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Guerre en Ukraine. De retour d’une mission humanitaire dans le Donbass, Nikola Mirkovic témoigne

Nikola Mirkovic, président de Ouest-Est, et plusieurs bénévoles viennent de terminer une nouvelle mission humanitaire au Donbass en Guerre. C’est la 10e mission de Nikola Mirkovic, qui distribue de l’aide aux plus démunis sur place depuis l’irruption de la guerre en 2014.

« Pour ce voyage de printemps 2024, nous avons distribué de l’aide dans une demi-quinzaine de localités situées un peu partout entre Marioupol au Sud et Popasna au Nord. Dans tous ces endroits, nous avons apporté des médicaments, des soins de premiers secours, de la nourriture et des produits d’hygiène (lessive, détergent, savon, etc) ; nous avons rencontré des familles vivant dans des conditions absolument terribles, sans doute parmi les pires en Europe aujourd’hui ; nous avons passé un peu de temps avec eux et leur avons montré qu’ils ne sont pas oubliés de tous.

À Stepano Krynka, nous visitons une école que nous avons déjà aidée par le passé. Nous allons d’ailleurs visiter la salle informatique, pour laquelle nous avons offert des ordinateurs l’an dernier. Nous distribuons des jouets et du matériel de sport aux élèves. Les adolescents de la classe de musique nous offrent un petit concert de guitare. Avant de partir, nous commandons une nouvelle porte d’entrée qui sera installée dans quelques semaines et qui viendra remplacer celle qui est actuellement vétuste et condamnée.

À Pervomais’k, nous distribuons des jouets pour les enfants et de la nourriture pour leurs familles, ainsi que du nécessaire de premier soin. Ça a sans doute été la distribution la plus émouvante de ce séjour. D’abord parce que les enfants ont été très curieux, posant beaucoup de questions, l’un d’eux demandant même à nos volontaires s’il pouvait repartir avec eux en France… Mais aussi parce que c’est dans ces mêmes rues qu’il y a 10 ans Nikola Mirkovic a fait sa toute première distribution d’aide humanitaire dans le D0nbass en guerre ! » indiquent les bénévoles qui poursuivent le récit de leur opération.

« À l’époque, les combats se déroulaient à quelques centaines de mètres à peine de l’endroit où il avait fait sa distribution. Depuis, la ligne de front s’est un peu déplacée mais reste assez proche, même si ce jour-là tout était calme.

Nous avons bien failli ne pas arriver à Popasna, à quelques kilomètres à peine de la ligne de front : d’abord, en partant de Donetsk, nous réalisons qu’un de nos pneus est à plat, une vis géante plantée dans la gomme. Roulant prudemment, nous arrivons à nous rendre à un parking au fond duquel se trouve une improbable guérite, d’où sort un colosse impressionnant. Avec un de nos camarades, ils sortent la vis, introduisent une mèche dans le trou et regonflent le pneu. Nous pouvons reprendre la route, en nous pensant bien chanceux d’avoir pu faire cette réparation si facilement. Hélas, à quelques kilomètres à peine de notre objectif, notre chance semble tourner : nous nous retrouvons soudainement au beau milieu d’un groupe de soldats tirant de toutes leurs armes sur un drone qui nous survole. Ces drones sont soit des drones suicides, soit des observateurs d’artillerie ; dans les deux cas, nos deux véhicules sont une belle cible… Nous avons quelques sueurs froides. Nous appuyons sur accélérateur pour quitter les lieux au plus vite, les chemises collées à la peau par l’émotion…

Popasna ressemble presque à Stalingrad après le siège : aucun bâtiment n’a été épargné par les combats et les bombardements. Nous y arrivons alors que la nuit commence à tomber. Nous nous arrêtons sur ce qui reste d’une place ; des silhouettes sortent des caves des immeubles autour. Ambiance d’apocalypse… En plus des distributions habituelles, nous avons apporté plusieurs générateurs électriques à ces gens qui survivent ici depuis presque deux ans, la plupart du temps sans eau courante ni électricité. Ici, nous sommes au fond de la misère ; les visages sont tirés, les vêtements semblent n’avoir pas été lavés depuis des mois, voire plus. Notre présence ne déclenche même pas cette étincelle qu’on voit habituellement dans les regards, malgré les remerciements sincères que nous recevons et les sourires esquissés. Au fond des yeux, nos hôtes n’ont plus que lassitude et angoisse. Nous repartons rapidement pour ne pas attirer l’attention sur eux. Ils repartent dans leurs habitations de fortune. Nous laissons l’enfer dernière nous ; eux se replongent dans ses entrailles.

À Ilovaisk, nous nous dirigeons vers le monastère de Saint-Kasperovsky, où des moines et moniales s’occupent entre autres d’un hospice où ils soignent des personnes âgées malades et en fin de vie. La visite est poignante. Beaucoup de ces personnes sont grabataires, beaucoup souffrent terriblement. Pourtant, la douceur et la délicatesse des moines et des moniales font naître de beaux moments de joie au milieu de toutes ces souffrances, physiques et morales. Nous offrons plusieurs cartons de médicaments au Père Antoni, solide colosse qui gère ce dispensaire avec une énergie débordante. Il nous invite à rester dîner sur place, et nous partageons un repas avec les habitants de cet endroit où beauté et misère cohabitent.

À plusieurs endroits, nous avons travaillé à nouer des liens avec l’Église orthodoxe, qui est partout au travail pour venir en aide à tous ceux qui en ont besoin, et Dieu sait qu’ils sont nombreux. Travailler avec l’Église, en plus de nos partenaires actuels évidemment, nous assurera de couvrir encore mieux les besoins en privilégiant toujours à la fois les plus urgents et ceux qui auront un impact le plus durable possible.

Cette mission est un nouveau très beau succès. Malgré la guerre, nous avons ressenti partout beaucoup de résilience et une volonté réelle de s’en sortir et de ne pas se laisser abattre par la situation. Nous avons été très bien accueillis et nous sommes toujours très admiratifs de ces personnes qui n’ont pas grand chose et qui souffrent des affres de la guerre mais qui veulent toujours nous donner à leur tour un petit quelque chose ou nous inviter à prendre un verre ou déjeuner. Ceux qui ne possèdent plus rien sont parfois plus généreux que ceux qui possèdent tout.

Enfin, nous remercions évidemment encore une fois tous ceux qui, ici en France et en Europe, nous ont permis par leur générosité de partir à nouveau auprès des habitants du Donbass. Nous ne le dirons jamais assez : sans vous, nous ne pourrions rien faire de tout cela. Merci infiniment pour votre générosité et, pour certains qui nous accompagnent depuis déjà de longues années, pour votre fidélité ! »

Nikola Mirkovic faisait également un point sur Tocsin, au sujet de la situation en Ukraine, au Donbass, et de la guerre, à écouter ci-dessous.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)

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10 réponses à “Guerre en Ukraine. De retour d’une mission humanitaire dans le Donbass, Nikola Mirkovic témoigne”

  1. FIFI dit :

    otan onu et tout le toutim mais vous êtes loin de la fin de la 2e guerre pour ne pas voir que ce sont des civils qui payent le prix de la folie des grands LA RUSSIE mais ELLE est présente et deplus a 2 continents à gérer je crois que le sieur POUTINE pourrait bien parler de guerre il serait TEMPS DE SIGNER LA FIN DES STUPIDITES d’avoir du coeur ne doit pas empêcher de se rappeler que ces des êtres humains qui meurent !!!
    PAS LU PAS ENTENDU MAIS CESSONS CES TUERIES !!!
    AMITIES

  2. Pschitt dit :

    On note que Mirkovic veille à ne pas prononcer le nom “Ukraine”. Heureusement, votre titre corrige : le Donbass, c’est l’Ukraine. Reste que Mirkovic réserve ses conserves et ses détergents certaines victimes de la guerre et pas à d’autres ! La zone qu’il a visitée, à cheval sur les oblasts de Donetsk et de Louhansk, était tenue par les milices pro-russes avant même l’offensive russe du 24 février 2022 (Mirkovic le signale à propos de Pervomais’k). Elle a été annexée par la Russie en septembre 2022. Or, alors que le front se situe bien plus à l’ouest depuis plus de deux ans, Mirkovik décrit une situation “au fond de la misère”. Autrement dit, la Russie peine à administrer les territoires qu’elle revendique.

  3. Patrick Yves GIRARD dit :

    Bravo à cet humanitaire qui brave les attaquent aveugles de l’artillerie occidentale pour apporter un peu de réconfort aux populations menacées par la proximité des combats.

  4. alienor dit :

    Poutine a proposé de négocier à plusieurs reprises ! et demandez donc à boris johnson pourquoi il a fait capoter la négociation de mars 2022 § ce sont les anglosaxons les responsables, regradez donc où et combien de bases de l’otan aux frontière russes ? que diriez vous si c’était le contraire ……et le donbasse bombardé depuis 2014 par les ukrainiens ? l’ancien président qui voulaient que les russophones vivent dans des caves et j’en passe …video dispo sur youtube
    https://www.dailymotion.com/video/x2r91hq

  5. Gaï de Ropraz dit :

    Je suis russe d’origine, de ce fait je ne prends pas partie.
    Mais il y aun fait etabli, et Alienor a raison : Poutine etait ouvert aux négociations qui n’ont jamais vraiment eues lieu.

    Toutefois et pour mémoire, je rappelerai que l’Ukraine a toujours été un etat, un pays, une colonie, un territoire, une cousine…… RUSSE.

  6. NEVEU dit :

    Ce sont encore les Yankees qui ont semé leur merde…9 stations d’écoute le long de la frontière pour surveiller la Russie…mais ils sont loin les porcs en surpoids, c’est en Ukraine que les braves gens souffrent et notre déchet national encore une fois se lance dans des rodomontades! Vladimir…Bute-le!

  7. patphil dit :

    pourquoi la russie est elle intervenue dans cette guerre? le plus grand pays du monde voudrait avoir avoir quelques arpents de terre supplémentaires? l’otan est loin de l’atlantique nord mais si impliqué!

  8. anonyme dit :

    Bon, on va y aller.

    Cette formule dite par Vladimir Poutine sur un ton normal presque innocent on l’a entendue à la télévision aux actualités militaires.
    Une fois, c’était à propos de l’état islamique en Syrie.
    Une autre fois, c’était à propos de l’Ukraine.
    Et ils sont venus …
    Souhaitons-nous de ne jamais entendre ces cinq mots dans la bouche de Vladimir Poutine à propos de l’Europe car cela signifierait pour ses peuples à qui on n’aurait rien demandé et qui aspirent juste à vivre en paix, la guerre et la mort et pour ceux qui ne seraient pas morts ou estropiés la ruine et la disparition d’un patrimoine reconstitué depuis la deuxième guerre mondiale.
    Les fondateurs de l’Europe l’ont vendue aux peuples avec un argument imparable, la préservation de la paix.
    Au moins en France pendant quatre-vingts ans des générations en ont bénéficié. Ce privilège serait-il devenu exorbitant ?
    En cas de guerre, les célébrités, les très riches, les puissants se précipiteront-ils vers les premiers avions en partance pour les Etats-Unis ou les pays du golfe pour attendre des jours meilleurs ?

  9. kaélig dit :

    Etant du signe de la Balance…J’opte pour une solution équilibrée:
    L’Ukraine à la Russie et l’UE convertie en République Islamiste…Enfin la Paix…La Paix des Cimeterres.

  10. Pschitt dit :

    Anonyme, je pense que Vladimir Poutine n’est pas assez idiot pour faire comme vous dites. Certes, il est allé en Syrie en 2015, et ça reste un bordel innommable où la Russie ne joue qu’un rôle marginal. Il est allé en Ukraine en 2014, puis plus fort en 2022, et il n’occupe toujours que 20 % du territoire d’un Etat en principe bien moins puissant que le sien, qui lui a infligé des pertes humaines et matérielles colossales. Et au lieu d’en tirer les conséquences logiques et de renoncer à cette guerre fratricide, il a préféré se mettre dans la pogne de la Chine, de l’Iran et de la Turquie pour obtenir les moyens de continuer à tuer d’autres Slaves. Il a beau être un stratège médiocre, il est sûrement conscient qu’il ne ferait pas le poids s’il prétendait conquérir l’Europe. D’ailleurs, pourquoi croyez-vous que les pays européens se montrent plus fermes vis-à-vis de la Russie aujourd’hui qu’en 2022 ? Parce que la Russie a exposé ses faiblesses militaires ! Poutine a commis une erreur tragique dont toute l’Europe, à commencer par son propre pays, subira les conséquences géostratégiques pendant des décennies.

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