En France, le début des années 2020 fut marqué par un tournant majeur dans l’environnement de travail. La survenue de la crise sanitaire du Covid-19 au mois de mars 2020 était donc l’occasion pour de nombreux Français de découvrir le télétravail et le « travail hybride ».
S’ils avaient déjà, bien avant la pandémie, leurs adeptes et leurs opposants, l’intérêt pour ces modes de travail flexibles serait en baisse auprès des employés français selon l’étude « People at Work 2024 » de l’ADP Research Institute, menée auprès de plus de 34 000 travailleurs dans 18 pays, dont 2 000 en France. Au profit d’un retour sur site.
Le 100 % télétravail fait de la résistance
L’enquête révèle en effet une tendance notable vers un retour au travail en présentiel. En France, la proportion de travailleurs exclusivement sur site a augmenté de 65 % à 69 % en un an, tandis qu’à l’international, cette proportion est passée de 52 % à près de 55 %. Ces chiffres marquent un revirement par rapport aux années précédentes où le télétravail et le travail hybride (combinant le télétravail et le présentiel) étaient largement adoptés en réponse à la pandémie de Covid-19.
Parallèlement, le pourcentage de travailleurs hybrides en France a diminué de 6 points, atteignant seulement 20 %, comparé à 34 % au niveau mondial. Toutefois, le télétravail à 100 % a légèrement progressé, passant de 9 % à 11 % en France, contre 12 % au niveau mondial. Ces changements suggèrent un réajustement des préférences et des politiques de travail post-crise sanitaire.
Les travailleurs des secteurs de l’informatique et des télécommunications (36 %) et de la finance (32 %) sont ceux qui accordent plus d’importance à la flexibilité des horaires. Une flexibilité davantage considérée comme une priorité majeure par les femmes (31 %) que par les hommes (22 %).
La flexibilité des horaires loin derrière le salaire
La flexibilité des horaires de travail reste importante pour 26 % des salariés français, bien que ce chiffre ait diminué par rapport aux 31 % de l’année précédente. Ce déclin de l’intérêt pour la flexibilité des horaires est également observé dans d’autres régions du monde. En France, la priorité est donnée au salaire (63 %), au plaisir au travail (44 %) et à la sécurité de l’emploi (34 %), reléguant la flexibilité des horaires au second plan.
De plus, la flexibilité du lieu de travail est jugée cruciale par seulement 12 % des répondants en France, une proportion légèrement inférieure à la moyenne européenne (14 %), ainsi qu’à celles observées en Asie-Pacifique (15 %), en Amérique latine (15 %) et en Amérique du Nord (17 %). Les jeunes de 18 à 34 ans attachent davantage d’importance à cette possibilité de travailler dans différents lieux (16 %) que les personnes de 55 ans et plus (9 %).
Il est également intéressant de noter que les employés du secteur de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction (20 %) sont plus nombreux à considérer cette flexibilité du lieu de travail comme l’une de leurs priorités que ceux d’autres secteurs. Les travailleurs ayant un enfant de moins d’un an ressentent également un besoin accru de flexibilité, avec 34 % d’entre eux affirmant que leur entreprise est devenue plus souple concernant leurs horaires de travail et 26 % concernant leur lieu de travail.
Surveillance accrue des télétravailleurs et cadres
Un autre aspect important révélé par l’étude est le sentiment de surveillance accrue parmi les télétravailleurs. En France, 50 % des salariés estiment que leur employeur surveille de près leurs horaires et présences.
Ce sentiment est encore plus prononcé chez les télétravailleurs (56 %) et les cadres supérieurs (59 %), contre 44 % pour les collaborateurs non-managers. Les employés en mode hybride se sentent moins surveillés, avec seulement 43 % partageant ce sentiment.
La perception de surveillance est particulièrement forte dans certains secteurs, tels que le commerce, la restauration-hôtellerie et les loisirs (61 %), ainsi que la vente, les médias et le marketing (60 %). À l’inverse, cette conviction est moins répandue dans le secteur de l’éducation, où seulement 36 % des travailleurs estiment être sous surveillance accrue.
Intérêt en légère baisse pour la semaine de quatre jours
L’idée d’une semaine de travail de quatre jours semble également perdre légèrement en popularité. Plus d’un salarié français sur trois (35 %) serait prêt à adopter ce modèle en conservant le même salaire mais avec des journées plus longues, contre 37 % en 2023. Ce sont principalement les travailleurs hybrides (38 %), les 25-34 ans (38 %) et les femmes (38 %) qui montrent le plus d’intérêt pour cette organisation du travail.
En revanche, seuls 3 % des interrogés accepteraient une réduction de salaire pour bénéficier de cette organisation, une baisse significative par rapport aux 9 % de 2023. Le maintien d’un salaire identique reste donc un critère crucial pour l’adoption de la semaine de quatre jours.
Enfin, en ce qui concerne les attentes au travail, elles varient significativement selon l’âge des salariés. Les jeunes de 18 à 24 ans sont moins nombreux (26 %) à considérer le plaisir au travail comme une priorité absolue comparé aux seniors de plus de 55 ans (51 %). De plus, la flexibilité des horaires est moins importante pour les jeunes (19 %) par rapport aux 35-44 ans (30 %).
En termes de rémunération, les plus de 55 ans sont les plus nombreux à placer le salaire en tête de leurs priorités (72 %), contre seulement 40 % des 18-24 ans.
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Une réponse à “Emploi. Télétravail et flexibilité séduisent (un peu) moins qu’avant”
_a évite du transport mais ça ne permet pas de sociabiliser, rencontrer d’autres gens, s’épanouir