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A la découverte des Saints Bretons. Le 18 juin, c’est la Saint Maelgon

Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.

Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».

En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.

 Le 18 juin, c’est la Saint Maelgon

Maelgwn Gwynedd (480 ? – † 547 ?) (en latin : Maglocunus; parfois connu selon les auteurs sous le nom de Malgo, Malcune ou encore Malgocunos), également connu sous le nom de Maelgwn ap Cadwallon, Maelgwn Hir (« le Long »), et Maelgwn Fawr (« le Grand ») était roi de Gwynedd et une figure de la mythologie celtique galloise où sa personnalité est très controversée.

Le personnage historique

Le roi historique Maelgwn fut l’un des dirigeants les plus puissants de la Bretagne du VIe siècle. Il est devenu l’un des dirigeants les plus célèbres (et honni) de l’histoire du Pays de Galles. Il est l’un des cinq rois fustigés pour leurs péchés par l’écrivain chrétien Gildas (qui l’appelait Malgocunus, ce qui signifie « Grande Crapule ») dans son De Excidio Britanniae. Maelgwn fut également décrit comme « le Dragon de l’Île », probablement en référence à l’île d’Anglesey qui était le centre de son royaume, et était le plus puissant des cinq rois.

Gildas écrivit de lui : « …toi, le dernier de qui j’écris mais aussi le premier en malveillance, supérieur à beaucoup en compétence mais également en malice, généreux par tes dons mais aussi plus complaisant à tomber dans le pêché, fort à la guerre mais encore bien plus pour détruire ton âme… »

Gildas accuse Maelgwn d’avoir extirpé le pouvoir à son oncle en l’assassinant alors qu’il était encore jeune. Il aurait alors fait pénitence et juré de se faire moine, mais son repentir ne dura pas et il retourna bientôt à son attitude précédente. Il aurait alors tué sa femme et son neveu pour pouvoir épouser la veuve de ce dernier.

Selon une théorie de David Sims, Maelgwn aurait pu être le véritable Mordred (dans la légende, le fils incestueux du roi Arthur). L’oncle qu’il aurait ainsi assassiné ne serait autre que le roi Arthur qu’il voit en la personne de Owain Ddantgwyn.

En outre, Geoffroy de Monmouth, bien que lui reconnaissant de nombreuses qualités, le dépeint comme un sodomite qui aimait avoir des mignons à ses côtés. Malgré de nombreuses contributions aux offices religieux de son vivant (il fonda par exemple l’évêché de Bangor), Maelgwn fut la cible des écrivains chrétiens.

On raconte néanmoins qu’il fut un grand mécène et un législateur capable, bien que certains attribuent cette réputation à sa propre propagande. Il établit sa cour à Deganwy et s’entoura d’une suite de bardes et d’artisans qui écrivirent chaleureusement sur ses réussites. Gildas en prit peu compte et l’accusa d’écouter ses propres louanges au lieu de chanter celles de Dieu. Peu avant sa mort, Maelgwn s’établit comme le dirigeant prééminent de la région, et ses fils Rhun et Brude héritèrent à la fois de Gwynedd et des terres des Pictes, au sud de l’Écosse. Selon les Annales Cambriae, il serait mort de la « peste jaune ».

Cette épidémie, probablement venue d’Égypte, aurait découlé d’un hiver rigoureux causé par la chute d’une météorite en 536. Lors de l’épidémie, Maelgwn se serait réfugié dans une abbaye, mais finit quand même par être contaminé. On raconte que lorsqu’il mourut, il avait tellement l’air de dormir que nul n’osait le réveiller. Cette anecdote donna une expression, toujours utilisé de nos jours quand quelqu’un meurt dans son sommeil : « Hir hun Faelgwn yn eglwys Ros » (écrit dans les Annales Cambriae comme « Hir hun Wailgun en llis Ros ») signifiant « le long sommeil de Maelgwn dans la chapelle de Rhos ». Il serait mort en 547 ou 549 et aurait été enterré à Ynys Seiriol.

Le personnage légendaire

Il existe de nombreuses histoires concernant Maelgwn, rarement objectives et dont la véracité des faits est plus que discutable.

On raconte par exemple que les différents partis se disputant le trône de Gwynedd aurait décidé d’en faire l’enjeu d’un concours : Maelgwn avait suggéré que tous les participants s’assoient dans leur trône, sur la plage, et que celui qui reste ainsi le plus longtemps malgré les vagues serait le gagnant. Il remporta le concours en installant une sorte de bouée sous son trône.

La légende de son premier mariage est très connue : il aurait offert à Nesta, sa reine, un anneau d’or. Mais celle-ci le perdit en prenant son bain dans la rivière Elwy. Elle demanda alors de l’aide à St Asaph, qui invita le couple à dîner et expliqua à Maelgwn comment Nesta avait perdu sa bague. Maelgwn entra dans une fureur noire et accusa sa femme de l’avoir en fait offert à un amant. Asaph parvint pourtant à le calmer suffisamment pour qu’il acceptât de rester manger et priât que l’on puisse retrouver la bague. Il leur servit des poissons pêchés à même la rivière Elwy, et quand Maelgwn l’ouvrit, il y trouva l’anneau.

Une autre légende dépeint le caractère fourbe de Maelgwn : il apprit un jour que Saint Padarn avait une fortune considérable en or et décida de la lui voler par la ruse. Il envoya à l’évêque des émissaires chargés de sacs de graviers et de mousse. Il les fit passer pour son trésor et lui demanda de le garder pendant qu’il partait en guerre. Quelques mois plus tard, il dépêcha à nouveau des messagers pour récupérer l’or et ceux-ci, bien entendu, ne trouvèrent que mousse et cailloux. Accusé de vol, Padarn fut traduit devant Maelgwn et se refusa à rembourser quoi que ce soit. Il dut donc passer le jugement de Dieu : lui et ses accusateurs devaient plonger leurs bras dans un chaudron d’eau bouillante et attendre une courte période de guérison. Tandis que les messagers avaient encore les bras en cloques et douloureux, Padarn ne présentait plus la moindre trace de brûlure et fut donc déclaré innocent tandis que Maelgwn fut forcé d’avouer sa ruse et d’offrir des terres à sa victime pour expier sa faute.

Selon Geoffroy de Monmouth, Maelgwn aurait eu au total trois femmes, mais aussi des mignons, et aurait été élu par les Pictes pour mettre enceinte leur reine et leur donner ainsi un héritier royal (ses deux grand-mères auraient été Pictes, ce qui faisait de lui un Picte d’après leur système matriarcal).

Elis Gruffydd écrivit au milieu du XVIe siècle un manuscrit dans la tradition mythologique, mais certains critiques pensent que l’histoire qui suit serait encore plus vieille : Le roi Maelgwn demanda à ce qu’un fils d’un de ses vassaux qui habitait loin, Elphin (dans d’autres versions de cette histoire, il s’agit de Elffin ap Gwyddno, son propre neveu), vienne faire son éloge à sa cour. Ce dernier refusa et annonça que son barde, Taliesin, était bien meilleur que n’importe quel barde de sa cour et que sa femme était bien plus belle que n’importe quelle autre femme que sa cour pût avoir. Taliesin, étant devin, savait ce qui se passait et le raconta à la femme d’Elphin. Le fils de Maelgwn, Rhun, vint chez Elphin pour séduire sa femme et prouver que les déclarations de ce dernier étaient fausses. Rhun l’enivra et quand elle s’évanouit, il tenta de lui retirer son alliance afin de prouver son infidélité. Comme il n’arrivait pas à la retirer, il lui coupa le doigt, sous l’ongle duquel il y avait de la pâte à pain, et le ramena à Maelgwn. Celui-ci le montra à Elphin et sous-entendant que sa femme se coupait les ongles plus souvent que la personne à qui appartenait le doigt, qu’elle avait des serviteurs pour lui faire la pâte à pain, et que son alliance à elle était suffisamment grande et non pas trop petite.

Maelgwn ordonna à Taliesin de se présenter à sa cour afin de montrer à tous que l’assertion selon laquelle il était un meilleur barde que n’importe qui d’autre était fausse. Taliesin proposa d’affronter en duel tous les bardes de sa cour en composant une épopée en seulement vingt minutes. Ceux-ci échouèrent, et lorsque ce fut au tour de Taliesin donner son récital, une bourrasque de vent ébranla le château. Effrayé, Maelgwn fit mander Elphin, alors en prison. La chanson suivante de Taliesin fit tomber les chaînes de son maître. Maelgwn les défia sur une course de chevaux et Taliesin se présenta le lendemain avec un vieux cheval fatigué. Tandis que les chevaux du roi le dépassaient, il frappa la croupe de chacun d’une brindille de houx et jeta son chapeau à terre. Tous ses concourants firent demi-tour juste au moment où ils allaient passer la ligne d’arrivée puis se mirent à danser. Le cheval de Taliesin se traîna ensuite jusqu’à la ligne d’arrivée et gagna la course.

On raconte dans une autre histoire que Maelgwn plaça ses plus beaux chevaux sous la garde de saint Tydecho. Mais celui-ci les laissa en liberté dans la montagne à brouter la bruyère plutôt que de les laisser paître l’herbe dans leur enclos. Quand il les rendit à Maelgwn, la couleur de leur robe avait viré au jaune. Maelgwn s’empara de son cheptel de bœufs en guise de châtiment. Tydecho aurait alors enchanté des cerfs pour tirer sa charrue. Maelgwn se serait un jour assoupi sur un rocher en allant à la chasse et y resta collé jusqu’à ce que Tydecho vienne le délivrer…

Dans l’encyclopédie Britannica de 1911, on peut trouver cette histoire : Maelgwn voulut prouver la supériorité du chant sur les instruments de musique et proposa une récompense à ses bardes et ménestrels qui traverseraient la rivière Conwy à la nage. Quelques-uns jouèrent le jeu et traversèrent la rivière, mais une fois arrivés, ils ne pouvaient plus jouer de leur harpe, trop abîmée par l’eau, mais pouvaient toujours chanter…

De nombreuses autres anecdotes, aux origines douteuses existent sur le personnage, tantôt illustrant sa grandeur, tantôt dénonçant son caractère fourbe.

Fiction

Maelgwn « le Dragon de l’Île » était le personnage principal des trilogies The Ancient Future et The Celestial Triad écrits par l’auteur australien Traci Harding. Il y est dépeint comme juste, généreux et tendre. Son tuteur dans l’enfance était Taliesin. Son père Cadwallon fut emprisonné par son oncle Cadfer, qui viola alors sa mère Sorcha Lawhir, laquelle se suicida. Maelgwn tua son oncle et rendit le trône à son père.

Photo : DR

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