Est-il répréhensible de chanter « Ausländer raus » sur le tube festif de Gigi D’Agostino ? Des procureurs ont ouvert des enquêtes dans plusieurs villes allemandes, signe d’une véritable chasse aux sorcières. Les premiers résultats sont désormais disponibles.
Le parquet d’Augsbourg a classé l’enquête concernant le chant « Deutschland den Deutschen – Ausländer raus » (l’Allemagne aux Allemands – les étrangers dehors) sur la chanson « L’amour toujours » de Gigi D’Agostini. Il ne s’agit pas d’une incitation à la haine et n’est donc pas punissable, ont constaté les accusateurs selon Bild.
Lors d’un défilé de carnaval en février à Landsberg am Lech, des participants avaient chanté ces lignes sur un char de la Landjugend Hohenfurch. Ces derniers avaient récemment suscité une grande indignation politique et médiatique en diffusant une vidéo d’une fête sur l’île de Sylt. La présidente du Bundestag, Bärbel Bas (SPD), a même demandé « la peine maximale ». En cas d’incitation à la haine, cette peine serait de cinq ans de prison.
« En principe, il est toujours question de punir ce genre de slogans », a déclaré au journal la procureure d’Augsbourg Melanie Ostermeier. « Le délit d’incitation à la haine exige cependant que dans le cas concret – au-delà de la manifestation d’un simple rejet et d’un mépris – il y ait une incitation à la haine contre les étrangers ou une incitation à des mesures violentes et arbitraires contre les étrangers ou que les étrangers soient insultés, calomniés ou dénigrés avec malveillance en portant atteinte à la dignité humaine ».
Ce n’est pas le cas de la chanson : « La procédure a été suspendue parce que les éléments constitutifs de l’infraction n’étaient pas réunis dans ce cas particulier concret », a expliqué la représentante de l’accusation.
La procédure de Sylt sera-t-elle également abandonnée ?
En revanche, contrairement à ses collègues d’Augsbourg, le parquet de Neubrandenburg n’a toujours pas décidé de la suite à donner à un incident survenu dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale. Là-bas, des jeunes gens avaient déjà chanté publiquement les lignes le 14 octobre dernier et avaient apparemment contribué à leur diffusion dans des fêtes dans toute l’Allemagne par le biais de vidéos. Comme le rapporte Nius, les autorités gardent la question ouverte de savoir si la procédure sera abandonnée ou si des poursuites seront engagées.
Même si le parquet porte l’affaire, qui remonte à huit mois à peine, devant le tribunal, ce sont les juges qui décideront si le slogan est punissable en vertu du paragraphe 130 du code pénal relatif à l’incitation à la haine. De même, en ce qui concerne le chant « Dehors les étrangers » sur l’île de Sylt, le parquet compétent examine encore comment il va traiter l’affaire. La pression médiatique et politique sur cette autorité soumise à des directives est toutefois grande.
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