Nantes : Marie Vitoux est obsédée par le centre de rétention administrative

Johanna Rolland a à faire face à deux oppositions au sein de son conseil municipal. Une première externe avec la droite et les macroniste – peu dangereuse -, une seconde bruyante au sein de sa majorité avec les écologistes. A la manœuvre Marie Vitoux qui somme la maire de s’exprimer sur le projet de création d’un centre de rétention administrative, c’est-à-dire de le dénoncer.

Dans un mariage, il y a des hauts et des bas. Dans un mariage politique, c’est pire ; quelquefois les désaccords peuvent se transformer en hostilité. Rappelons qu’à Nantes, la majorité municipale est le fruit d’une alliance au second tour des élections municipales (28 juin 2020) entre la liste de Johanna Rolland (PS) « Nantes en confiance » et celle de Julie Laernoes (EELV) « Nantes ensemble » ; à ce second tour, la liste « Ensemble Nantes en confiance » – conduite par Johanna Rolland – l’avait emporté facilement (59,67 % des suffrages exprimés). Sur les vingt-six adjoints, dix appartiennent au groupe « écologistes et citoyens » ; parmi ces derniers Marie Vitoux, déléguée à l’économie sociale et solidaire ainsi qu’à la mixité et la diversité dans l’emploi, également conseillère métropolitaine. Aujourd’hui, sa grande préoccupation s’appelle « centre de rétention administrative ».

Tout commence le 4 octobre 2022, un communiqué signé par la maire Johanna Rolland et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin acte le projet de construction d’un centre de rétention administrative à Nantes ; cette structure est réservée aux étrangers en voie d’expulsion, elle aura une capacité d’accueil de 140 places et emploiera 120 personnels de la PAF (police de l’air et des frontières). Coût : 30 millions d’euros. Précision apportée par Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de Loire-Atlantique : « Le foncier, qui appartient à l’Etat, se situe en droit de l’actuelle maison d’arrêt. Son ouverture est prévue pour la fin 2026, début 2027 » (Presse Océan, samedi 6 avril 2024). Dans l’appel d’offres lancé en novembre 2023, il est indiqué que « la métropole nantaise est confrontée à un flux migratoire sans précédent qui s’accompagne d’une activité particulièrement soutenue en matière d’éloignement ou de réadmission». Il est également fait état « des difficultés rencontrées » pour appliquer les obligations de quitter le territoire français du fait de « l’absence de place potentielle au CRA de Rennes » ou de « l’indisponibilité d’équipages de policiers nantais ». Tout comme il est noté que « l’escorte d’une personne placée en rétention administrative aboutit à immobiliser un équipage durant quatre à cinq heures, alors même que l’aéroport de Nantes Atlantique dispose de liaisons régulières » vers de nombreux pays (Presse Océan, samedi 25 mai 2024)

Des fractures au sein de la majorité municipale

Une semaine après la promulgation de la loi immigration, le conseil municipal de Nantes vote un vœu condamnant ce texte. Le premier adjoint PS Bassem Asseh (Liban) regrette que « tout en démontrant que plusieurs dispositions de la loi immigration étaient contraires aux règles fondamentales de notre République, le conseil constitutionnel a cependant laissé en place un certain nombre de dispositions qui heurtent frontalement nos valeurs humanistes et universalistes » (Presse Océan, samedi 3 février 2024). Ce sera l’occasion pour Marie Vitoux de critiquer ce pays « qui remet en cause le droit du sol. Nous refusons aussi le centre de rétention administrative prévu par M. Darmanin ». Voilà le nouveau cheval de bataille de Mme Vitoux, le CRA ! D’un côté on trouve Pascal Bolo (PS), à l’époque adjoint chargé des questions de sécurité, qui estime que « la création par l’Etat d’un CRA s’inscrivait dans l’ordre des choses pour une métropole de la taille de Nantes ». De l’autre les élus écologistes qui qualifient les CRA « de structures de privation de liberté inhumaines et indignes » (Presse Océan, samedi 30 mars 2024).

A partir de ce moment-là, les militants hostiles au projet de CRA font pression sur Johanna Rolland pour qu’elle prenne position dans ce dossier, c’est-à-dire annonce clairement son refus de ce centre. Guillaume Bénat (EELV) rappelle que « les quatre groupes de la majorité municipale ont signé un communiqué pour s’opposer au projet. Nous attendons donc des paroles claires » (Presse Océan, dimanche 14 avril 2024). Marie Vitoux va donc entrer en guerre contre Johanna Rolland. Pour la première, la création d’un CRA fait partie « des fractures qui existent aujourd’hui » au sein de la majorité municipale. Elle interpelle donc Mme Rolland « pour qu’elle exprime très clairement sa position sur le sujet ». « Que pense au fond la maire de Nantes, présidente de France urbaine et n°2 du PS sur un sujet aussi important que le CRA ? On ne le sait pas véritablement », attaque-t-elle. « Pour nous, membres du groupe écologistes et citoyens, c’est un vrai point d’interrogation et d’alerte », poursuit-elle. L’élue écologiste et ses collègues exigent maintenant que la maire de Nantes « sorte de l’ambiguïté » et qu’elle fasse preuve de « la même clarté » que lorsqu’elle a dénoncé le contenu de la loi « asile-immigration » promulguée en janvier. « Un CRA, ça n’a d’administratif que le nom. En réalité, il s’agit d’une prison », s’indigne-t-elle (Presse Océan, samedi 25 mai 2024)

Marie Vitoux manque de prudence

Il paraît que « le silence persistant de la maire, sur la question de ces centres, n’est « pas de nature à rassurer » ses alliés avant les prochaines municipales. Et Marie Vitoux de cingler : “Comme disait une figure du PS, Martine Aubry, “quand c’est flou c’est qu’il y a un loup“. Il est temps de sortir du flou » (Presse Océan, samedi 25 mai 2024). Voilà qui ressemble à un ultimatum. A coup sûr, Mme Vitoux a tort de s’exciter avant de connaître le résultat des élections européennes ; car l’affaire se présente mal pour la liste de Marie Toussaint : seulement 7 % dans les intentions de vote, contre 13 % pour celle de Raphaël Glucksmann (Elabe, La Tribune Dimanche, 2 juin 2024). Au soir du 9 juin, Johanna Rolland et son équipe examineront de près les résultats de la ville de Nantes. Au cas où le résultat nantais serait comparable à ce qu’indiquent aujourd’hui les sondages, le rapport de force – socialiste/écologiste – avantagera la maire et défavorisera Marie Vitoux, laquelle n’aura plus qu’à se taire. En effet trop causer n’est pas forcément une bonne idée, surtout lorsqu’on prévoit de revendiquer pour sa famille le job de premier adjoint.

Notons la présence de six Bretons sur la liste de Marie Toussaint : Charles Braine (16e), Juliana Métivier (23e), Gwénaël Floch (38e), Nolwenn Henry (55e), Emeline Hamon (71e), et Claire Desmares (75e). Aucun ne sera élu. Le personnage le plus intéressant est évidemment Gwénaël Floch, maraîcher en bio ; il entend interpeller à propos de « la répartition des subventions de la PAC (Politique agricole commune) qui favorise les exploitations de grandes surfaces plutôt que le nombre d’emplois créés dans le calcul des aides ». Il chiffre que « sur les neuf milliards d’euros distribués par an, 20% des plus grosses exploitations concentrent 50% de ces aides ». Il explique pourtant que lui, sur le demi-hectare qu’il exploite à Val-d’Anast, emploie cinq personnes. (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, vendredi 19 avril 2024).

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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4 réponses à “Nantes : Marie Vitoux est obsédée par le centre de rétention administrative”

  1. louis dit :

    comment les nantais peuvent etre assez cons pour voter pour des pots de fleurs comme tous ces gaucho-écolos ? c’est pour moi un mystere ….

  2. Francesco dit :

    Car ils aiment les cucurbitacéees…..

  3. patphil dit :

    elle préfère que les clandestins restent dans les rues, y continuent leur trafic de drogues,mais ceux là en profitent aussi pour violer ou tuer

  4. Le visionnaire dit :

    La masse critique de damnés de la terre errant etant atteinte, le destin de la ville est d’ores et déjà scellé.

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