Un lieutenant est condamné à suivre son capitaine… C’est la sort de Matthias Tavel qui s’intéresse davantage à Gaza qu’à la question sociale ; les sondages montrent que ça ne paie pas !
Etre député de Saint-Nazaire est un métier, être conseiller régional des Pays de la Loire en est un autre, être directeur de la campagne des insoumis aux élections européennes en est un troisième… Or il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée… Mais Matthias Tavel (LFI) possède la réputation d’être un solide connaisseur des affaires européennes puisqu’il a écrit deux livres sur l’Europe en 2013 et 2018, « ouvrages militants sur les enjeux européens, la crise grecque, la mise en concurrence des services publics européens » (Ouest-France, Loire-Atlantique, jeudi 21 mars 2024). S’il fallait définir Tavel, on dirait que c’est un « lignard », collant toujours à la ligne du parti définie par Jean-Luc Mélenchon. Actuellement, leur ennemi n°1 s’appelle Raphaël Glucksmann qui devance Manon Aubry dans les sondages. « Depuis des semaines, Jean-Luc Mélenchon et les insoumis ont fait de Gaza le thème majeur de leur campagne européenne. A les écouter, ils seraient les seuls à dénoncer le massacre en cours, qu’ils qualifient de “génocide“. » Certes, « Glusks » tient une position équilibrée en dénonçant à la fois l’attaque du Hamas du 7 octobre et la riposte israélienne. « Mais ce n’est pas assez, ou alors trop mou pour le camp mélenchoniste… “Vous l’avez entendu proposer un embargo sur les armes françaises livrées à Israël. Il n’en fait pas un sujet », affirme Matthias Tavel (Le Nouvel Obs, 16 mai 2024).
A la vérité, la question palestinienne en général et l’affaire de Gaza en particulier ne passionnent pas les électeurs. En tête des sujets prioritaires (trois réponses possibles), on trouve le pouvoir d’achat (53 %), en seconde position l’immigration (33 %), en troisième le système de santé (30 %), en quatrième la protection de l’environnement (24 %), en cinquième la sécurité des personnes et des biens (21 %). A la seizième place apparaît la situation à Gaza (7 %)… (Ipsos, Le Parisien, jeudi 16 mai 2024). On comprend pourquoi tous les sondages portant sur les intentions de votre ne sont pas favorables à la liste conduite par Manon Aubry. Un exemple : 6,5 % contre 14 % pour la liste PS-Place publique de Raphaël Glucksmann (Viavoice, Libération, vendredi 24 mai 2024).
Jean-Luc Mélenchon cherche des renforts pour 2027
Tout le monde sait que le véritable objectif de Jean-Luc Mélenchon s’appelle élection présidentielle (2027). Avec un grand rêve : être qualifié pour le second tour face à Marine Le Pen – ce serait son bâton de maréchal. Pour y parvenir, il a besoin de mobiliser à son profit les électeurs immigrés, ceux des quartiers « sensibles ». « En faisant de Gaza l’axe principal de sa campagne pour les européennes, M. Mélenchon, qui rêve de conquérir le vote des quartiers populaires, a radicalisé ses positions à mesure que le conflit se durcissait. » (Le Monde, dimanche 28-lundi 29 avril 2024). Ce que confirme Rémi Lefebvre, professeur de science politique et spécialiste de la gauche : « « LFI essaie de politiser le conflit pour mobiliser l’électorat des quartiers populaires. Ils ne perdent pas d’électeurs en faisant ça mais en cherchent de nouveaux. » (La Tribune Dimanche, 28 avril 2024). N’oublions que dans les douze circonscriptions de Seine-Saint-Denis (élections de 2022), neuf reviennent à LFI (Alexis Corbière élu dès le premier tour, Eric Coquerel, Thomas Portes, Raquel Garrido, Bastien Lachaud, Aurélien Trouvé, Nadège Amangoli, Clémentine Autain, Jérôme Legavre), deux au PCF et une au PS ; on peut parler d’un vote “ethnique“… On remarquera également que, lors de l’élection présidentielle d’avril 2020, 500 000 voix ont manqué à Jean-Luc Mélenchon pour dépasser Marine Le Pen et être ainsi qualifié pour le second tour. Le Lider Maximo croit qu’en 2027, il les trouvera chez immigrés, d’où ce discours destiné à les séduire. D’où l’embauche de la Palestinienne Rima Hassan. D’où cette reconversion opportuniste : « Les anciens du PS dénoncent le cynisme de l’Insoumis dans son combat pour la défense des Palestiniens. « A-t-il seulement mis un pied dans sa vie à Gaza, en Cisjordanie ou en Israël ! ? » dénonce un camarade. Un autre se souvient qu’il ne s’est « jamais intéressé au conflit israélo-palestinien. Il nous disait tout le temps : “Ne vous en mêlez pas, il n’y a que des coups à prendre “ » (Le Journal du dimanche, 5 mai 2024).
Bernard Morvan
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2 réponses à “Saint-Nazaire : Matthias Tavel (LFI) se trompe de cible”
La Palestine, les électeurs s’en foutent ! Et ils ont bien raison.
les gauches préfèrent les autres aux notres, un électorat de substitution aux travailleurs français