Il y a 70 ans, le 7 mai 1954, la France perdait la bataille de Diên Biên Phu. Deux bandes dessinées viennent de sortir pour glorifier le sacrifice des soldats français.
En novembre 1953, plusieurs bataillons de parachutistes français sautent sur Diên Biên Phu, une cuvette située à 250 km de Hanoï. Face aux troupes du Viêt-Minh d’Hô Chi Minh armées par la Chine communiste, l’armée française tente de résister. Les Français et leurs alliés vietnamiens aménagent cette cuvette en camp retranché. L’objectif est d’attirer l’ennemi et de l’anéantir. Cette stratégie avait bien fonctionné, quelques mois plus tôt, à Na San. Mais la menace des forces du Viêt Minh du général Giap autour de la cuvette se précise…
Après Le Chirurgien de Diên Biên Phu (Editions Delcourt), déjà chroniquée sur Breizh-Info, deux nouvelles bandes dessinées nous font découvrir le point de vue des soldats français impliqués dans cette célèbre bataille.
1- Diên Biên Phu 1954
Le 16 mars 1954, dans l’avion qui s’apprête à le parachuter au-dessus de Diên Biên Phu, Pierrick, un parachutiste breton, engagé volontaire, fait la connaissance d’un autre breton, reporter de guerre, prénommé Patrick. Celui-ci, arrivé il y a dix ans déjà, en même temps que le général Leclerc, lui dresse le tableau de l’occupation française de l’Indochine, depuis Napoléon III qui avait envoyé des troupes pour conquérir l’immense marché Chinois, puis le développement des mouvements indépendantistes dans les années 1930, la création en 1941 par Ho-Chi-Minh du Viêt-Minh d’obédience communiste, le retrait des Japonais en 1945, et enfin, la guerre d’indépendance depuis 1946. En mars 1954, assauts et bombardements intensifs se succèdent sur Diên Biên Phu…
Chez l’éditeur Plein Vent, la collection Les grandes batailles de l’Histoire de France ne comptait jusqu’à présent que des victoires (Austerlitz 1805, Verdun 1916, Bir Hakeim 1942). Mais même s’il s’agit d’une défaite, Diên Biên Phu mérite sa place dans ces grandes batailles de l’Histoire de France.
Le scénariste Jean-François Vivier avait déjà scénarisé des bandes dessinées sur Hélie de Saint Marc et sur les œuvres de Roger Frison-Roche (Premier de cordée, La grande crevasse, Retour à la montagne, La piste oubliée et La montagne aux écritures). Il commence habilement par retracer le contexte historique. Puis il décrit la célèbre bataille de Diên Biên Phu, entamée le 13 mars 1954, qui dura 56 jours, en expliquant l’importance de la perte des diverses bases françaises aux prénoms féminins (Béatrice, Eliane, Dominique…). Le scénariste nous immerge au sein des troupes, grâce à deux bretons fictifs, Patrick et Pierrick. Mais ceux-ci sont insuffisamment incarnés. Il met néanmoins en avant le courage des troupes françaises. Il ne manque pas de rappeler que plusieurs milliers de prisonniers périrent dans les camps d’internement vietminh. Sur plus de 12.000 soldats sont faits prisonniers, près de trois quarts ne reviendront pas… Cette défaite aboutit aux accords de Genève, en juillet 1954. L’Indochine est divisée en plusieurs pays : le Laos, le Cambodge et le Vietnam, lui-même séparé en deux états, l’un au sud et l’autre au nord, dominé par un régime communiste…
Francesco Rizzato, dessinateur italien, est né à Este (Vénétie du sud), le 25 janvier 1969. Après une bande dessinée pour les enfants (SUF hier, ce soir, demain matin) et d’autres à vocation historique aux éditions Plein Vent (La rose blanche, Bir hakeim 1942, Caroline Aigle), il poursuit dans la même veine. Son trait réaliste, même si certains visages manquent de finesse, restitue avec conviction cette célèbre bataille.
La colorisation de Davide Baldoni, insistant sur les tons vert et gris, convient bien aux scènes de bataille, même si l’on aurait souhaité davantage de luminosité.
Diên Biên Phu 1954, 46 pages, 15,90 euros, Editions Plein Vent.
2- Avec Geneviève de Galard et les héros de Diên Biên Phu
Le 28 mars 1954, dans la nuit, l’avion sanitaire de la Croix-Rouge, avec Geneviève de Galard à son bord, atterrit sur la piste de Diên Biên Phu. Cette jeune infirmière se retrouve piégée dans la « cuvette », sous le pilonnage incessant du Viet Minh. Elle se met alors à disposition du Médecin-Commandant Paul-Henri Grauwin pour soigner les blessés, nuit et jour. Pendant deux mois, dans une infirmerie enterrée, avec un courage sans faille, toujours avec douceur, patience et bienveillance, elle fait leurs pansements, leurs piqûres, les alimente et les aide pour leurs moindres gestes. Mais, le 7 mai, c’est la défaite et la captivité. Geneviève de Galard est libérée avec les blessés les plus graves, le 24 mai.
Le scénariste Patrick Deschamps, né en 1949 à Paris, suit des études d’Histoire et de Sciences politiques. Après avoir été professeur d’Histoire au lycée français d’Athènes, il rejoint Pathé Cinéma et participe à plus de 800 films, souvent historiques, pour la télévision. Puis il devient scénariste aux Éditions du Triomphe.
Pour dresser le scénario de cet album, il s’est inspiré des mémoires de Geneviève de Galard, écrites en 2004. Dans cette bande dessinée, il met en valeur une véritable héroïne. Née dans une famille de catholiques sociaux, après l’obtention de son diplôme d’infirmière, Geneviève de Galard est reçue au concours des convoyeuses de l’air en automne 1952. Elle se porte alors volontaire pour partir en Indochine en 1950 et s’occuper des blessés durant les transports aériens. Geneviève devient ainsi l’incarnation de la douceur au milieu de l’horreur de la guerre. Surnommée « l’ange de Dien Bien Phu », elle vient de fêter ses 99 ans.
L’importance du texte permet au scénariste de présenter les enjeux géopolitiques ainsi que de nombreux autres héros français de cette bataille, sans omettre de dénoncer le comportement des communistes. On découvre notamment que les blessés, lorsqu’ils arrivent à Marseille, sont accueillis par des jets de boulons par des militants de la CGT (p. 9), ou encore que les soldats d’Hô Chi Minh exécutent d’une balle dans la nuque les Vietnamiennes qui refusent de cracher sur le drapeau français !
Guillaume Berteloot, né en 1964, vit dans la région nantaise. Après avoir commencé sa carrière dans la BD érotique, il est devenu l’un des piliers des Editions du Triomphe. Il y réalise de nombreuses bandes dessinées historiques (La Gendarmerie, La chevauchée d’Arquus, Avec les cadets de Saumur, Avec de Lattre de Tassigny, Pie XII un Pape dans la tourmente, Avec Hélie de Saint Marc, Avec les Croisés, Opération Serval Victoire au Sahel). Il fait toujours de nombreuses recherches pour que son dessin respecte la réalité historique.
D’un style classique, son dessin réaliste est parfaitement adapté aux récits historiques.
Avec Geneviève de Galard et les héros de Diên Biên Phu. 46 pages, 16,90 euros. Editions du Triomphe, collection Le Vent de l’Histoire.
Kristol Séhec
Illustrations : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
3 réponses à “Diên Biên Phu en bande dessinée”
Diên Biên Phu : Une enorme erreur militaire française.
Pourquoi en rajouter ?…
pauvres petits gars qu’ils ont envoyé au casse pipe, juste pour… pourquoi d’ailleurs?
Bataille perdue d’avance , mais saluer la memoire de tous ses soldats morts loin de France me paraît necessaire et honorable. Bérets bas messieurs !