateurs de cagnard et de cocotier apprécieront ! Ensuite, le deuxième choc est visuel : vous quittez Roissy, à l’orée de la Seine Saint-Denis, où la majorité des employés de l’aéroport sont « racisés » – suivant la terminologie de la Gauche- c’est-à-dire d’origine extra européenne. Bienvenue en pleine « Plaine de France » (le territoire historique où est situé la commune et l’aéroport). Ce n’est pas le cas à l’aéroport Ben Gourion à l’est de Tel-Aviv, en plein Levant donc.
Car Ben Gourion et, plus largement, Israël, c’est quasi-exclusivement que des Blancs ! Vous vous sentez plus en Occident à Tel Aviv que dans le RER B à Paris par exemple. Paradoxe ! Eh oui… Il y a bien en Israël quelques personnes noires (Soudanais ou Somalis, en plus des Falashas d’Ethiopie), mais beaucoup moins qu’en France. Les Arabes israéliens, notamment les jeunes, ne se distinguent pas vraiment des Juifs israéliens d’origine arabe. Ici pas de qamis, de tenues à l’Afghane ou de burqas par exemple. Impensable pour un arabe israélien ou doublement impensable pour un musulman immigré en Israël pour le travail, de porter une tenue auto-stigmatisante. A part à Jérusalem la pieuse où les femmes arabes peuvent être voilées et les musulmans en robe traditionnelles, mais rien à voir avec les excès à l’Afghane ou à l’Iranienne qu’on voit maintenant en Europe. Certains arabes israéliens se déclarent même « sans religion » pour pouvoir être éduqués à l’israélienne. Leurs enfants sont donc des Israéliens pur jus avant d’être des Juifs ou des Musulmans.
Et c’est là où l’on voit la situation dans laquelle l’Europe est tombée. Le gouffre identitaire, religieux et ethnique.
« Défendre Israël jusqu’à la mort »
Pour le reste, Tel Aviv, est également une ville totalement occidentale : il fait chaud, les jeunes filles sont court vêtues, les jeunes hommes sont joyeux, les smartphones, trottinettes, voitures électriques sont partout, on voit quelques « collages féministes » et drapeaux LGBT. Bref, la population de Tel Aviv la fêtarde c’est la population de Barcelone ou n’importe quelle ville côtière européenne pas encore transformée. Il est étonnant que les jeunes branchés européens qui aiment tant aller faire la fête en Thaïlande ou à Ibiza n’aient pas découvert cette destination à moins de 6h d’avion de Paris.
Ce qui change radicalement de ce qu’un occidental connaît par contre, c’est le patriotisme omniprésent.
Depuis l’attaque terroriste islamiste du 7 octobre, le drapeau israélien est partout. Aux fenêtres, sur les voitures, sur les vélos, dans les lieux publics et privés. Sans parler des portraits des otages que l’on retrouve sur des affiches. Le slogan « Bring Them Back » (Ramenez-les) est sur tous les bâtiments officiels mais également sur des voitures, des façades de maison, des grilles d’immeuble. On sent le traumatisme national qu’a été le 7 octobre et la volonté des Israéliens de se battre pour leur pays. Dans la rue, il n’est pas rare de croiser des jeunes gens, garçons ou filles, en uniforme de l’armée, mais également des quarantenaires ou cinquantenaires qui se sont portés volontaires pour rejoindre Tsahal après le 7 octobre.
Et les personnes interrogées sont claires : il faut éradiquer le Hamas et défendre Israël jusqu’à la mort ! C’est là qu’on voit le décalage entre ces jeunesses branchées européennes qui défilent en soutien à la Palestine et au Hamas et la même jeunesse branchée israélienne, colt à la ceinture en uniforme de combat, qui fait quelques pas sur la plage ou joue au volley sur le front de mer de Tel Aviv. Ces jeunes Israéliens sont sûrement aussi « progressistes » au niveau des mœurs que leurs homologues européens aussi critiques envers le gouvernement Netanyahu qu’un étudiant de Science-Po mais l’islamo-gauchisme leur est inimaginable. Et, pour eux, un terroriste du Hamas ou du Hezbollah n’est sûrement pas une version moderne et exotique de Che Guevara mais une cible à abattre au bout du fusil mitrailleur. Et sans pitié, tova (merci) !
Des villes à visiter, des plages pour se baigner
Au niveau paysage, il serait exagéré d’affirmer que la plaine côtière est particulièrement attrayante. Tel Aviv et ses voisines, le « Gush Dan », sont avant tout des villes nouvelles à l’américaine, des ensembles de buildings à côté desquels le quartier de la Défense à Paris paraît ridicule. Et le paysage s’urbanise à vitesse grand V, des quartiers poussent ici et là, car quand les Israéliens mettent en œuvre un projet immobilier c’est la Grande Motte multipliée par 100 !
Ces ensembles urbains entrecoupés d’autoroutes sont séparés par des arpents de terre jaune/orange caractéristique des pays méditerranéens avec des bosquets maigrelets et des champs de culture.
La plaine côtière se visite donc avant tout pour ses villes et ses quartiers anciens ou modernes et pas pour sa campagne. Tel Aviv, à ce sujet, a valeur d’exemple : les buildings côtoient des quartiers datant de la fondation de la ville en 1909. Ces quartiers regroupés sous le vocable « Ville Blanche » sont composés de maisons de style Bauhaus ou « éclectique » (un mélange de tous les styles). Les immeubles à l’américaine, les équipements culturels criant de modernité résultent, quant à eux, d’un choix assumé des militants sionistes des débuts souvent d’origine ashkénazes : rompre avec l’esprit du « shtetel », le bourg misérable juif typique de Galicie ou de Pologne centrale, les petits commerces, le monde juif d’Europe de l’Est avalé par le nazisme pour lui préférer le modernisme, la grandeur, l’avenir.
Il faut laisser à Tel Aviv le temps de vous apprivoiser. C’est une ville jeune, insouciante, joyeuse, qui dévoile ses charmes petit à petit. Il faut s’aventurer dans les rues de la Ville Blanche pour découvrir de petits bijoux architecturaux qui n’ont, certes, que 100 ans d’âge au maximum mais qui méritent qu’on s’y attarde. Pour se laisser « happer » par la ville, ses musiques qui s’échappent des voitures ou des échoppes (en ce moment, la mode est à la musique grecque !) à la fois très orientales et très occidentales, ses improbables endroits où une communauté bohème va s’escrimer à planter un teepee « alternatif » au pied d’un immeuble, etc… Aussi familier que déroutant parfois ! Et l’Israélien est facilement abordable et souriant, ce qui participe au charme du pays. Les gens se saluent d’un « shalom », un inconnu vous aborde pour vous serrer la main au détour d’un regard, quelqu’un vous entend parler français et vient discuter avec vous.
On ne ressent, pour ainsi dire, aucune insécurité. Les quartiers populaires peuvent être pauvres et délabrés mais il n’y a pas d’agression et les jeunes filles s’y promènent nuitamment en tenue de plage sans être inquiétées pour autant. Pour les femmes, pas de drague de rue ou de gestes déplacés comme on le constate de plus en plus en France dans certaines zones. Israël est encore loin de ces dérives malgré un urbanisme omniprésent ! Fait étonnant : en Israël, on ne voit de SDF. Pas de campements à la périphérie des villes, pas de bidonvilles. Il y a des quartiers pauvres et des maisons (très) délabrées en bordure de Tel Aviv mais cela n’a rien à voir avec cette omniprésence de la misère qu’on voit maintenant à Paris par exemple.
Pour finir, n’oublions pas que Israël est un pays maritime, la plage et les activités de plage sont donc omniprésents chez les jeunes Israéliens de la plaine côtière qui profitent de l’immense espace maritime que constituent ces fronts de mer continus allant du nord au sud. Et en Israël, la mer est à 28 ou 29°c ! Sur les plages, au regard de la grandeur de la façade maritime, vous trouverez votre bonheur sans avoir besoin de faire des kilomètres : certaines sont bien animées et peuplées de joyeuses bandes de jeunes, d’autres sont désertes et propices à la baignade solitaire.
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6 réponses à “Impressions d’Israël. Partie 1 : Tel Aviv et la plaine côtière [Reportage]”
Israël est certainement plus civilisé que ses voisins. Mais il s’agit d’une implantation coloniale de peuplement décidée par les puissances maîtresses dans l’après guerre. Cette implantation n’a pu se faire qu’avec le plus d’expulsion possible des populations locales, politique suivie avec constance et intelligence depuis 1947. Ce petit pays cherche normalement à s’étendre. La situation des arabes israéliens donne la solution d’avenir. Qu’Israël s’empare de toute la Palestine, mais qu’elle gère cette population comme la sienne. Que cet état soit celui des gens qui y habitent et non la patrie fantasmée des juifs du monde entier qui n’y habitent pas. Un pays laïc, en somme.
En fait, Israel est la réponse pour ceux qui se posent la question : Pourquoi en France tant de haine envers les musulmans, envers les hordes d’emigrés ? Autant le rappeler, Israel est née des sables. Cent ans en arrière il n’y avait rien. Ors, en un siecle, les Juifs ont sût bâtir une patrie à l’image d’un pays moderne comme en Europe ou en Amerique du Nord. Le noir africain en est totalement incapable, en dehors des aides que lui apporte le Blanc. Et quant à l’Arabe, mise à part le Maroc qui a toujours été un Royaume/Dynastie à l’écoute de « l’envahisseur » Français, c’est un destructeur et un « suiviste », qui ne produit rien, mais écoute et consent à suivre les conseils que l’occidental lui donne. La Bande de Gaza, qui n’est qu’un depotoir immonde, face à l’eclosion d’Israel qui l’entoure, est une des reponses imagées envers deux races bien distinctes et qui séparent l’intelligence de la profonde bêtise humaine.
Bravo à ces Juifs qui persécutés de toute part au travers des siècles voire des millénaires ont su à force de travail transformer un désert de pierres et de sable en des terres agricoles très productives tout en se trouvant à la pointe du progrès en matière informatique par exemple.
Bref, un modèle pour l’Europe décadente.
Cet article me fait penser aux colons qui allaient en Amérique conquérir l’ouest et demandaient avant : que font les indiens amérindiens avec des plumes ils sont méchants ? A l’époque on leur répondait « Ne vous en faites pas on les repousse et on les extermine, leurs terres sont les nôtres car ils n’ont que des arcs et des flèches. Pour le peuple Palestinien tranquille chez eux depuis un millénaire, ils n’ont pas vu venir le danger de l’expropriation de l’espèce humaine envers une autre et donc de leur propre extinction. Exactement comme les 10 millions d’amérindiens morts pour défendre leurs terres ancestrales depuis 10’000 ans.La prolifération de l’espèce soit la surpopulation extermine volontiers la plus faible, la loi du plus fort est toujours la meilleure cite La Fontaine dans « le Loup et l’agneau ». Donc Aucune gloire à vaincre sans péril comme l’assure les USA avec leur armement et leurs dollars monnaie de singe. Celle-ci subventionné par leurs dettes que l’on souscrit pour mieux se faire spolier le comble de l’arnaque fausse monnaie. Puis soutenant Israël qui sert de pion au Moyen Orient pour le gaz et pétrole. Dans ce contexte exterminant des paysans Palestiniens avec leurs troupeaux et leurs oliviers, place au monde moderne la bonne blague qui va droit dans le mur en allant nul part. La guerre des territoires fait place aux guerres financières dont la dédollarisation et la fin des petrodollars feront plus de dégâts que ceux géographiques. Avec cette situation du monde global de l’occident envahisseur avec sa fausse monnaie couvertes de dettes irremboursables, refusé par le monde multipolaire du Sud Global et des BRICS vont certainement remettre en place certains principes de base dépassés. Le respect des populations voulant vivre comme elles l’entendent sans être spoliées de leurs territoires convoités. Les USA et Israël vont devoir revoir leurs prérogatives car la masse monétaire du dollars fondant comme neige au soleil, va altérer quelque peu leurs modes de vie.
Merci pour un reportage qui donne envie de opartir là-bas, ne serait-ce que pour quelques semaines de vacances. Je me réjouis de voir le reste du reportage,
Mouchet, visiblement tu ne connais pas le problème. Et encore moins les protagonistes. Tu as tout faux. Je ne vais pas m’étendre, n’étant même pas sûr que mon commentaire soit publié vu le decallage horraire (6 Hres). Bref, revois ta copie, Arthur. Ou alors, déplace-toi sur place pour mieux juger.