Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 26 juin, c’est la Sainte Guenvred (Gwenvred)
Ce prénom féminin breton nous vient tout droit… du Pays de Galles. Winefred, née à Flintshire, était la fille de Trevith (ou Tyfid), conseiller du roi des gallois. Elle fut élevée dans la croyance de Dieu et de Jésus dont elle désirait, toute jeune, devenir l’épouse. Son éducation fut confiée à Saint Beuno, prêtre de la paroisse toute proche. Naturellement elle grandit, non seulement en piété, mais aussi en beauté. Le prince Caradog d’Hawarden en tomba éperdument amoureux. Profitant de l’absence de ses parents, le jeune homme entra chez elle et lui fit des avances. Devinant ses desseins et au prétexte de mieux se vêtir, elle s’éclipsa de chez elle en sautant par la fenêtre pour regagner l’église où se trouvaient ses parents.
Au bout d’un certain moment, Caradog se sentant berné, fouilla la maison et découvrit la fugue. Sautant à cheval, il la poursuivit et la rattrapa près de l’église. Dans sa course effrénée, il sortit son épée et la décapita d’un coup. Au bruit du galop, les parents et Saint Beuno sortirent de l’édifice pour constater le désastre. Le saint bannit l’assassin en fuite et le sol s’ouvrit devant lui l’engloutissant. Un autre hagiographe veut que son frère nommé Owain tua le prince. Le saint homme rapprocha la tête et le corps et pria Dieu. Winefred reprit vie. De l’endroit où sa tête était tombée, une fontaine jaillit. A la mort de son saint protecteur, elle prit le voile dans un couvent voisin fondé par son père. A son tour elle fonda le sien ou succéda à Tenoi, l’abbesse, dans le monastère double à Gwytherin en Denbighshire. Elle mourut le 24 juin 660. En 1138, son corps a été transféré de son abbaye à Shrewsbury (bénédictins).
Issu des mots bretons Gwenn, qui signifie blanc et Bred qui pourrait être traduit par esprit ou dans le breton moderne par le préfixe psyché ou psycho, ce prénom, littérairement parlant, pourrait voir traduite sa signification par les expressions « heureux esprit » ou « esprit béni« .
Devenu très rare de nos jours, le prénom Gwenvred a toutefois donné naissance à quelques dérivés tels que Gwenvrevi et Winifrid.
Sainte Guenvred fait partie des nouvelles statues qui seront érigées en 2022 à La Vallée des Saints, avec saint Majan, saint Gilles, saint Jazez, saint Avertin, saint Awen, saint Kerien, sainte Nonne, saint Sébastien, saint Melaine, saint Christophe, saint Fragan, saint Audren et saint Charbel.
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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 26 juin, c’est la Sainte Guenvred (Gwenvred)”
Curieux, mais l’histoire de cette sainte me rappelle celle de Sainte Haude (Eodez) de Tremazan près de Portsall dans le Bas-Léon finistérien, elle aussi décapitée, et qui a déjà sa statue dans la vallée des saints.