Pour sa première participation à des élections, on peut dire que Chez Nous a la frite ! Fondé en 2021, le parti wallon anti-immigration a réalisé le 9 juin dernier des scores qu’on peut qualifier d’honorables : il a en effet convaincu 58 565 électeurs lors des régionales en Wallonie (2,83 % des suffrages) et 64 058 (3,03% des suffrages wallons) lors des élections au parlement national, qui avaient lieu le même jour que les Européennes (auxquelles Chez Nous n’était pas inscrit).
Il s’agit même d’un petit exploit, étant donné les règles déloyales en vigueur pendant la campagne. Le parti a été interdit de meeting dans 4 villes sur décision des maires socialistes, pour « risque de troubles à l’ordre public » ; une loi non écrite et non votée (« le cordon sanitaire ») l’a privé d’invitations en direct sur les chaînes de télévision et de radio ; enfin la presse a largement ignoré son existence, allant même jusqu’à présenter de manière partielle les sondages pour masquer sa petite percée. Avec les affiches et les tracts des enveloppes électorales, Internet a été le seul canal où la formation a pu communiquer sans intermédiaire avec les citoyens, non sans succès.
Grâce à Internet, les Wallons parlent aux Wallons
Selon le cabinet indépendant Gosselin et De Walque, Chez Nous a totalisé lors des derniers mois 95 000 réactions sur Facebook, You Tube, Instagram, X Twitter et Linkedin. A l’échelle wallonne, c’est beaucoup : Chez Nous n’est dépassé que par le centriste libéral George-Louis Bouchez (104 000 réactions) et le socialiste Paul Magnette (111 000 réactions), soit les 2 plus grands partis belges francophones.
Grâce à internet et aux discussions informelles, l’ombre de Chez Nous a plané sur les élections. L’immigration n’a jamais été directement abordée, mais l’insécurité a fait une timide apparition en fin de campagne. Cela s’est passé le 7 juin sur RTL, lors de débat entre les 6 chefs de parti autorisés d’antenne. Magnette a dû concéder qu’il y avait un réel problème d’insécurité en Belgique et proposé l’embauche de 10 000 policiers et de 500 magistrats. Ce à quoi Bouchez a rétorqué que « cela ne sert à rien : les policiers arrêtent les délinquants, le problème c’est qu’on ne les détient pas ». Le centriste a su tenir tête aux feux croisés de ses concurrents, tous de gauche, et cela a payé : son parti le MR a renversé le 9 juin le pouvoir socialiste corrompu, une date historique en Wallonie.
Quant à Chez Nous, il a manqué de peu d’avoir un élu. Les prochaines élections communales, le 13 octobre prochain, seront peut-être l’occasion de concrétiser son installation dans le paysage politique wallon. Localement, dans le pays profond, il a fait des scores significatifs : 3,74 % dans l’ancien bassin minier de Mons-Borinage, 6,8 % à Plombières près de Liège, 7,1 % à La Calamine, aux confins du royaume.
Enora
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