« Il n’y a eu ni rendez-vous secret ni arrangement de sous-main. Je n’ai pas rencontré Emmanuel Macron depuis le 7 mars en dehors des cérémonies officielles », jure, la main sur le coeur, Gérard Larcher, président du Sénat, un des piliers des Républicains mobilisés contre le RN.
Pourtant, sur le terrain, les observateurs avertis constatent de drôles de manœuvres. Selon les décomptes, environ 65 candidats LR anti-RN sur 400 n’auront pas de concurrents macronistes au premier tour. Et cette fleur de la majorité présidentielle n’a pas été concédée au hasard : une vingtaine de ces chanceux sont des députés sortants, soit le tiers de l’ancien groupe à l’assemblée. C’était déjà la proportion des élus de droite jugés Macron-compatibles et méditant une scission bien avant la dissolution.
Alors que l’état-major macroniste revendique haut et fort cette stratégie d’union centriste contre les « extrêmes », les LR anti-Ciotti n’assument pas publiquement. « La droite de résistance est une droite indépendante », glapit, drapé dans son intransigeance, Xavier Bertrand, le président des Hauts-de-France. Pourtant, comme par hasard, son bras droit Julien Dives ne se voit opposer aucun concurrent centriste dans la 2ème circonscription de l’Aisne… Les deux politiciens nordistes ont pareillement chaud aux fesses : là-bas, le RN est plus dangereux pour leurs postes respectifs que tout autre parti.
En Ille-et-Vilaine, le partage du gâteau au nom des « valeurs »
L’indépendance réelle aurait un prix que la plupart des LR ne veulent pas payer : « Sans accord avec En Marche, on revenait à 15 ou 10 députés. Avec des accords, entre 25 et 30 sièges. Quand vous avez une étiquette qui fait 5 %, c’est compliqué… », confie en off à Public Sénat un membre du Conseil national de LR.
Impossible toutefois de prouver une alliance en bonne et dûe forme, aussi transparente que celle du Nouveau Front Populaire. Pour renvoyer l’ascenseur, les instances locales LR ont plutôt recours à des désistements secrets.
En Ille-et-Vilaine, c’est avec le plein accord des instances locales que Jonathan Houillot ne se présentera pas dans la 5ème circonscription du département, malgré ses 21 % en 2022. Officiellement, c’est pour mieux se consacrer à la commune de Janzé, sa « priorité ». Mais Houillot est aussi le directeur de cabinet d’Isabelle Le Callenec, patronne des LR dans le 35 et qui a été décisionnaire pour les investitures des circonscriptions du département.
Y a-t-il eu donnant-donnant ? Ailleurs, les choses apparaissent plus clairement : dans la première circonscription du Gers, le LR David Bazin a renoncé à sa candidature « dans l’intérêt général » car, dit-il, « l’extrême-gauche insoumise est un danger pour nos institutions ». Ce sacrifice héroïque est compensé dans l’autre circonscription du département par la majorité présidentielle, qui n’y présente aucun candidat face à Barbara Neto.
Record battu, en Haute-Garonne : les dirigeants locaux LR ont réussi à faire hara-kiri dans 10 circonscriptions sur 12, y laissant toute la place à Ensemble. Et dans l’un des deux seuls cas où LR était officiellement présent, le candidat désigné, François Ubeda, n’imprimera ni affiches ni bulletins de vote. Après avoir fait des pieds et des mains pour être sélectionné, il renonce une fois que les jeux sont faits et que plus personne ne peut le remplacer. Pas d’explications fournies : la crainte de devoir payer 6000 euros de sa poche sans pouvoir être remboursés de ses frais électoraux est une motivation avancée par la Dépêche du Midi, mais qui n’est pas guère convaincante.
Enora
4 réponses à “Législatives 2024. Macronistes et LR anti-RN se répartissent les circonscriptions dans le dos de leurs électeurs”
En vérité, tous ces LR et autres macronistes vont » à la gamelle » dans leurs petits fiefs provinciaux. Au prétexte de sauver la France du RN, ils se drapent dans une intransigeance de façade pour sauver leur peau ou se désistent en espérant qu’on leur renvoie l’ascenseur en les nommant à un poste intéressant…Les Larcher, Bertrand, Copé et autres sont assurés de garder leur confortable place quelque soit les résultats de dimanche. « Cuisine et dépendances » politiques n’est pas encore un film, juste du mauvais théatre !
Cette cuisine politique est immonde et intolérable. C’est simple : Sans un regard envers eux, on se fout de la gueule des votants, et on pactise derrière leur dos pour tuer toutes espérances politiques, non sans oublier de piétiner leurs bulletins de vote tout juste pour ne pas perdre un brin de pouvoir.
les gamellards se précipitent, expulsons les
Je pense que Larcher est bien meilleur à table qu’en politique. Attention au « coup de sang »!