Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 19 Mai c’est la Saint Erwan (Yves)
Saint Yves Hélory de Kermartin, Yves de Tréguier ou simplement « saint Yves » dans la tradition catholique, est né vers 1250 et mort en 1303. En breton, il est appelé sant Erwan dans le Trégor, Iwan, Youenn ou Eozen dans d’autres régions. Prêtre et official du diocèse de Tréguier, il a consacré sa vie à la justice et aux pauvres.
Nous n’avons aucune Vie de saint Yves écrite par ses contemporains, mais seulement la procédure faite en 1330 pour parvenir à sa canonisation. Après sa canonisation, plusieurs récits de sa vie ont été écrits en français, en latin, en breton, en italien.
Yves Hélory (ou Héloury) est né au milieu du XIIIe siècle dans une famille noble au manoir de Kermartin sur la paroisse de Minihy-Tréguier. Il suit des études de droit à l’université d’Orléans puis à Paris où il mène une vie de privation pour venir en aide aux pauvres.
Il revient ensuite travailler en Bretagne à Rennes dans un premier temps, où il devient conseiller juridique du diocèse. L’évêque de Tréguier remarque ses talents et en 1284 le nomme official, l’ordonne prêtre et lui confie successivement les paroisses de Trédrez et de Louannec, proches des terres de son enfance.
Il étonne ses paroissiens en célébrant la messe en breton, alors que ses prédécesseurs le faisaient en latin. Il prêche également la bonne parole en se déplaçant à travers la Bretagne comme prédicateur itinérant. Les gens l’apprécient pour sa façon de rendre la justice, il est réputé pour son sens de l’équité qui lui interdit de privilégier le riche sur le pauvre.
On lui prête également des miracles comme d’avoir sauvé des gens de la noyade. Après une vie d’ascèse et de partage, il ne mangeait que deux œufs par an le jour de Pâques et tenait table ouverte pour les pauvres en son manoir, Yves Hélory s’éteint le 19 mai 1303. Ses obsèques à la cathédrale de Tréguier sont l’objet d’un faste et d’une ferveur populaire extraordinaire ; pour tous, il devient le « mirouër[3] des ecclésiastiques, advocat et père des pauvres, vefves et orphelins ».
Vénération et iconographie
Moins de 50 ans après sa mort, en 1347, le pape Clément VI lui accorde la sainteté. Son culte, resté très vivace en Bretagne, s’est répandu dans toute l’Europe, jusqu’à Rome où une église lui est consacrée dans l’enceinte de l’Université de la Sapienza (Sant’Ivo dei Bretoni, Saint-Yves des Bretons), en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.
Il est le saint patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment celle des avocats. Chaque 19 mai, à Tréguier (Côtes d’Armor), une délégation de ces professions accompagne le pardon à saint Yves qui est une des grandes fêtes religieuses bretonnes, au même titre que le pardon de Sainte-Anne-d’Auray.
On le représente généralement avec une bourse dans une main, pour signifier tout l’argent qu’il a donné aux pauvres dans sa vie, et un parchemin dans l’autre, qui rappelle sa charge de juge ecclésiastique. Il est également souvent figuré entre un homme riche et un homme pauvre.
Crédit photo : wikipedia (cc)
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2 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 19 Mai c’est la Saint Erwan (Yves)”
Comment ne pas rappeler le célèbre tercet :
Sanctus Yvo erat Brito
Advocatus sed non latro
Res miranda populo !
Du-man e vezer lâret IFIG…