Il est blanc, âgé de plus de deux millénaires, il provient d’une tombe romaine d’Andalousie, et il est officiellement le plus ancien vin conservé à l’état liquide jamais découvert .
À Carmona, une petite commune au sud de l’Espagne, des chercheurs du département de chimie organique de l’Université de Cordoue ont fait une heureuse découverte en identifiant le liquide contenu dans un récipient d’une tombe : un vin blanc encore liquide.
Une trouvaille pour le moins surprenante dans une nécropole, les Romains n’ayant pas pour coutume d’être enterrés avec la précieuse boisson… et encore moins dedans ! Car ce que les archéologues ont découvert est un récipient contenant des os du défunt, immergés dans le vin. S’il se présente aujourd’hui d’une couleur brune cuivrée, l’absence d’acide syriaque laisse penser qu’il s’agissait de vin blanc. À moins que l’acide en question ne se soit dégradé au fil du temps. Quoi qu’il en soit, le temps sec de l’Andalousie, les conditions de conservation de la tombe, et le scellage exceptionnel du récipient ont permis de préserver l’échantillon pratiquement intact. Il s’apparenterait au xérès, un vin liquoreux typique de la région, obtenu à partir de raisins blancs.
Descubren el vino más antiguo del mundo en una tumba romana https://t.co/XRXLmLsKgu pic.twitter.com/AiNM1e5jUQ
— El Aragüeño (@ElAragueno) June 19, 2024
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont étudié sa composition chimique et identifié sept polyphénols – des molécules antioxydantes présentes dans le vin – qu’ils ont ensuite comparés à ceux des vins locaux. Les éléments chimiques relevés sont extrêmement proches de ceux du Xérès actuel.
Le vin contenu dans l’urne funéraire déclasse celui contenu dans la bouteille de Spire datée de la moitié du VI de notre ère (découverte en 1867), conservée au Musée historique de Pfalz en Allemagne et qui considérée comme la plus ancienne bouteille de vin connue au monde.
Ce breuvage, intimement lié à notre civilisation, a ses dieux bien connus de tous : Dionysos en Grèce, Bacchus à Rome, Sucellus pour les Gaulois. Célébré tout au long de notre histoire, au Moyen Age, le vin doux est appelé Hypocras en souvenir du médecin grec Hippocrate : on lui attribue alors des propriétés médicinales et curatives.
Aujourd’hui encore, le vin est une partie intégrante de notre patrimoine, et les produits issus de la vigne constituent le premier secteur de l’agriculture de notre continent qui reste le plus grand producteur au monde, représentant à lui seul plus de la moitié du volume des vins produits sur Terre.
Comme le disait Rabelais : “ Jamais homme noble ne hait le bon vin.”
Audrey D’Aguanno
4 réponses à “Le vin le plus ancien du monde découvert en Espagne”
Merci Audrey pour ces lignes.
Moi dont le vin est mon métier, ce qui m’oblige à bourlinguer autour de la Terre pour placer mes boutanches, un tel article (Du reste, Bien écrit), instruit, et fait plaisir.
Alors que moi j’avais envie de chanter « Gwin ar C’hallaoued » pe ur c’hann all evel « Ev’ chistr ‘ta Laou rak chistr ‘zo mat »! Pe un dra all « An hini gozh eus Landelo…a eve dour ha stote perno ». Dans un autre domaine je me souviens à la messe de 10h avoir entendu le choeur des hommes entonner un vibrant « Bro gozh hon Tadoù Kozh » et l’air bourdonnait et les murs de l’église vibraient au milieu d’un tel enthousiasme! Ma n’e’ ket un truezh heiou (hiriw) ne jom tra nemet soñjoù!!!
Raymond maîtrise le breton mieux que moi !
Je croyais il y a une 20aine d’années, qu’il avait été découvert dans un bateau des amphores de vin encore intactes… De je ne sais quel siècle de la Rome ancienne.
D’ailleurs ce vin était « chargé » en épices, je ne sais plus lesquelles, montrant une vinification différente de la notre…