Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 16 Mai c’est la Saint Brendan
Saint Brendan de Clonfert ou Bréanainn de Clonfert (né vers 484 à Ciarraight Luachra ou Kerry-Luachra, province d’Altraich-Cuile du royaume de Munster (dans l’actuel comté de Kerry), mort en 577 ou 578 à Enachduin ou Annaghdown/Annadown), surnommé le Navigateur, est l’un de ces saints moines du christianisme irlandais dont la légende a occulté l’histoire.
Contemporain de saint Benoît, il a 11 ans quand saint Patrick, l’évangélisateur de l’Irlande, meurt.
Brendan (aussi orthographié Brandan, Brendaine, Bridoine…) se prépare à la vie monastique à l’abbaye de Llancarfan, dans le royaume de Gwent. Dans la tradition celte de l’immram il part pour une quête de sept ans à la recherche du jardin d’Eden. Il s’aventure sur l’océan Atlantique avec une petite embarcation (probablement un currach) et plusieurs moines, probablement vers l’an 530. Il revient en Irlande en affirmant avoir découvert une île qu’il assimile au Paradis ; le récit rapidement propagé de ses aventures attire de nombreux pèlerins à Aldfert, le village d’où il avait pris son départ.
Le récit de son voyage se rattache à une tradition irlandaise de voyages initiatiques contenant des passages obligés (les imrama, dont Imram Brain maic Febail est le plus connu), il a été interprété comme un récit symbolique se rapportant à la liturgie pascale (les voyages de saint Malo sont essentiellement identiques), mais de nombreux détails sont la preuve qu’il a été au moins écrit par quelqu’un ayant pratiqué la navigation en haute mer sur un petit bateau médiéval.
En 1976, l’Irlandais Tim Severin construit une barque en peaux de bêtes tendues et en atteignant Terre-Neuve par les îles Féroé et l’Islande, prouve que le voyage de Brendan a pu lui faire découvrir l’Amérique avant les Vikings et Christophe Colomb.
Selon la tradition, saint Brendan a écrit des règles monastiques sous la dictée des anges. Il voyage dans les îles Britanniques et en Bretagne pendant près de vingt-cinq ans. À l’estuaire de la Rance, il fonde un couvent à Aleth, puis retourne en Irlande où il meurt.
Bibliographie
- La Navigation de Saint Brendan (Terre de Brume, 1996), traduction française du ‘Navigatio Sancti Brendani Abbatis présentée et commentée par René-Yves Creston
- Louis Kervran, Brandan, le grand navigateur celte du VIe siècle, Robert Laffont, coll. « les grandes énigmes de l’univers », 1977, 290 pages.
- Tim Severin, Le Voyage du Brendan, Albin Michel, 1978.
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2 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 16 Mai c’est la Saint Brendan”
L’introduction (que je relis pour la Nième fois) est un peu, disons… , alambiquée) « Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages. » Vive les phrases courtes ! les phrases longues et complexes ne sont pas l’apanage des savants : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, les mots pour en parler vous viennent aisément… »
Brenda Wooton chanteuse galloise de couleur noire décédée voilà bien longtemps. En revanche je souscris pleinement aux propos de Tomaz…tout comme en France les Nobles ou prétendus tels voulaient tous avoir un ancêtre Franc…et des généalogistes leur fabriquaient une généalogie sur mesure! Bref à la demande! A noter qu’en consultant un texte concernant la paroisse de Leuhan (29)les nobles bretons non pas de particules…il est juste précisé qu’ils sont sire de…p.e. Yann sire de K/bellek. Ha mat pell’zo !