Les conséquences d’une fréquentation touristique excessive sont déjà un sujet d’actualité en Bretagne. À Saint-Malo, la limitation des offres Airbnb a fait débat ces dernières années, tandis que sur l’île de Bréhat, la municipalité va renouveler la mise en place d’un quota de visiteurs pour la saison estivale 2024.
Cette question du « surtourisme » concerne également certains voisins européens comme l’Espagne. Au Pays basque, la ville de Saint-Sébastien avait décidé, en 2023, de prendre une mesure suspendant l’attribution des licences pour les hôtels et locations touristiques en raison de la surfréquentation.
En ce début d’été 2024, face à la montée incessante des prix de l’immobilier et aux répercussions négatives du surtourisme, la ville de Barcelone prend elle aussi des mesures drastiques pour réguler le marché des locations touristiques. Cette décision suscite des réactions variées parmi les habitants et les acteurs économiques de la ville.
Une décision radicale pour l’immobilier
Le maire de Barcelone, Jaume Collboni (Parti des socialistes de Catalogne, PSC), a annoncé une interdiction des locations de logements aux touristes étrangers à partir de novembre 2028. Cette mesure vise à contrer la dérégulation du marché immobilier causée par la prolifération des locations touristiques, principalement via des plateformes comme Airbnb. Barcelone compte environ 10 000 logements destinés aux touristes, ce qui a entraîné une hausse significative des prix immobiliers : une augmentation de 68 % pour les appartements et de 38 % pour les maisons au cours des dix dernières années.
L’initiative du maire a reçu le soutien du ministre espagnol du Logement, Isabel Rodriguez, qui a souligné l’importance de garantir un accès au logement abordable. Cependant, l’association des appartements touristiques de Barcelone, Apartur, a vivement critiqué la décision, arguant qu’elle pourrait entraîner une augmentation de la pauvreté et du chômage parmi ceux qui dépendent de cette activité pour leur revenu. Le secteur hôtelier pourrait bénéficier de cette mesure, bien que des préoccupations subsistent concernant une possible recrudescence des locations illégales.
Vers un retour à l’équilibre ?
Cette initiative de Barcelone s’inscrit dans une tendance plus large en Europe où les grandes villes tentent de réguler l’impact du tourisme de masse sur les marchés immobiliers locaux. En réorientant les 10 000 logements actuellement utilisés pour les locations touristiques vers le marché résidentiel, la ville espère faciliter l’accès au logement pour ses habitants, particulièrement les jeunes. Cette démarche vise à restaurer un équilibre entre les besoins des résidents permanents et l’accueil des touristes, tout en maintenant la vitalité économique de Barcelone.
Parallèlement, Barcelone continue de renforcer la réglementation sur les locations touristiques. Depuis 2017, la ville a mis en place le Plan Especial Urbanístico de Alojamientos Turísticos (PEUAT), qui divise la ville en différentes zones avec des règles spécifiques pour chaque zone concernant les nouvelles licences de locations touristiques. Cette réglementation vise à réduire la capacité d’accueil touristique dans les zones les plus saturées, tout en permettant une certaine flexibilité dans les zones moins fréquentées.
Ces mesures, bien que drastiques, reflètent une volonté claire de la municipalité de Barcelone de préserver la qualité de vie de ses résidents tout en tentant de réguler le marché du logement. Les prochains mois seront cruciaux pour observer les effets de cette politique sur le marché immobilier et le secteur touristique de la ville.
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