En 2016, le « droit à la déconnexion » faisait son entrée dans le Code du travail avec pour objectif de permettre à tous les salariés hexagonaux de préserver leur vie personnelle et familiale.
Quant à sa définition, l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) a présenté ce « droit à la déconnexion » comme le droit pour tout salarié « de ne pas être connecté à un outil numérique professionnel (smartphone, ordinateur, tablette, messagerie, logiciels etc.) en dehors de son temps de travail. Cela concerne tous les salariés amenés à utiliser ces nouvelles technologies dans leurs activités professionnelles (travailleurs sédentaires, télétravailleurs, travailleurs dits « nomades ») ».
Pour sa part, la loi travail du 8 août 2016 indique que ce droit à la déconnexion a notamment pour objectif de garantir « le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale ». Et, en conséquence, de protéger aussi la santé des salariés.
Les manifestations de l’hyperconnexion au quotidien
Quelques années plus tard, ce « droit à la déconnexion » a bien du mal à s’imposer en France, où, dans les entreprises, salariés et managers sont de plus en plus nombreux à être concernés par « l’hyperconnexion ».
En pratique, l’hyperconnexion se manifeste par une dépendance croissante aux outils numériques et aux réseaux de communication, utilisés de manière continue tout au long de la journée. Pour les salariés français, cela se traduit par une sollicitation constante via les emails, les messageries instantanées, et les plateformes de travail collaboratif. Les employés sont souvent amenés à consulter leurs emails professionnels dès leur réveil et jusqu’à tard dans la soirée, réduisant ainsi les moments de déconnexion réelle.
Les réunions en visioconférence se sont multipliées ces dernières années, souvent empiétant sur les heures de repas ou en dehors des horaires traditionnels de travail. De plus, l’usage intensif des smartphones et des ordinateurs portables permet aux salariés d’être joignables en permanence, même durant leurs congés ou le week-end. Cette disponibilité constante est accentuée par les attentes implicites ou explicites de réactivité immédiate de la part des supérieurs hiérarchiques ou des collègues.
La généralisation du télétravail, accentuée par la crise sanitaire du Covid-19, a également renforcé cette tendance. En travaillant depuis son domicile, les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle deviennent floues, rendant encore plus difficile la déconnexion totale des tâches professionnelles.
Les risques associés à l’hyperconnexion
L’hyperconnexion, si elle peut sembler bénéfique en termes de productivité et de réactivité, comporte de nombreux risques pour les salariés. Le premier de ces risques est le stress chronique. La sollicitation incessante et la pression pour répondre rapidement aux demandes peuvent entraîner une surcharge mentale, rendant difficile la concentration sur des tâches spécifiques et augmentant l’anxiété.
Cette pression constante peut également mener au « burn-out », un état d’épuisement professionnel caractérisé par une fatigue extrême, une diminution de l’efficacité au travail et un sentiment de détachement vis-à-vis des tâches professionnelles. Les salariés touchés par le « burn-out » peuvent éprouver des difficultés à se motiver et à trouver de la satisfaction dans leur travail, ce qui impacte leur performance globale et leur bien-être personnel.
Par ailleurs, l’hyperconnexion peut avoir des conséquences néfastes sur la santé physique. L’utilisation prolongée des écrans est associée à des problèmes oculaires, tels que la fatigue visuelle, mais aussi à des douleurs musculo-squelettiques causées par une posture prolongée et souvent inadéquate. Les troubles du sommeil sont également fréquents chez les salariés hyperconnectés, car l’exposition continue aux écrans perturbe le cycle circadien, rendant plus difficile l’endormissement et réduisant la qualité du sommeil.
Les relations sociales et familiales ne sont pas épargnées par ce phénomène. La disponibilité constante pour le travail peut empiéter sur le temps consacré à la famille et aux amis, réduisant ainsi la qualité des interactions personnelles et contribuant à un sentiment d’isolement social. Les moments de détente et de loisirs, essentiels pour l’équilibre psychologique, sont souvent sacrifiés, menant à une diminution globale de la satisfaction de vie.
Vers une meilleure gestion de l’hyperconnexion
Pour faire face à ces risques, il est essentiel de mettre en place des stratégies de gestion de l’hyperconnexion. Les entreprises ont un rôle clé à jouer en adoptant des politiques favorisant la déconnexion. Cela peut inclure la mise en place de chartes de bonnes pratiques numériques, encourageant les employés à ne pas envoyer ou répondre à des emails en dehors des heures de travail, ou à désactiver les notifications en dehors des heures de bureau.
Les salariés peuvent également prendre des mesures individuelles pour se protéger. Établir des plages horaires dédiées à la consultation des emails et des messages professionnels, limiter l’usage des écrans avant le coucher, et prendre régulièrement des pauses loin des écrans sont autant de pratiques qui peuvent aider à réduire l’impact de l’hyperconnexion.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine