Cette semaine, Jordan Bardella a annoncé qu’il refuserait de prendre la tête du Gouvernement s’il n’obtenait pas à l’assemblée une majorité absolue lui permettant d’avoir les mains réellement libres pour agir.
Sa position traduit pour certains une crainte des responsabilités : pourtant il est logique de ne pas vouloir se démonétiser à jamais à cause d’une mauvaise configuration. Et en même temps, pardonnera-t-on à quelqu’un d’avoir refusé le pouvoir si c’est pour le donner à la coalition des gauches ? Pourquoi serait-ce une mauvaise configuration pour le RN ?
Et pourquoi la gauche est-elle en mesure de l’accepter alors que cela « nous » est impossible malgré des projections électorales supérieures ?
Pour 2 raisons :
- La gauche discute sur des bases programmatiques et doctrinales au-delà des haines mortelles (ce à quoi on se refuse au sein même du RN)
- La gauche voit plus loin que les élections pendant que de l’électeur au chef de parti, les héritiers des du courant monarchiste ne jurent que par le petit papier et la grosse urne. Elle possède un véritable ancrage local, syndical, associatif.
1- La gauche discute : elle parvient à organiser des meetings réunissant les gros partis et les plus petits groupuscules, les modérés et les plus caricaturaux. Ce n’est pas parce que tous les médias sont de gauche qu’elle y arrive : nous avons des gros médias aussi, mais à l’instar des chefs de partis ils préféreraient pour beaucoup plaire à l’adversaire que d’être assimilés à tel ou tel courant qu’ils jugent caricatural. Parfois à raison, le plus souvent sans voir que la mouvance radicale qu’ils méprisent est plus cultivée et ouverte d’esprit qu’on ne se l’imagine. Mais surtout : plus ancrée dans un certain nombre de territoires.
Si la gauche y arrive, c’est parce qu’elle ne doute pas d’elle-même.
Enfin, la gauche discute sur des bases programmatiques. Elle est divisée, mais elle sait appartenir à un camp et pas à un autre, et elle préfère convenir de positions communes que de perdre. Elle sacrifie les egos à la Cause.
La droite a peur de ses idées et des idées en général : ses représentants vous parlent d’union et de la France avec des trémolos dans la voix, mais pour la plupart leurs egos et leurs postes passent bien avant le reste.
Le RN est l’illustration absolue de cela : il n’envisage les autres que comme des marche-pieds.
2- La gauche voit plus loin que l’électoralisme : elle possède et entretien un tissu associatif, médiatique et économique qui lui permet d’envisager de diriger un Gouvernement sans majorité absolue. Elle a des relais locaux, plus radicaux souvent que les représentants officiels, plus caricaturaux (comme chez nous à droite) mais plus ancrés, plus courageux. Et les partis institutionnels de gauche ne les méprisent pas totalement, ils négocient avec eux, les utilisent et leur rendent service.
À l’inverse, le RN qui court après les personnalités dissidentes (et souvent incompétentes) du Système, considère toute personnalité ou organisation à sa droite comme un ennemi à abattre. Ce faisant il peut bien prendre le pouvoir, il est dans l’incapacité de l’exercer. Se contentant d’être une performante machine de guerre médiatique, il se cantonne au rôle de thermomètre des colères populaires. Espérons qu’il comprenne rapidement qu’on ne dirige pas un pays comme un parti, en essorant la base et les cadres et en se contenant de parler à la télévision.
Parce que même pour appliquer le programme d’Alain Juppé dans les années 90 (c’est-à-dire de saines mais toutes petites mesures), il va falloir affronter la magistrature, les grèves, les lobbies économiques, les banlieues etc etc.
En 2015, MLP était entrée en conflit avec Pascal Gannat et Marion Maréchal qui avaient promis de supprimer les subventions régionales au Planning Familial. Tous deux ont été marginalisés du FN pour cette raison (entre autres). « Ça fait partie de la vie des Français » leur a-t-on dit en substance. Et c’était vrai.
10 ans plus tard le Planning Familial appelle à voter pour La France Insoumise. Et le RN, en dehors de satellites bidons, ne possède aucun écosystème faisant partie de la vie des Français susceptible de contrebalancer. Si Melenchon 1er ministre lui réduit de moitié son temps de parole, il réduira de moitié sa performance électorale sans autre perspective que de geindre. Ce qui ne changera pas grand chose à la vie des Français, j’en conviens…
On me demande souvent ce que signifie ce « faites sécession » : il ne s’agit pas de vivre en hamiche dans les bois. Mais d’atteindre l’autonomie, la liberté et le poids nécessaires pour permettre aux hommes politiques de tenir leurs promesses. Ceci passe par faire partie de la « vie des gens » c’est à dire assumer des entreprises, des associations, des candidatures locales de gens certes un peu plus « radicaux », mais qui sont les seuls à pouvoir et vouloir incarner localement des idées qui conduisent parfois à la mort sociale et judiciaire.
Ce qui n’interdit pas d’aller voter, au contraire !
J-E Gannat
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8 réponses à “Éloge des radicaux, ou pourquoi la gauche peut gouverner plus facilement que le RN [L’Agora]”
Pas d’espérance démesurée dans les résultats issus des urnes, pas de désespoir non plus.
Le combat partout où le destin nous place.
Bravo à Jean-Eudes GANNAT.
Il est évident que nos législatives qui se font selon le scrutin d’arrondissement avec possibilité de report des voix entre les deux tours ne permettront jamais au mouvement national-patriote d’accéder seul à l’exercice du pouvoir
– d’abord : l’abstention fut de 46-48% aux seules élections démocratiques (soit selon le régime de la proportionnelle intégrale, où chaque voix compte) : celles qui viennent de se dérouler. Si l’on ne parvient pas à mobiliser ces électeurs potentiels qui jouent la politique de l’autruche, on ne saura jamais l’avis réel du peuple souverain… ce « peuple d’en-bas » dont le moitié semble se désintéresser éperdument de l’avenir de leurs en fants, ces « citoyens » du style : Après moi, le déluge ! »
– Les nationaux-patriotes (RN et groupes d’idéaux voisins) n’ont obtenu que 40%. Mmême s’ils pèsent un poids double des deux groupes qui viennent ensuite (les macronistes et les « gens de gauche »), ils seront écrasés au 2e tour des législatives dans la proportion de 6 contre 4
– le pays sera ingouvernable, jusqu’à ce que les immigrés extra-européens prennent démocratiquement (par la loi du nombre) le contrôle et au vu du taux d’abstentions il n’auront même pas besoin de représenter 51% du poids démographique pour y arriver : leurs imams leur donneront l’ordre de voter en masse et eux ne s’abstiendront pas :
ils auront réussi l’invasion par voie démocratique !!! Soit le triomphe de l’absurdité géopolitique
Tres bon article de J-E Gannat. Il expose bien le problème, et les doutes qui peuvent être les Nôtres. Bref, on peut-y croire, mais je serais tres étonné que l’on arrive a une majorité absolue au Parlement.
Le Conseil constitutionnel, le Conseil d’Etat, l’ Education Nationale, les Universités, la Magistrature, la plupart des médias, le show biz, les comédiens et artistes en tous genres, la SNCF, la RATP, l’Assistance Publique, l’URSSAF, l’Administration Fiscale, les fonctionnaires en majorité, sont des fiefs de la gauche depuis longtemps et voilà pourquoi un gouvernement extrême gauche soutenu par les musulmans dans leur majorité pourrait gouverner sans avoir des bâtons dans les roues au contraire d’un premier ministre RN.
Monsieur Bernard PLOUVIER, vous avez pointé avec justesse, là ou le bât blesse, à savoir la loi du nombre qui, inéluctablement donnera demain la majorité aux extra-européens, compte tenu de leur démographie galopante et de l’absence de politique nataliste en faveur des autochtones. Ces populations-là, à bon droit, pourront imposer leurs mœurs et la charia qui leur est si chère. Tout cela au nom de la démocratie, des valeurs républicaines et de la religion des droits de l’homme. Alors, oui, il n’est que temps de jeter aux orties ces pensées invalidantes sous peine de périr de la façon décrite par Jean Raspail dans son ouvrage prémonitoire : Le camp des saints.
Monsieur Jean-Eudes GANNAT, vous avez parfaitement présenté ce qui distingue fondamentalement les stratégies et modes d’action des partis de gauche de ceux dits de droite. Ce qui a manqué assurément au Front national, c’est la présence d’une composante nationaliste révolutionnaire (comme l’avait organisée François Duprat avant son assassinat) qui aurait servi d’aiguillon et d’obstacle à toute dérive regimiste comme nous le constatons malheureusement aujourd’hui. Souhaitons que les problèmes insurmontables auxquels fera face le RN au pouvoir, le ramèneront à une meilleure compréhension du combat nationaliste. On s’affirme ou bien on disparait…Cela, les nationalistes authentiques l’ont toujours su !
Si le RN demande l’exclusion de l’AFD de son groupe au Parlement européen en réaction à la position de ce dernier concernant le sujet de la remigration, une alliance entre le RN et Reconquête semble alors improbable, car Reconquête est sur une ligne politique proche de celle de l’AFD au sujet de la politique migratoire. De ce fait, si on place Reconquête dans le même groupe que le RN au Parlement européen, le RN demandera sans doute son exclusion du groupe comme pour l’AFD . Et si ce dernier participait aux prochaines élections en France, difficile d’imaginer le RN disposé à faire une union des droites avec un parti qu’elle a fait exclure de son groupe au Parlement européen.
les droites n’osent pas s’affirmer