Livraison. Des supermarchés aux prises avec les refus de livraison d’alcool et les vols

Si en janvier 2021 le refus d’un livreur algérien en situation irrégulière, à deux reprises, de livrer des courses casher par antisémitisme avait fait la Une – il avait été condamné à quatre mois de prison ferme et à son terme expulsé directement vers l’Algérie, les refus croissants de nombre de livreurs de livrer des courses dès qu’il y a de l’alcool ou des produits à base de cochon ne font pas la Une, même s’ils désespèrent supérettes et restaurants.

« Certaines courses mettent parfois dix minutes à être livrées, voire un quart d’heure », constate le gérant d’une supérette dans le nord de l’agglomération nantaise. « Dès qu’il y a de l’alcool, les livreurs refusent ». Plus au centre, « on a eu un jour une scène d’un autre âge – un livreur est arrivé, et a mis un coup de pied dans le sac de courses. Le caissier lui demande pourquoi, il répond que c’est pour voir s’il y a de la bière. S’il y en a, c’est haram, il ne prend pas. Et il est parti en plantant là commande et caissier ».

Si on regarde les avis en ligne de nombreux supermarchés nantais ou les avis des clients sur les plateformes de livraison elles-mêmes, nombreux sont ceux qui se plaignent de produits arrivés en état dégradé, secoués, ou manquants. Les plateformes de livraison y sont sensibilisées elles-mêmes quand elles réunissent leurs clients et partenaires dans diverses villes : « il y a des vols, c’est récurrent », constate un gérant de supérette. « On a mis des caméras absolument partout, et on a constaté à plusieurs reprises que les livreurs se servent. Du coup on agrafe les sacs, et on envisage d’utiliser des sacs scellés avec des code-barres, comme dans les aéroports ».

De leur côté les livreurs mettent en avant l’effondrement des prix des courses au cours des années – après avoir semé le désordre sur les marchés et le droit du travail, toutes ces plateformes sont loin d’être rentables, Uber l’a été pour la première fois en 2023 après 13 ans de pertes, Deliveroo ne l’a jamais été en dix ans, malgré des pertes divisées par deux en 2023 après une forte réduction de coûts.

« En fin de compte, on est revenu chez nous au principe qui a causé l’effondrement de l’URSS : vous faites mine de nous payer, nous on fait mine de bosser », constate un restaurateur nantais énervé par les vols et les refus de livraison, mais qui estime « ne pas avoir le choix. Tout ce qu’on peut faire, c’est refuser qu’un livreur revienne chez vous. Mais comme il en manque, tout le monde ferme les yeux, et les plateformes estiment en général que ce n’est pas leur problème ».

Le statut des livreurs – considérés comme salariés en Espagne et en Italie après des recours judiciaires, mais indépendants en France et en Grande-Bretagne par d’autres juridictions nationales malgré un long combat judiciaire pour reconnaître le dévoiement de cette indépendance par les plateformes – leur permet, en théorie, de refuser tout ce qu’ils veulent. Même si la loi condamne aussi, en France, le refus de vente (ou de prestation) fondé sur une discrimination. D’ailleurs, en matière de discriminations subies par les livreurs, ceux-ci se sont accordés avec les plateformes… pour créer un observatoire qui mènera chaque année l’enquête sur les problèmes qu’ils rencontrent. Pas pour appliquer la loi.

LM

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

3 réponses à “Livraison. Des supermarchés aux prises avec les refus de livraison d’alcool et les vols”

  1. marco dit :

    MDR ,, »le bon marché coute cher « ,,un bon ouvrier a de bons outils ,,et de bons employés « ,,L ethique de ces gens ,les «  »religieux ,,ca veaute pour les lgbtistes ,ivg ,wokistes ,,,On ne voit jamais leurs noms sur les petitions ethiques ,,peut etre sont ils absorbés aux restos du coeur ,,,J étais au jl le point ,,historia dans leurs locaux ,,je portais les bouteilles ,,leur coursier musulman s y refusant ,,,Il y a bien 15,20ans .J ai lu le coran ,,je connais la bible entierrement ,,les faux moines ne manquent pas ,,,

  2. patphil dit :

    étranger, refusant de travailler normalement et le patron le laisse faire, drole de pays

  3. Henri dit :

    Ah ah ah ! Je ris. Vive le vivre-ensemble ! ♀

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Economie

Les Français et les supermarchés : Lidl en tête, Intermarché pour la proximité, et Grand Frais pour la diversité

Découvrir l'article

Ensauvagement, VANNES

Vannes. Une « bande organisée » de voleurs géorgiens écumait les supermarchés bretons…

Découvrir l'article

Social, Sociétal

Grande distribution : des « caisses lentes » pour recréer du lien social avec les clients…

Découvrir l'article

Local, NANTES

Nantes. Quand les livreurs en scooter bafouent l’autorité de Mme Rolland

Découvrir l'article

NANTES

Esclavage mondial à Nantes. Zoom sur l’exploitation des livreurs

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky